JEC : dix ans de promotion de l’entrepreneuriat jeune

 

Erika Lindou

Pour les JEC, les acquis forts sont les individus qui sont sortis de la précarité ou ceux qui sont passés à la productivité au travers des JEC. Et, vu sous cet angle nous avons plusieurs individus qui ont bénéficié des financements sociaux des JEC qui sont des financements remboursables en 12 mois à 0% d’intérêt, ceci leur a permis de hisser leur entreprise à un palier supérieur sur le plan économique, aussi nous avons des centaines d’individus qui nous écrivent pour rendre témoignage de l’impact transformationnel que les JEC ont eu dans leur vie voilà en fait les acquis forts qui nous réjouissent le cœur

Le promoteur des Journées de l’Entreprenariat Ethique (JEC) au Cameroun jette un regard rétrospectif sur le chemin parcouru par les JEC. Il dévoile en outre les spécificités de l’édition 2018 qui s’ouvre ce vendredi au Palais des sports de Yaoundé.

 

Quel sens donner au dixième anniversaire des JEC?
10 ans d’existence pour nous veulent dire beaucoup de choses. Ça peut dire la maturité, parce qu’un évènement social qui fait 10 ans ce n’est pas donné. C’est également la consolidation des acquis. Même en interne, nous nous rendons compte que la machine est bien huilée. Davantage, on est beaucoup plus unis. On voit les choses de la même manière. 10 ans également, c’est la preuve que la bataille continue, parce que nous avons toujours prié et émis le souhait de voir les JEC migrer en institut ou organisme d’utilité publique. Par ailleurs, nous avons toujours voulu voir l’entrepreneuriat intégrer totalement le système éducatif. Et comme j’ai toujours l’habitude de le dire, les JEC n’ont pas la prétention d’être l’unique organisme qui milite pour cela. Mais, nous apportons notre contribution. Il y a d’autres initiatives qui vont dans le sens de la promotion de l’entrepreneuriat. De notre côté, on évolue en tir groupé et c’est intéressant pourvu que les objectifs soient atteints, ou que la mission soit accomplie dans la société. Dix ans d’existence, c’est un signe que la bataille continue. Puisque nous n’avons pas l’impression qu’il y aura un moment où cela sera fini. Parce que nous militons pour la promotion de l’entrepreneuriat, afin de pouvoir lutter contre le chômage et la pauvreté. C’est une bataille perpétuelle et continue.

En 10 ans d’existence, quels sont les acquis forts dont peuvent se prévaloir les JEC ?
Il faut déjà signifier que le bien-être de l’humain est au centre de toutes les actions des JEC. Parlant des acquis forts, pour nous ce n’est pas la masse ; pour nous ce ne sont pas les échos. Pour nous, les acquis forts, ce sont les individus qui peuvent témoigner de l’impact transformationnel des JEC dans leur vie. Je le dis parce que, communément, quand vous parlez de plateforme au Cameroun, les gens vous diront que telle plateforme est un succès parce que ça drainé 10.000 personnes, 100.000 personnes… Difficilement on s’interroge si ces 100.000 personnes venaient boire, manger ou danser. Parfois, on mesure le succès au chiffre d’affaires réalisé: 10 milliards, 100 milliards… Pour les JEC, les acquis forts sont les individus qui sont sortis de la précarité ou ceux qui sont passés à la productivité au travers des JEC. Et, vu sous cet angle nous avons plusieurs individus qui ont bénéficié des financements sociaux des JEC qui sont des financements remboursables en 12 mois à 0% d’intérêt, ceci leur a permis de hisser leur entreprise à un palier supérieur sur le plan économique, aussi nous avons des centaines d’individus qui nous écrivent pour rendre témoignage de l’impact transformationnel que les JEC ont eu dans leur vie voilà en fait les acquis forts qui nous réjouissent le cœur.

Quelques chiffres tout de même?
En gros pendant 10 ans, nous avons un peu plus de 5000 personnes qui ont participé à nos formations. C’est une moyenne de 600 participations pour chaque édition. Après cela, depuis quatre années déjà, nous avons mis l’Ecole de Création des Richesses (School Of Wealth Creation) sur pied, pour accompagner au quotidien ceux qui se démarquent ou se distinguent de la masse et on peut compter déjà 250 entrepreneurs formés du côté de Yaoundé et Douala. Ce sont les deux villes où nous avons des représentations. J’ai l’habitude de le dire : tout le monde peut entreprendre, mais tout le monde n’est pas entrepreneur. En effet, l’entrepreneur va se distinguer de cette masse et sera accompagné par l’école de création des richesses. Nous entendons étendre le réseau des Ecoles de Création des Richesses à travers le pays. Nous travaillons à le faire très prochainement à Édéa, parce qu’on a une forte demande déjà de ce côté-là. Dix ans d’existence des JEC, c’est aussi une dizaine de projets financés. Les projets financés par les JEC sont localisables clairement, à travers des entreprises qui ont pignon sur rue. Il faut préciser que les JEC ont cette particularité de donner des financements sociaux remboursable en douze mois, à un taux d’intérêt de 0 %. Si vous allez sur notre site Internet, vous allez voir des vidéos qui retracent le parcours de ces entrepreneurs.

Qu’est-ce que les JEC se proposent d’apporter aux préoccupations actuelles de la jeunesse et du monde de l’entrepreneuriat ?
Les JEC fondamentalement jouent un rôle de sensibilisation et d’interpellation. Par conséquent, les JEC se positionnent dans la sensibilisation et la prise de conscience des jeunes. Pour une mutation et un changement de paradigme en faveur de l’entreprenariat. Les JEC amènent les individus à comprendre que, dans aucun pays de la terre, le gouvernement est la solution aux problèmes économiques. Le rôle du gouvernement est de créer un cadre favorable. Il revient au secteur privé de prendre ses responsabilités. Les JEC prennent leurs responsabilités et inculquent cette notion à la jeunesse, les amènent à prendre conscience. Une prise de responsabilité et comprendre que si nous voulons développer nos pays, cela est de notre responsabilité et pour que cela se fasse, nous devons être des entrepreneurs pour que nous soyons des créateurs de richesses. Voilà le message que les JEC apportent à la jeunesse, afin que chaque jeune contribue au développement du tissu social et économique de nos nations et partant de notre continent.

Sous quel signe le 10e anniversaire des JEC est-il célébré ?
La 10e édition est totalement placée sous le signe du développement. La preuve, le thème fédérateur de cette édition c’est « l’Entrepreneuriat: Levier de Développement ». Cette édition vise à amener chaque participant à comprendre le rôle important qu’il devra jouer pour le développement de la société. Ce 10e anniversaire est placé sous le signe des entrepreneurs comme acteurs de développement social. Nous avons d’ailleurs mis en exergue le Made In Cameroun (MIC) pour implémenter notre nouvelle vision entrepreneuriale : CCC (Construire le Cameroun avec les Camerounais)

Quels seront les grands moments de cette célébration ?
On a quatre grandes articulations au menu des JEC 2018. Dans un premier temps, nous avons les ateliers qui sont les incubateurs où on transforme les paradigmes. C’est la connaissance acquise qui modifie les comportements et les habitudes. Deuxièmement, on a un espace de foire-exposition. Il permet aux jeunes entrepreneurs, aux entreprises et aux institutions étatiques de pouvoir montrer au grand public leurs différentes missions. Troisième articulation majeure, on a le Business plan compétition, qui généralement permet de remettre les différents chèques aux lauriers. On va également célébrer la sortie des étudiants de l’école de création des richesses. Voilà en gros les grandes articulations qui vont meubler le programme de cette dixième édition.

Quels sont les invités de marque cette édition ?
Nous les classons en plusieurs catégories. La première catégorie concerne les invités de marque au niveau institutionnel. Nous avons la confirmation du ministre des PME, le Pr Laurent Charles Etoudi Ngoa, parrain officiel des JEC. On aura en outre la présence du ministre des Postes et télécommunication. De fait, nous avons fait un clin d’œil à l’économie numérique. Tous les ministères concernés par l’économie numérique seront présents. Il y aura également le ministre des Mines, de l’industrie et du développement technologique, pour la promotion du Made In Cameroun. Le ministre de la Jeunesse sera également de la fête de l’entreprenariat jeune.

Pour le deuxième palier des invités, signalons des organisations étatiques ou para- publiques. Notamment le directeur général de l’APME et les Coordonnateurs Nationaux de l’Observatoire National de la Jeunesse et du PEA – Jeunes, qui ont confirmé leur présence, La CCIMA avec qui nous avons un contrat de collaboration depuis 2016. Parmi les invités de marque du secteur privé, nous avons le PDG Bougne Dieudonné du groupe BOCOM ; le PDG de RENAPROV. Hubert Ngabmen compte parmi les figures marquantes qui sont nos facilitateurs, Benjamin Kisso, Mme Audrey Chicot (Industrielle à la réputation établie), Daniel Claude Abate(Président du MECAM), Roland Kwemain, Thierry Nyamen, Armelle Mbafon, Arthur Zang, Georges Kamande…Autant de figures qu’on trouvera à cette édition des JEC.

Comment appréciez-vous la problématique de l’entrepreneuriat jeune au Cameroun aujourd’hui?
Je dois avouer qu’après 10 années d’existence, nous faisons toujours face à cette problématique. Constat : l’entrepreneuriat n’est pas toujours la chose du monde la mieux partagée du commun des Camerounais ou des jeunes. En effet, notre système éducatif prédispose les gens à un travail salarié. Force est de constater que nos jeunes ont pour référence les administrateurs civils et autres grands commis de l’Etat. Le fonctionnaire fait rêver les jeunes, car sorti de l’ENAM au terme de deux années de formation, il roule carrosse. Pourtant, c’est un indicateur d’une société corrompue. Pourtant, ceux qui doivent être des modèles économiques sont les entrepreneurs. Il y a donc quelque chose qui ne va pas. Les données de base sont biaisées.

Comment concilier morale, éthique, responsabilité sociale et business ?
En ce qui concerne la morale, il faut d’emblée amener les gens à avoir des valeurs, à développer ces valeurs en entrepreneuriat. En deuxième lieu, nous amenons les gens à comprendre leurs responsabilités. Lorsque vous avez un marché public à livrer, rassurez-vous de livrer un produit de qualité. C’est la moindre des choses. Rassurez-vous d’exécuter les contrats selon les règles de l’art. Si vous avez des collaborateurs à payer, rassurez-vous qu’ils ont un minimum décent leur permettant de pouvoir s’épanouir. Ça, c’est ce que nous donnons sur le plan éthique. Maintenant, sur le plan de la responsabilité, nous amenons davantage les entrepreneurs à comprendre qu’ils ont des responsabilités sociétales, à savoir : créer la richesse, mais pas uniquement pour le bien-être du seul promoteur, surtout aussi pour ceux qui travaillent à ses côtés. L’entrepreneur responsable doit mettre des mécanismes de création de richesses qui permettent au maximum de s’épanouir. L’entrepreneuriat sociétal vise à développer la société dans laquelle je me trouve.

Propos recueillis par
André Balla (stagiaire)

 

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