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Intégration par le sport : des footballeurs rwandais jouent leur insertion sociale

À Nkoabang (banlieue-Est de Yaoundé), ils font figure de phénomènes au sein d’une équipe amateur.

Des talents à l’oeuvre

Après la victoire de Soleil de Nkoabang (1-0) face à l’Association sportive d’Awae le 23 août dernier, Jean-François Ondigui Owona a déclaré: «Ingabiré a fait plus par ses dribbles et ses déhanchements que dix ou quinze ans de discours sur l’intégration en Afrique». Par ses choix terminologiques, le maire de Nkolafamba apprécie les performances d’un jeune migrant rwandais durant le championnat de vacances dans cette banlieue de Yaoundé. En circulant dans les différents espaces de supporters, l’ambiance se caractérise par une inflation de l’intérêt porté sur Placide Ingabiré. À 24 ans, le jeune avant-centre rwandais fait figure de phénomène, dont la notoriété provient de ses exploits lors des matches livrés par Soleil de Nkoabang. Quelques données recueillies auprès du staff technique de cette équipe amateur attestent d’ailleurs de la présence en son sein de quatre autres «cadres» d’origine étrangère. «Il y a Ingabiré qui est avant-centre; Muganga qui est milieu de terrain; Mutiganda et Nyabubare qui sont respectivement ailier droit et gardien de but», renseigne Corentin Mboudou, le coach principal. Bénéficiant tous d’un traitement élogieux, ces joueurs, en qui s’incarnent à la fois le simple plaisir de jouer au football «sans salaire» et le désir de s’insérer dans leur communauté d’accueil, ont fini par donner corps et visibilité à l’intégration des migrants par le sport. «Ce sont des gars qui ont pris conscience de leur potentiel, de leurs moyens. Ils ont réussi à imprimer un vrai style de jeu afin d’être à la hauteur de cette équipe. On essaye de leur faire prendre conscience qu’en faisant quelques petites choses en plus, on arriverait à passer facilement le cap de l’intégration dans le quartier», explique Corentin Mboudou. Pour lui, la mixité des origines des joueurs est «une richesse pour le football au niveau de Nkoabang».

À la tonalité du regard que les supporters de Soleil de Nkoabangportent sur eux, on peut dire qu’il ne suffit plus de naître et de grandir à Nkoabang pour se réclamer de Nkoabang. «Les discours que l’on tenait il y a vingt ans sur la présence étrangère dans notre équipe sont caducs, non seulement parce que la réalité sociale s’est modifiée, mais encore parce que les manières de l’appréhender se sont elles-mêmes transformées», valide Nadine Edoa, notable à la chefferie de Nkolo 1.

Rêves
Traversée par plusieurs hasards de la vie, la trajectoire des Rwandais de Soleil de Nkoabang englobe diverses aptitudes psychologiques et physiques. «Il faut savoir être costaud. Dans mon équipe, j’observe une adhésion des collègues sur la manière dont nous les étrangers évoluons, même dans les moments difficiles. J’observe qu’on était sur le bon chemin et qu’il fallait persévérer. Je n’ai pas changé de cap parce que j’étais convaincu que c’était le bon. Les résultats m’ont donné raison et j’espère que mon profil va intéresser les grands clubs ici au Cameroun», rêve Placide Ingabiré. À Joël Hubgalima de compléter: «quand on est étranger, on essaye d’être à la hauteur de cette équipe. Il y a toujours un temps d’adaptation, quand on change de pays, de football, de culture. Maintenant, en maitrisant mieux Nkoabang, les adversaires, en connaissant mieux mes amis joueurs aussi… J’ai pris la pleine mesure de tout ça. Je savais qu’en venant comme ça, sans parler un mot Ewondo, ça serait difficile. Mais c’est tellement excitant».

Ongoung Zong Bella

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