Home LIBRE-PROPOS Coup de gueule: tout se paie sur terre

Coup de gueule: tout se paie sur terre

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Hier, vers 14h, je venais de libérer ma chambre dans l’hôtel Berkeley situé 2, rue d’Odessa dans le 14e arrondissement de Paris. Alors que j’attendais un jeune compatriote qui devait me conduire à Champigny-sur-Marne, Bry-sur-Marne et Bagnolet, je vois Sarkozy. Décidément ! Il n’était plus avec Guéant et Hortefeux. Il sortait d’une épicerie.


Moi: me reconnaissez-vous?
Lui: bien sûr que oui. On s’est vus à Roissy, jeudi dernier. C’est vous qui m’avez traité de dohiman (petit menteur) quand je vous ai dit que ma lettre à Ouattara était confidentielle.
Moi: c’est exact. Donc, c’est demain que vous serez enfermé, n’est-ce pas?
Lui: tout à fait. Voilà pourquoi je profite à fond de mes derniers moments d’homme libre.

Moi: il est vrai que je n’ai jamais aimé vos méthodes et votre grossière ingérence dans le conflit ivoirien en 2011 mais je ne peux pas me réjouir de voir un homme privé de la liberté de se déplacer, même si la peine qui vous a été infligée ne me semble pas imméritée.

Lui: ah bon? Donc votre yako de la dernière fois n’était pas sincère. D’ailleurs, sachez que je vous suis sur Facebook. Je lis aussi Alexis Gnagno, Mamadou Traoré et un certain Excellence Zadi. Je ne sais pas pourquoi il se fait appeler Excellence. Vous, plusieurs fois, vous m’avez traité de voyou et d’inculte.

Moi: entre nous, n’êtes-vous pas vraiment un gros inculte? Votre fameux discours de Dakar en 2007 quand vous disiez que l’homme noir n’est pas assez entré dans l’Histoire est celui d’un inculte. C’est un ramassis d’inepties, monsieur Sarkozy. Je suis désolé de vous le dire.
Lui: tout le monde m’a insulté à cause de ce discours écrit par Henri Guaino. La réplique la plus virulente est venue des intellectuels africains dans un ouvrage collectif intitulé « L’Afrique répond à Sarkozy « . Non, je n’aurais pas dû dire ce que j’ai dit à l’université Cheikh Anta Diop.

Moi: peut-être les juges auraient-ils été moins sévères si vous aviez versé une partie de l’argent du guide Kadhafi dans les caisses de l’Etat Français.

Lui: je ne pouvais pas le faire parce que c’est une tradition française: l’argent racketté par Chirac, Mitterrand et les autres aux chefs d’état africains n’a jamais profité au peuple français. Qui est fou? La différence entre Chirac et moi, c’est que Kadhafi ne mettait pas son argent dans les djembés.

Moi: justement c’est Robert Bourgi qui l’a révélé. Il a dit aussi que l’élection présidentielle de 2010 a été gagnée par l’homme que vous vouliez vitrifier. J’ai attendu en vain que vous démentiez l’information.

Lui: effectivement je n’ai pas réagi mais vous devez connaître le proverbe selon lequel « qui ne dit mot consent ». Le Conseil constitutionnel ivoirien est un décalque du Conseil constitutionnel français dont les décisions sont irrévocables. Quand je demandai à Youssouf Bakayoko de proclamer les résultats provisoires, j’étais dans le faux, j’agissais contre le droit. Ouattara n’avait pas gagné.

Moi: il n’est pas trop tard pour le dire urbi et orbi. Vous avez eu le courage de reconnaître que l’Europe est un continent barbare et inhumain. Armez- vous de ce courage pour déclarer que votre pays s’est trompé sur Laurent Gbagbo et qu’il n’a pas été juste avec lui, que vous avez fait du mal à la Côte d’Ivoire. Je vous encourage à faire cette démarche avant votre départ de ce monde car nul ne connaît l’heure de ce voyage sans retour. Si vous le voulez, je pourrais demander à Makosso de vous confesser et de vous donner l’absolution en prison.

Lui: tout le monde sauf ce vendeur d’huile dinor. Je ne sais pas s’il y a plus grand escroc que ce Makosso.
Moi: mon compatriote est arrivé. Je dois vous quitter. Je vous souhaite de mettre à profit votre séjour carcéral pour devenir un homme nouveau. Bon courage à vous!

Lui: merci beaucoup. J’en ai besoin en ce moment. La vie est bizarre: aujourd’hui Laurent Gbagbo est libre et moi, Sarkozy, je m’apprête à entrer en prison. Qui l’eût cru? Je constate simplement que tout se paie ici-bas. Tout se paie sur terre.

Jean-Claude Djéréké

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