À Bangui, le 1er novembre 2025, le président Faustin-Archange Touadéra a posé la première pierre du futur siège de Trans African Railway Systems LTD, acte fondateur du projet ferroviaire Bangui–Kribi.

Devant les membres du gouvernement, des diplomates et des représentants d’institutions régionales, le chef de l’État a salué « une étape historique pour la République centrafricaine et pour toute l’Afrique centrale ».Ce geste hautement symbolique ouvre la voie à un chantier d’envergure qui ambitionne de relier la capitale centrafricaine au port en eau profonde de Kribi, au Cameroun.Depuis son indépendance, la Centrafrique vit sous le poids de son enclavement. Les routes sinueuses et fragiles qui la relient à la côte camerounaise freinent les échanges et renchérissent les coûts de transport.
L’accès à l’océan demeure un rêve vital pour l’économie nationale. « Le port de Kribi est notre ouverture vers le monde. Ce chemin de fer, c’est plus qu’une ligne de transport : c’est une promesse d’émancipation économique », a déclaré le président Touadéra.Sur la façade atlantique, Kribi n’est pas un port comme les autres. Construit pour accueillir les plus grands navires du continent, il s’impose comme le hub logistique de la sous-région CEMAC. Ses terminaux à conteneurs ultramodernes, sa profondeur naturelle et sa position stratégique en font la porte d’entrée idéale pour les pays enclavés comme la RCA. Avec la future ligne ferroviaire, les produits centrafricains — minerais, bois, coton, bétail et cultures vivrières — rejoindront plus rapidement les marchés internationaux via Kribi.
À l’inverse, les importations essentielles, du carburant aux matériaux de construction, gagneront Bangui en un temps record et à moindre coût.Selon un économiste de la Commission de la CEMAC, « Kribi deviendra le prolongement naturel de l’économie centrafricaine ». Il ajoute : « Ce projet traduit concrètement la vision d’intégration régionale que la CEMAC défend depuis plus d’une décennie. » Un corridor d’intégration régionale Au-delà de la coopération bilatérale, le projet Bangui–Kribi s’inscrit dans une perspective plus large : celle d’une Afrique centrale connectée.
La création du siège de Trans African Railway Systems LTD à Bangui n’est pas anodine : elle vise à doter la sous-région d’une plateforme de coordination technique et institutionnelle dédiée aux infrastructures de transport.Les gouvernements centrafricain et camerounais travaillent à harmoniser leurs cadres juridiques, douaniers et sécuritaires pour fluidifier la circulation des biens et des personnes. Ce corridor, qui pourrait à terme s’étendre vers le Tchad et le Congo, incarne la volonté de bâtir un réseau transafricain au service du commerce et de la souveraineté économique régionale.
Le projet bénéficie déjà du soutien de plusieurs institutions financières régionales, qui y voient un vecteur de stabilité et de croissance partagé.Le futur siège, implanté dans une zone à vocation écotouristique, illustre la volonté de conjuguer progrès et responsabilité environnementale. Les autorités centrafricaines entendent en faire un modèle de développement durable, intégrant énergie solaire, gestion écologique des ressources et valorisation des matériaux locaux.
Le chantier devrait générer des centaines d’emplois qualifiés et contribuer à la formation d’une nouvelle génération d’ingénieurs et de techniciens centrafricains. L’ambition est claire : faire de la voie ferrée non seulement un levier de croissance, mais aussi un symbole d’unité et de renaissance nationale. Lors de la cérémonie, le président Touadéra a résumé l’esprit du projet en une formule devenue virale : « En reliant Bangui au port de Kribi, nous relions notre avenir à celui de la sous-région.
C’est un choix de souveraineté, d’ouverture et de développement ». Entre terre et mer, un destin commun La pose de cette première pierre dépasse le simple geste inaugural : elle scelle une alliance stratégique entre Bangui et Kribi, entre l’hinterland et la mer, entre l’isolement et l’ouverture. Pour la Centrafrique, c’est la promesse d’une ère nouvelle ; pour la CEMAC, le signe que l’intégration régionale prend enfin corps sur le terrain. La voie de fer qui s’esquisse ne reliera pas seulement deux villes, mais deux visions : celle d’une Afrique centrale connectée, forte et tournée vers l’avenir.
Ongoung Zong Bella




