Plusieurs élus ont dénoncé un dispositif devenu un véritable goulot d’étranglement pour l’investissement, l’urbanisation et l’agriculture.

A l’Assemblée nationale et au Sénat, le débat est vif. Selon nos sources, il ne cesse de provoquer des échanges tendus entre parlementaires, révélant la profondeur d’un malaise foncier longtemps contenu. Au cœur des discussions, la lourdeur des procédures, la multiplication des conflits de terres et la lenteur dans la délivrance des titres. Dans de nombreuses localités, obtenir un titre foncier relève encore du parcours du combattant, parfois étalé sur des années, avec son cortège de tracasseries administratives.
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Mais c’est surtout la question de la sécurité foncière qui électrise les débats. De nombreux sénateurs et députés redoutent que la réforme, telle que proposée, ne profite qu’aux plus puissants, au détriment des populations rurales et des citadins modestes. Les uns et les autres pointent le risque d’une légalisation déguisée de spoliations anciennes, dans un contexte où les litiges fonciers représentent déjà l’une des premières causes de contentieux devant les tribunaux.
À côté, certains plaident pour une refonte urgente d’un système à bout de souffle. Pour les députés favorables au projet, la réforme vise à clarifier les procédures, réduire les délais et renforcer la fiabilité des registres. Ils y voient un levier essentiel pour sécuriser les investissements, stimuler le développement immobilier et soutenir la transformation agricole.
En toile de fond, c’est la question de la confiance entre l’État et les citoyens qui se pose. Pour de nombreux Camerounais, le titre foncier demeure un sésame inaccessible, alors même qu’il conditionne l’accès au crédit, à l’investissement et à la transmission sécurisée du patrimoine. La réforme était attendue comme une réponse à ces frustrations. Elle apparaît désormais comme un test grandeur nature de la capacité du Parlement à dépasser les clivages.
Avant la fin de la session, les travaux se poursuivent en commission, dans un climat toujours sous tension. Le débat foncier met à nu les fractures d’un État confronté à l’une de ses questions les plus explosives. Le vote final, attendu dans les prochains jours, dira si la classe politique parvient à transformer l’épreuve de force actuelle en sursaut républicain utile, décisif.
Bobo Ousmanou




