Entre production, transformation et distribution, les coopératives censées impulser le développement local peinent, faute de financements.
«Mobilisation des réseaux dans les territoires et développement des partenariats». Tel est le thème mis à l’honneur du 24 au 26 octobre 2023 à Yaoundé, à l’occasion des Journées nationales de l’économie sociale (JNES). Organisées par le ministère des Petites et moyennes entreprises, de l’Économie sociale et de l’Artisanat (Minpmeesa), elles ont pour objectif de contribuer à structurer des filières complètes et durables combinant les productions agricoles et l’élevage, la professionnalisation des acteurs, la transformation et la commercialisation, ainsi que la chaîne logistique et le renforcement des infrastructures, pour le développement durable et inclusif des territoires».
Tel que libellé, l’objectif majeur de ces journées hisse le développement des collectivités territoriales décentralisées au cœur de l’économie sociale. C’est ce que démontre Dr Yannick Nyele. «Par l’économie sociale, il s’agit de faire intervenir les populations locales dans le processus de développement. Il s’agit de créer des entreprises et de valoriser les unités de l’économie sociale. Si nous avons de la production, de la transformation et donc de la distribution, nous avons donc un développement qui s’installe», explique-t-il. Pour s’en convaincre, l’expert en développement local se livre volontiers à une démonstration. «Je prends un exemple au niveau agricole. Si le secteur agricole au plan local est développé, en termes d’économie sociale, c’est-à-dire la synergie d’action entre tous les acteurs, il y a que les acteurs concernés contribuent eux-mêmes au développement local. Si nous avons la capacité de créer une industrie qui est un cadre de transformation de ce qu’on aura produit, dans nos champs et que ce qui est produit est vendu, cela veut dire que nous avons participé au développement local», démontre l’enseignant.
Dispersion de financements
Il se pose cependant un problème, celui du financement des PME. Au moment où le nombre de coopératives ne cesse de croître, l’accès au financement quant à lui devient de plus en plus sélectif, à cause de la conjoncture, certes, mais aussi de plusieurs dérives souvent observées chez des PME qui reçoivent de l’argent mal utilisé. À ce sujet, Louis Prochore Noubissi ouvre une autre brèche. Le délégué départemental du Minpmeesa pour la Lékié déplore la dispersion des financements du fait d’un manque de cohésion entre plusieurs acteurs qui interviennent dans le même secteur, voire dans la même zone. Sauf que, lance un panéliste, «la décision de synchroniser les actions ne dépend que des politiques». Ce d’autant plus que «ces interventions se font dans le cadre des projets bien définis. Ajouter un acteur, quel qu’il soit, ne se fait pas sur un coup de tête», précise-t-il.
Pour ce qui est des financements institutionnels, le collaborateur du Minpmeesa Achille Bassilekin III pense qu’il «serait souhaitable que les acteurs agissent en synergie. Cela va éviter la dispersion des financements pour qu’ils soient capitalisés pour optimiser le développement des coopératives». Tandis que le Dr Yannick Nyele préconise de faire des partenariats. Partenariats qui, selon l’universitaire, peuvent être techniques, à défaut d’être financiers.
Joseph Julien Ondoua Owona