Gisement de fer de Lobé: le gouvernement sort de la mine

Il prépare une sortie explicative des ressorts du contrat minier signé entre le Chinois Sinosteel et lui en début mai dernier.

Sauf changement de dernière minute, René Emmanuel Sadi va porter la parole du Gouvernement cette semaine. À en croire des sources bien introduites, le ministre de la Communication (Mincom) va donner la version de l’État camerounais au sujet du gisement de fer de Lobé. Dans le format qu’il devra choisir (communiqué de presse ou conférence de presse), le Mincom est déjà, apprend-on, en possession de tous les éléments de langage lui permettant de s’exprimer sur cette actualité traversée par la controverse. Selon nos informations, René Emmanuel Sadi évoquera notamment des questions liées aux revenus fiscaux réels, au régime d’imposition, à la grille de répartitions des dividendes, au partage de production, à la transformation locale du minerai de fer enrichi et d’autres pans du contrat conclu entre le Chinois Sinosteel et l’État du Cameroun.

Avant-goût
Faudrait-il déjà lire entre les lignes de cette sortie (très attendue) de René Emmanuel Sadi un reproche aux détracteurs de la stratégie gouvernementale ? Nos sources répondent par l’affirmative. Et dans cette réponse, l’on voit le Gouvernement utiliser son porte-parole pour positionner son discours de manière stratégique au sein de l’opinion publique nationale et internationale. En effet, tout en s’annonçant beaucoup plus globale, la prise de parole du Mincom autour de ce que certains médias désignent comme un «scandale» devra compléter celle du ministère des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (MINMIDT), il y a quelques jours. Dans une démarche de neutralisation de la diversité et l’hétérogénéité des controverses, cette administration publique s’était employée à la livraison quelques détails de la convention minière signée le 6 mai 2022 entre l’État du Cameroun et la société chinoise Sinosteel (représentée par sa filiale locale Sinosteel Cam). Répondant aux questions de BBC Afrique le 23 mai dernier, Gabriel Dodo Ndoke, le MINMIDT, avait assuré que «le Cameroun est membre de l’Initiative pour la transparence dans l’industrie extractive et à ce titre, nos contrats miniers et toutes les informations sont transparentes et elles sont disponibles pour qui veut savoir ce qu’il y est contenu». Bien plus, avait ajouté le membre du Gouvernement, «c’est pour un grand espoir, le Cameroun n’a pas encore une première mine industrielle, et la convention avec l’entreprise chinoise s’inscrit dans l’ordre de cette progression».

Sur une autre antenne (celle de la CRTV-radio notamment) le 18 mai 2022, le MINMIDT postulait que Sinosteel prévoit de créer 600 emplois directs et plus d’un millier d’emplois indirects. «Comparé à d’autres chantiers miniers à travers le monde, c’est un chiffre qui est plutôt modeste, mais c’est déjà cela. Ça contribue à régler le problème de chômage que connaît notre jeunesse. Au-delà, il ya des investissements directs qui vont être faits dans la localité. Il y a des PME camerounaise qui vont travailler en sous traitance avec l’entreprise et pas mal d’activités satellites vont se mêler autour projet», ajoutait Gabriel Dodo Ndoke.

Sur la base de ces matériaux et bien d’autres certainement, René Emmanuel Sadi devra apporter des réponses sur la gouvernance financière du projet assis sur une réserve de 632 millions de tonnes de fer, et plus particulièrement sur les 22,9 milliards FCFA de bénéfices annuels annoncés par les pouvoirs publics. L’exercice est d’autant plus urgent que plusieurs ONG et institutions locales et internationales (le Conseil d’administration du Comité ITIE par exemple) suivent de près le dossier.

Jean René Meva’a Amougou

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