Ils ont constitué l’épine dorsale de la première édition de l’événement porté par les Communes et villes unies du Cameroun (CVUC) et achevé ce 5 décembre 2021 au Palais polyvalent des Sports de Yaoundé.
Clap de fin ce 5 décembre 2021 sur la première édition des Journées économiques internationales des communes (Jeicom21). Pendant trois jours, l’événement placé sous le haut patronage du président de la République, Paul Biya, a regroupé au Palais polyvalent des Sports de Yaoundé plus de 1000 participants venus de 17 pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique et d’Europe. L’ambition affichée par les Communes et villes unies du Cameroun (CVUC) était de «Promouvoir et développer les projets communaux». Le ministre de la Décentralisation et du Développement local (Minddevel), Georges Élanga Obam, invite à cet égard les élus locaux à «saisir toutes les occasions qui s’offrent afin de les transformer en opportunités de promotion économique et sociale des territoires». La construction des partenariats et la transformation des Collectivités territoriales décentralisées (CTD) camerounaises en vecteur de développement à la base ont constitué les principaux chevaux de bataille d’Augustin Tamba, le président des CVUC.
Partenariats
Les Jeicoms21 constituent en effet une plateforme unique de rencontre entre les élus locaux porteurs de projets communaux et les investisseurs nationaux et internationaux. 374 communes et communautés urbaines, et les 10 régions du Cameroun viennent de faire face à une centaine d’investisseurs venus des quatre coins du monde à Yaoundé. A travers «des échanges B to B et des échanges B to C».
Dans son rôle de chef d’orchestre, Augustin Tamba, président des CVUC et non moins maire de Yaoundé 7ème , ne manque pas d’interpeller à plusieurs reprises les exécutifs communaux sur la nécessité de se rapprocher desdits investisseurs, fonds d’investissements et autres entreprises. L’édile invitait en réalité ses pairs à présenter à leurs vis-à-vis «le potentiel économique de leurs territoires, ce que d’autres appellent les avantages comparatifs». Et de mentionner : «les Jeicom sont en effet un cadre de promotion et de valorisation des ressources et richesses».
Les investisseurs, quant à eux, apportent «la technologie, le financement et d’autres types d’ingénierie pour bâtir des partenariats win-win», insiste Augustin Tamba.
Plusieurs secteurs prioritaires regroupés dans le cadre des familles de projets étaient ciblés par les CVUC. Ils se rapportent pour l’essentiel à des domaines porteurs tels que «l’agriculture, l’agro-industrie, l’élevage, la pisciculture, l’écotourisme, l’ingénierie, la transformation du bois, du numérique et de la transition verte». À ce propos, les CVUC tiennent à exprimer leur gratitude «aux géants de l’Agriculture mondiale, aux géants de la transformation du bois, et aux géants de la promotion du tourisme présents sur le site».
Cela dit, ces différents secteurs ont fait l’objet de discussions et échanges aussi bien en plénière que dans les différents stands. Plusieurs investisseurs et partenaires de l’événement ont en effet investi le site. C’est le cas de l’AIMF, l’Association internationale des maires francophones. C’est aussi le cas de l’ambassade de France au Cameroun, de l’Agence française de développement (AFD) ou de la GIZ.
Production
Les Jeicom 2021, c’est aussi l’impératif d’inscrire les CTD camerounaises dans «l’implémentation du concept de ‘‘Commune de production’’». Les élus locaux avaient donc pour devoir d’«être offensifs et pragmatiques», selon les prescriptions du président des CVUC. Il était aussi question pour Augustin Tamba d’amener les communes à «entrer dans la zone de production. Il ne s’agirait donc plus d’exploiter les ressources naturelles pour les exporter brutes, mais pour les transformer localement en créant ainsi des emplois».
Du côté du Minddevel, Georges Élanga Obam appelle les exécutifs communaux «à se montrer inventifs». Il promet par ailleurs de se conformer aux prescriptions du chef de l’État demandant de «donner au CTD les moyens d’une plus grande autonomie». L’évolution observée au niveau de la dotation générale de la décentralisation est déjà là pour témoigner de cet engagement. En effet, «le volet investissement était plafonné jusqu’en 2018 à 5 milliards FCFA. Et avec la création du Minddevel, elle a été portée à 36 milliards FCFA. Bien plus, dès l’exercice budgétaire 2020, un abondement de 4 milliards FCFA destinés au Communautés urbaines permettra de porter cette dotation à 40 milliards FCFA», a alors relevé le représentant du chef de l’État.
Théodore Ayissi Ayissi
Opportunités économiques
Communes et investisseurs dans le bain institutionnel
Plusieurs départements ministériels ont fait valoir, pendant les Jeicom 2021, les mesures prises à leur niveau pour accompagner le processus de décentralisation en cours au Cameroun.
«Les collectivités territoriales décentralisées: territoires d’opportunités économiques». À travers ce thème, le ministère de la Décentralisation et du Développement local (Minddevel), le ministère des Finances (Minfi), le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader) et le ministère de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales (Minepia) doivent apporter des réponses pratiques à une série de questions. Celles-ci sont destinées à permettre aux communes et investisseurs présents sur le site des Jeicom21 de s’approprier l’ensemble du dispositif mis en place au niveau gouvernemental pour accompagner le processus de décentralisation dans notre pays. Elles sont synthétisées à cet effet par Anicet Akoa, le modérateur des échanges. Le maire de Ngoulemekong les résume précisément à «comment fait-on pour travailler avec votre administration? Quel rôle joue chaque ministère dans la chaîne de mise en œuvre de la décentralisation? Comment doit se mettre en place le partenariat public-privé-communes pour rassurer les investisseurs?».
Dans le plat
Dans son intervention, le représentant du Minddevel brandit le Code général de la décentralisation en le présentant comme «le livre de chevet». À l’en croire, ce corpus de textes «reconnaît un certain nombre de compétences aux communes notamment dans le domaine économique. Cependant, une question demeure. Celle de savoir si les CTD peuvent mener des actions économiques sur leurs territoires ou doivent-elles être des facilitatrices».
Au Minfi, on préfère mettre en avant «les lois d’avril et décembre 2013 sur les zones économiques et sur l’incitation à l’investissement privé au Cameroun. Cette dernière prévoit des avantages fiscalo-douaniers énormes pour les investisseurs nouveaux et aussi pour les entreprises en pleine expansion».
Ainsi pour un investisseur nouveau au Cameroun, «il a cinq ans, qui correspondent à sa période d’installation, pendant lesquels il peut importer le matériel et les équipements nécessaires sans payer les droits de douanes et sans payer les frais d’établissement. Et à partir de la sixième année jusqu’à la 15ème, soit dix ans, il a droit à un taux préférentiel», relève à titre illustratif le représentant de ce département. Tout en rappelant qu’«en ce moment, il y a un protocole d’accord en négociation entre les CVUC et la direction générale des Douanes pour le renforcement des capacités sur l’autonomie financière des CTD».
Quant aux deux autres ministères, on peut notamment retenir «que le Minader a déjà transféré quatre compétences et transfère chaque année depuis 2010 environ 8 milliards FCFA aux communes». Et qu’«au niveau du Minepia, les opportunités pour les communes dans la filière poisson se trouvent dans la politique de l’import-substitution».
TAA
Georges Élanga Obam, ministre de la Décentralisation du Développement local
«Les Jeicom 2021, une initiative inédite et fort opportune des CVUC»
Les Jeicom 2021 sont une initiative inédite et fort opportune des CVUC qui a obtenu le très haut patronage du président de la République. Je voudrai me réjouir de la présence remarquable des présidents des Conseils régionaux et des Assemblées régionales aux côtés des magistrats municipaux. Toutes choses qui augurent du dialogue fructueux en cours de déploiement dans le pays entre les deux échelons de décentralisation.
Augustin Tamba, président des Communes et villes unies du Cameroun
«Préparation à la gestion des guichets de financement»
Les Jeicom sont un espace d’opportunités à saisir, de partenariats à construire entre les communes et les autres acteurs de développement que sont les investisseurs, les fonds d’investissement, les entreprises, les experts et les institutionnels dans une dynamique de convergence d’intérêts. Elles se veulent une plateforme de préparation à la gestion des guichets de financement 2022-2028 du processus de programmation de l’Union européenne qui prévoit des moyens colossaux pour financer le développement des territoires avec l’accompagnement des idées et gouvernements locaux.
Christophe Guilhou, ambassadeur de France au Cameroun
«L’événement témoigne du dynamisme des CTD camerounaises»
Cet événement national et international témoigne du dynamisme des CTD camerounaises. Le président de la République, Paul Biya, a décidé d’accélérer la décentralisation au Cameroun comme en témoignent la création d’un ministère dédié, la continuité du Grand dialogue national et l’adoption de la loi portant Code général des CTD. Sous l’impulsion des ministères compétents, de profondes réformes sont d’ores et déjà mises en place. Je retiens notamment l’élection des maires de la ville dans les grandes agglomérations, la mise en place des dix régions et le statut spécial des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Pascal Affi N’Guessan, président du Conseil régional de Moronou en Côte d’Ivoire
«Vers la répartition des compétences sur la base du principe de subsidiarité»
La décentralisation est une expérience très ancienne en Côte d’Ivoire. Depuis 1914, nous cohabitons avec les communes, et il y a eu une évolution jusqu’à ce jour. Les Jeicom 21 offrent donc l’opportunité de dire que la décentralisation doit s’inscrire dans une logique de refondation de l’État. C’est-à-dire organiser la conduite des affaires publiques dans un nouveau contexte. Non pas celui du transfert des compétences, mais dans celui de la répartition de celles-ci sur la base du principe de subsidiarité.
Propos recueillis par TAA