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Proclamation des résultats: le Conseil Constitutionnel plonge Bonas dans la tristesse

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Le 27 octobre, il est midi, le Conseil Constitutionnel vient de proclamer les résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre. Paul Biya sort vainqueur de cette course pour la magistrature suprême. Subitement, un calme de façade et une colère diffuse gagnent Bonas, la bourgade estudiantine de l’université de Ngoa-Ekélé.

Un calme trop lourd pour être honnête

Sous le vernis du calme, un sentiment de résignation traverse Bonas : « Sept ans encore… », soupire Franky, ancien étudiant en Psychologie reconverti vendeur de beignets au Carrefour Condom. « Sept ans à supporter, à subir les injustices quotidiennes, à voir nos petits frères sans avenir. Ils se réjouissent de leur victoire, mais c’est une victoire contre nous ».

Partout, la même plainte revient, à mi-chemin entre la lassitude et la rage. Ce scrutin, censé ouvrir un nouveau cycle politique, a laissé derrière lui une impression d’étouffement. La “victoire” du pouvoir ne s’est pas traduite par la paix sociale : elle a creusé le fossé entre ceux qui gouvernent et ceux qui subissent.

Continuité dans le désespoir

« Nous croyions voir le bout du tunnel au terme de cette élection. Mais hélas ! », s’indigne Ornella, tenancière d’un salon de coiffure. « Après mon diplôme de Master en Biologie animale, c’est la rue qui m’a accueilli. Ce sont les mêmes qui contrôlent les circuits de l’insertion professionnelle dans ce pays. Tu n’as personne, tu n’es rien. Voilà où j’en suis. Je fais partie de ceux qu’on qualifie de génération sacrifiée. Je me bats pour joindre les deux bouts. J’ai bien cru que ce serait la fin du calvaire pour nos petites sœurs. Mais hélas, nos bourreaux sont encore là ».

Au carrefour du CRADAT, Eugène, tenancier d’un call-box, chef d’une famille de trois enfants avec qui il partage une chambre, ne cache plus sa désillusion. « Nous croyions que cette fois ce serait la dernière élection volée. Mais hélas… C’est reparti pour sept ans. Et personne n’écoute notre fatigue ». Et pourtant ce désespoir s’exprime dans les gestes du quotidien : la méfiance envers les médias officiels, la peur des uniformes, la lassitude d’une jeunesse sans horizon.

Dans cet écosystème où bestioles, rats et populations cohabitent, une paix de surface s’est imposée, mais elle ressemble davantage à une trêve forcée qu’à une stabilité durable.

Un pays suspendu entre deux avenirs

La scène politique camerounaise entre dans une zone d’incertitude totale. Soit le pouvoir comprend que son salut passe par une descente du trône, un geste fort pour redonner confiance et dignité à ses citoyens ; soit il s’enferme dans la verticalité autoritaire qui a fait son temps. Les prochains mois diront si le Cameroun choisit la lucidité ou la fuite en avant. Mais une chose est sûre : le calme actuel n’est pas la paix. C’est le silence avant la tempête.

Tom.

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