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Insécurité alimentaire au Cameroun : flux de deniers pour refaire le grenier

Disposant d’un levier d’endettement à portée de main, le pays s’autorise toutes sortes de projets pour résorber la crise alimentaire à laquelle il fait face.

60 milliards FCFA ! De l’argent que la Banque mondiale va injecter dans le cadre du Projet d’urgence contre la crise alimentaire (Pulcca). «L’enjeu est énorme, eu égard aux chiffres qui renseignent sur l’insécurité alimentaire dans notre pays», soupirait Gabriel Mbairobe face à la presse le 9 mars dernier à Yaoundé. Sans sombrer dans le catastrophisme, ce qu’insinuait le Minader indique bien qu’il est désormais indécent de parler d’autosuffisance alimentaire au Cameroun. Ainsi, le pays procède autrement pour sortir de la tension et préparer l’avenir.
Dans cette démarche, il peut compter sur des aides partenaires. Le 13 avril 2022 à Douala, le gouvernement américain (par la voix de son ambassadeur à Yaoundé) a annoncé qu’une aide de 17 milliards FCFA allait être octroyée «en réponse à l’insécurité alimentaire croissante qui affecte déjà des millions de personnes au Cameroun». Selon Christopher John Lamora, Yaoundé bénéficiera d’«une aide alimentaire en nature telle que du riz, des céréales, de l’huile végétale et des aliments spécialisés pour le traitement de la malnutrition aiguë, en plus des tickets gratuits et transferts monétaires pour acheter de la nourriture sur les marchés locaux, soutenant ainsi l’économie locale». Dans la foulée, le diplomate américain a vite fait de marteler que «c’est l’Agence américaine pour le développement international (USAID) qui va gérer cette enveloppe pour le compte du gouvernement».
Bien avant (le 7 avril 2022 précisément), Luc Magloire Mbarga Atangana sollicitait ouvertement l’assistance japonaise pour l’approvisionnement en blé et en riz, «à moyen terme», selon la formule du ministre du Commerce (Mincommerce). Pendant ce temps, Dr Taiga de son côté, annonçait que le Cameroun est à la recherche 360 nouveaux porcs géniteurs pour booster son capital génétique. À en croire le ministre de l’Élevage, des Pêches et des industries animales (Minepia), l’affaire s’inscrit dans le cadre du Projet de développement des chaines de valeurs de l’élevage et de la pisciculture (Pdcvep), financé par la Banque africaine de développement (Bad) à 5,5 millions FCFA.
Grâce au financement de la Banque mondiale, le Cameroun s’est doté de 164 vaches montbéliardes en provenance de la France afin de booster la production laitière dans le cadre du projet de développement de l’élevage (Prodel). Objectif: combler son déficit en production laitière évalué à 120 000 tonnes /an et par ricochet de réduire les coûts d’importations des produits dérivés tels que le lait en poudre, le lait pasteurisé, fromage, beurre…

Jean-René Meva’a Amougou

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