Les Tours Jumelles de Brazzaville, du 27 au 31 octobre 2025.

On pourrait croire que l’hôtel s’est transformé en théâtre vivant, où chaque pas résonne comme un tambour solennel annonçant le destin des finances communautaires. Les chariots de dossiers avancent comme des chars de combat, et chaque stylo, brandi comme une épée, participe à la lutte épique contre l’incertitude budgétaire. Un consultant, les lunettes de travers, semble méditer sur le sort tragique d’une facture égarée, tandis qu’un jeune stagiaire, pris d’une panique burlesque, tente de récupérer un trombone rebelle qui s’est échappé d’un classeur. Le parfum du café, dense et presque agressif, accompagne ces gestes héroïques et grotesques. Les discussions oscillent entre rigueur et exagération : un chiffre mal interprété déclenche un murmure dramatique, tandis qu’une note trop optimiste fait éclater un rire nerveux. L’impression générale est celle d’un ballet improbable, où la gravité du budget se mêle aux bouffonneries de la vie quotidienne, et où chaque geste, chaque soupir, chaque claquement de porte contribue à écrire cette petite tragédie administrative.
28 octobre – Laboratoire technique
Les salles, transformées en arènes de l’ingéniosité, ressemblent à des laboratoires où la science économique côtoie la comédie involontaire. Les experts jonglent avec des tableurs comme des magiciens adroits, faisant apparaître et disparaître des chiffres sous le regard ébahi de leurs collègues. À la pause, un consultant se prend les pieds dans un câble et s’étale au sol avec une dignité comique, tandis que le silence studieux explose en rires étouffés. Les graphiques, affichés sur les écrans, semblent parfois se moquer de leurs créateurs, se contorsionnant dans des courbes imprévisibles qui défient la logique. Le café, glacé et amer, devient l’allié involontaire de conversations sur l’intégration régionale, tandis que les murmures conspirateurs prennent des airs de complots burlesques. Chaque note griffonnée, chaque tableau annoté, participe à cette étrange symphonie où gravité et absurdité se répondent, où la minutie des calculs se heurte aux aléas et aux petites farces du destin de la Cemac.

29 octobre – Pesée des décisions
Les débats s’intensifient, et chaque chiffre devient protagoniste d’une fable communautaire. Baltasar Engonga Edjo’o, président de la Commission, dirige le flux des interventions comme un chef d’orchestre face à une symphonie composée de chiffres et de suspicions. Dans un coin, un tableau Excel projeté sur l’écran se transforme en comédie muette, ses colonnes s’élevant et s’inclinant avec un humour involontaire, tandis qu’un participant, concentré à l’extrême, note frénétiquement des calculs comme s’il déchiffrait les arcanes d’un sort nouveau pour la Cemac. Les couloirs bruissent de murmures savants, mais parfois un objet banal – une tasse qui tremble, un stylo qui tombe – déclenche une petite révolution de rires étouffés. On pourrait croire que la rigueur absolue se joue sur une scène de théâtre burlesque, où chaque décision sérieuse est accompagnée de sa petite farce, et où la gravité et l’absurde se côtoient, révélant le paradoxe de toute entreprise humaine : vouloir changer le monde tout en trébuchant sur des trombones.
30 octobre – Engagements et rigueur
La salle, tendue et concentrée, devient un champ de bataille où chaque mot pèse comme une pierre et chaque sourire masque une stratégie. Les experts échangent astuces et scénarios, parfois avec des gestes théâtraux qui font sourire les observateurs. Les tableaux blancs se remplissent de flèches et de schémas, comme si des créatures imaginaires y avaient tracé leurs chemins secrets. Un secrétaire griffonne si vite que l’on croirait qu’il combat le temps lui-même, tandis qu’une tablette déchargée émet un bip irrégulier qui devient un tambour comique au milieu de la gravité ambiante. Même le ventilateur semble participer, balayant les feuilles avec une lenteur dramatique, et le café, fort et amer, inspire des confidences qui oscillent entre éclats de rire et réflexions solennelles. L’ensemble crée un théâtre miniature où la rigueur des décisions se dispute au ridicule des circonstances, démontrant que la bureaucratie peut être à la fois noble et absurde et hilarante.

31 octobre – Clôture et perspectives
Le moment de la clôture transforme la grande salle en un espace suspendu entre soulagement et gravité. Le président Ngatsé, solennel, prononce ses mots comme un funambule sur le fil de l’histoire, tandis qu’un assistant trébuche sur un câble et déclenche un rire collectif mêlé à l’embarras. Les graphiques et tableaux semblent respirer, animés par la tension humaine, et chaque regard échangé porte le poids de décisions lourdes et le charme du travail accompli. Les ministres applaudissent, certains avec gravité, d’autres avec un sourire dissimulé, conscients que ces journées ont été un mélange d’épopée et de stratégie. Les couloirs, à présent silencieux, portent encore l’écho des pas précipités et des murmures confus, et l’air semble chargé de promesses sérieuses et de clowneries légères, un testament solennel de l’engagement collectif.
Jean René Meva’a Amougou




