Hans-Peter Schadek : «Ce financement vient en complémentarité du programme FMI au Cameroun»

Interview

Le nouvel ambassadeur-chef de délégation de l’Union européenne en République du Cameroun a effectué sa première sortie publique au cours de la cérémonie de signature du Contrat de réformes structurelles. A l’occasion, L’Allemand de 61 ans a accordé une interview à une poignée de médias dont Intégration, pour expliquer les contours de l’appui de la communauté qu’il représente au Cameroun. 

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Ce nouvel appui est destiné au développement du secteur rural au Cameroun. Quelles sont les raisons qui motivent le choix de l’UE en faveur de ce secteur?

Toute amélioration des conditions de production agricole impactera le taux de croissance du Cameroun et les revenus de la majorité des citoyens camerounais. Le secteur agricole est une porte d’entrée essentielle pour le développement du Cameroun. Premièrement, le Cameroun dispose d’un potentiel agricole important qui constitue un atout majeur pour son développement, mais qui est actuellement sous-exploité. En effet, ce secteur contribue à plus de 20% du PIB et à 40% des exportations du Cameroun (hors secteur pétrolier) et son potentiel de croissance a été estimé à 7% par an. Deuxièmement, le secteur agricole est actuellement dominé par une agriculture de subsistance qui emploie environ 60% de la population active, essentiellement au sein d’exploitations familiales.

On parle d’augmentation de la productivité des exploitations familiales agricoles. Ça veut dire quoi concrètement?

Il s’agit de s’attaquer de façon résolue aux défis communs à toutes les filières à savoir le manque d’accès aux facteurs de production et l’enclavement des zones de production.

Ce financement est-il lié au programme du Cameroun avec le FMI ?

Ce financement vient en complémentarité du programme FMI au Cameroun. L’UE attache une importance particulière à la stabilité macroéconomique car elle conditionne la bonne mise en œuvre des politiques sectorielles. L’UE suit donc de très près les revues du programme du FMI et conditionne la stabilité macroéconomique à la libération des tranches d’appui budgétaire.

Pourquoi l’Union européenne abandonne-t-elle l’approche projet?

L’UE n’abandonne pas l’approche projet. Nous disposons d’un certain nombre d’instruments financiers que nous choisissons en fonction du contexte et des besoins. Au Cameroun, notre portefeuille comprend tant des projets de développement, du blending pour soutenir les projets d’investissement que de l’appui budgétaire. Compte-tenu de l’urgence de mener des réformes structurelles, l’appui budgétaire est particulièrement bien adapté pour appuyer le Gouvernement dans la mise en œuvre de ses réformes.

Quelle est la différence entre un appui budgétaire et l’approche projet ?

Avec l’appui budgétaire, l’UE ne finance plus d’activités spécifiques individualisées. Il n’y a donc plus de ciblage, de suivi et de contrôle des fonds décaissés. Il s’agit essentiellement d’une contribution à la mise en œuvre de politique publique de développement dans le respect et l’utilisation des procédures nationales et non celles des bailleurs de fonds. Un accent important de notre appui budgétaire est mis sur les reformes de gouvernance et de politique publique.

Quelle est la différence entre l’appui budgétaire de l’UE et celui des autres PTF comme par exemple le FMI ou la France?

L’appui budgétaire de l’UE consiste en des dons et non en des prêts. Nous nous engageons dans une dynamique pluriannuelle de réformes et de progrès avec des conditions visant la pertinence et la crédibilité des réformes et  des indicateurs de performance focalisés sur les résultats.

Comment allez-vous mesurer le changement ?

Tout d’abord, notre financement est totalement aligné sur les stratégies de réformes sectorielles qui incorporent les indicateurs de résultat que le gouvernement s’est engagé à atteindre. C’est sur la base des rapports de mise en œuvre des ministères, que l’UE pourra apprécier les progrès, satisfaisants ou non, réalisés. Par ailleurs, la convention de financement comprend des cibles de performance très précises, dont les sources de vérification, que les ministères doivent atteindre pour disposer des tranches variables. Ces cibles proviennent également de la stratégie de réforme des ministères sectoriels.

Propos recueillis par Rémy Biniou

Bio-express

Données personnelles

Date de naissance : 05/12/1956

Lieu de naissance : Kiel, Allemagne

Nationalité : Allemande

Situation familiale : Marié, 4 enfants

Langues : Français, Anglais, Allemand

Etudes universitaires

1983 : Degré d’ingénieur agronome, option économie rurale, Université Christian-Albrechts, Kiel, Allemagne

1992 : Doctorat en économie rurale, Université Technique de Berlin, Allemagne

Parcours professionnel

·        De 1983 à 1993, affectations au Togo et au Burundi en tant que conseiller dans des programmes de développement rural pour le compte de la coopération allemande (GTZ) et d’un bureau d’études privé.

·        Fonctionnaire de la Commission européenne depuis Août 1993.

·        Transfert au Service Européen de l’Action Extérieure (SEAE) le 01/01/2011.

·        Postes de Conseiller dans les Délégations de l’UE au Mali (1993-1998) et au Cameroun (1998-2002). Responsable géographique à la Commission européenne, Direction Générale du Développement, en charge du Ghana et de Sierra Leone (2002-2004).

·        De 2004 à 2007, Chef des Opérations et Chef de Délégation a.i. à la Délégation de l’UE au Sénégal. Ambassadeur/Chef de Délégation de l’Union européenne au Niger de Janvier 2008 à Septembre 2013.

·        Chargé de Mission pour le Sommet EU-Afrique d’Avril 2014. Depuis Septembre 2014, Chef de Division Afrique 3 (Afrique Occidentale) au sein du Service Européen d’Action Extérieure (SEAE); exercice des fonctions de Directeur exécutif adjoint pour l’Afrique (MD Africa) de Janvier 2016 à Mai 2016.

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