Réunis à Bangui du 24 au 28 novembre 2025, les États membres de la CEMAC ont ouvert un chantier stratégique longtemps relégué au second plan : la modernisation des systèmes d’état civil et des statistiques vitales. À travers cet atelier régional soutenu par la Banque mondiale et l’UNFPA, une évidence s’impose : sans identité légale fiable, aucune intégration sous-régionale ne peut réellement fonctionner.

Dans une Afrique centrale qui ambitionne de faciliter la libre circulation des personnes et des biens, l’existence d’un état civil performant apparaît désormais comme une condition non négociable. Sans acte de naissance sécurisé, sans documents d’identité fiables, le citoyen devient invisible pour l’administration, suspect aux frontières et marginalisé dans l’espace communautaire.
’enjeu dépasse la simple production de chiffres. Il touche au droit de se déplacer, de s’installer, de travailler et de commercer librement. Un état civil défaillant, c’est une intégration qui patine, des contrôles arbitraires, des tracasseries et une défiance persistante entre États.
À Bangui, experts et responsables sectoriels ont planché sur des feuilles de route concrètes pour fiabiliser l’enregistrement des naissances, des mariages et des décès, mais aussi pour rendre les systèmes interopérables entre pays. En plaçant l’état civil au cœur de l’agenda communautaire, la sous-région s’attaque à l’un des verrous silencieux de l’intégration. Donner une identité à chaque citoyen, c’est aussi ouvrir les routes de l’Afrique centrale et rendre enfin effectif le droit de circuler librement. Derrière les enjeux techniques se joue aussi une bataille de souveraineté et de confiance. Un système fiable protège les citoyens, sécurise les frontières et réduit les fraudes. À terme, il doit permettre à chaque ressortissant communautaire de voyager sans être traité comme un étranger chez lui dans l’espace commun uni.
Rémy Biniou




