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Grève des enseignants : Les politiques s’invitent au mouvement

Deux cercles d’analyses se donnent des coups à cause des revendications des jeunes professeurs.

 

La grève dite du «Nouveau collectif des enseignants indignés» a fini par ébranler la sensibilité des hommes politiques. Au lendemain de l’interpellation le 27 février 2018 et de l’audition d’une cinquantaine d’enseignants par les services spécialisés, Me Akere Muna, avocat au barreau du Cameroun a annoncé son soutien aux enseignants et promis de réunir tous les moyens devant concourir à leur remise en liberté. Sous la bannière du mouvement Now qui encadre sa candidature à la prochaine présidentielle au Cameroun, cet homme politique a publié un communiqué. Le document fournit quelques détails sur le sort d’enseignants arrêtés le 27 février et détenus dans les locaux du Groupement spécial d’opération (Gso) à Yaoundé.

 

«Récup»

«S’il est bien dans son rôle, on ne peut s’empêcher de soupçonner Me Akere Muna de récupération politique de cette affaire qui suscite beaucoup d’émoi au sein de l’opinion publique», estime Protais Nkoudou. Ce militant du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) dans le Mfoundi s’indigne d’ailleurs du fait que des activistes politiques se sont empressés d’établir le lien entre le sort des jeunes enseignants et le mépris des autorités publiques en charge des dossiers d’intégration et d’avancements. «Tout cela est suffisamment intéressant pour permettre au gens avides de gloire vers le sommet. Pour cela ils sont assez habiles pour se projeter eux-mêmes en première ligne en affichant souvent avec un certain bluff leur fantasme», analyse Protais Nkoudou.

 

Aucune visée

En face, voilà qui est fait : les opposants au régime de Yaoundé sont sortis du bois pour «décrypter la grossière tentation à tout politiser au Cameroun». Joe Ndom, un militant du Social democratic front (SDF), la solidarité se confond juste avec activisme tous azimuts. Et relativement au mal-être des jeunes sortis des écoles normales supérieures du pays, l’intérêt des hommes politiques est soutenu par un objectif : constituer peu à peu une contre-société. «On ne peut pas espérer prendre le pouvoir si on n’est pas capable de démonter l’idéologie dominante et de proposer un projet alternatif», détaille Eric Djomo. Récusant le terme «récupération», qu’il juge pas assez constructif, le conseiller aux affaires sociales De l’Union démocratique du Cameroun(UDC) confirme néanmoins vouloir «proposer une société alternative» en bousculant les habitudes politiques inculquées par ce qu’on nomme le «système». Et ce, à grande échelle: «On veut toucher des centaines de milliers de gens, faire de notre action un phénomène de masse».

Dans cet esprit, la création d’une galaxie de partis politiques solidaires aux revendications du Nouveau collectif des enseignants indignés du Cameroun est dans le pipe. Le Pr Célestin Noudjom qui le coordonne explique cette démarche par la conviction ancrée chez les politiciens (ceux de l’opposition) que «le régime qui tient cette affaire de salaires des enseignants peut céder à n’importe quel moment».

 

Jean-René Meva’a Amougou

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