Gestion du Terminal à conteneurs au Port de Douala : RTC aux commandes

La régie créée par le conseil d’administration du port autonome de Douala entame ses activités dès le 1er janvier 2020.

Une vue du terminal à conteneurs du port de Douala

Conformément à la résolution no 0685/ 19/ CA/ PAD du 6 décembre, une régie déléguée de gestion d’exploitation et de maintenance du Terminal à conteneurs du Port de Douala-Bonaberi a été mise sur pied. Elle s’appelle Régie du Terminal à Conteneurs (RTC). À partir du 1er janvier 2020, ce service délégué du Port autonome de Douala (PAD) va gérer le Terminal à conteneurs. C’est ce qu’a décidé le Conseil d’administration tenu vendredi dernier au siège de l’office à Douala. La régie jouit d’une autonomie administrative et financière, et reçoit délégation sur toutes les matières relatives aux opérations de gestion, d’exploitation et de maintenance du Terminal à conteneurs. Elle est créée pour une durée d’un an et peut être écourtée ou prorogée en cas de besoin par le Conseil d’administration du PAD. La RTC est administrée par deux organes: Le Conseil de supervision et la Direction. Ce sera ainsi la seconde régie déléguée, créée en un an après celle dédiée au dragage.

Suite à l’arrêt du 3 novembre 2019 de la Chambre administrative de la Cour suprême du Cameroun (celle ayant rejeté le pourvoi en cassation du Port autonome de Douala; une décision en faveur de Bolloré, opérateur économique français), le PAD a décidé que DIT (Douala International Terminal) devra libérer le Terminal à conteneurs dès le 31 décembre 2019. Il a été essentiellement question de l’évaluation des mesures préparatoires à la fin de la concession du Terminal à conteneurs du Port de Douala-Bonabéri à partir du 1er janvier 2020.

Le communiqué 0390/ 19/CA/PAD du 6 décembre 2019, signé par Shey Jones Yembe, président du Conseil d’administration du PAD, précise qu’«après avoir suivi la présentation du directeur général sur les dispositions prises pour assurer la continuité de l’exploitation du Terminal à conteneurs au 1er janvier 2020, le conseil d’administration a entériné l’ensemble des mesures prises par le directeur général à l’effet d’assurer la poursuite en régie du service public portuaire après le 31 décembre 2019; procédé à la création d’une régie déléguée du Terminal à conteneurs du port de Douala-Bonabéri; prescrit au directeur général de prendre une mesure commerciale importante et incitative de réduction de 10% des tarifs de manutention terre et de relevage dès le 1er janvier 2020».

Alain Biyong

Risques et incertitudes après le départ de DIT

C’est donc acté ! DIT quitte le terminal à conteneurs du port de Douala. Pour les connaisseurs de cet espace, ce départ de la filiale de Bolloré inquiète, car caractérisée par des risques dans un contexte d’incertitude accrue.

 

Pour convaincre, ils s’arrêtent premièrement sur l’indicateur de risque social. Celui-ci, avisent-ils, se trouve à son plus haut niveau du fait des revers annoncés contre les personnels. L’on cite par exemple la perte de leur ancienneté acquise chez DIT, les recrutements sur la base de contrats à durée déterminée (01 an).

Deuxièmement, les uns et les autres craignent que la gestion du terminal à conteneurs du port de Douala ne soit confrontée à une rupture sur le plan technique. Selon nos informations, un logiciel dénommé «Navis TOS» a été acquis auprès de l’Américain Port Technology AIS, à 2 milliards FCFA. Le nouveau dispositif devrait remplacer «Oscar» installé par DIT. Nos sources précisent que, pour s’approprier «Navis TOS», de nouveaux personnels devraient suivre plusieurs de mois de formation, là où DIT disposait déjà d’une expertise avérée.

Troisièmement, à l’orée du départ de DIT en fin 2019, s’ils se gardent de formuler des pronostics précis, les économistes s’accordent sur un point: un péril pèse sur les recettes générées par le terminal à conteneurs. Selon eux, des écarts de performance en matière d’entrées pourraient être observés. Ceci du fait d’un manque de discipline digitale capable de mobiliser simultanément divers acteurs pour servir la stratégie commerciale du port de Douala. Cette inquiétude prend davantage corps au moment où la direction générale des douanes (acteur clé sur l’espace portuaire) s’apprête à lancer «Cameroon Information System» (Camcis) pour remplacer «Sydonia++».

Ce colosse qu’on a érodé
Pourtant, les spécialistes sont unanimes : sur la forme comme dans le fond, Douala International Terminal (DIT) a montré qu’on pouvait gérer le terminal à conteneurs du Port autonome de Douala autrement. L’entreprise, perçue comme réformatrice des pratiques sur la place portuaire de la capitale économique, fait sans surprise le plein des sympathisants sur le seul critère «impact sur l’économie camerounaise».

Sur ce chapitre s’inscrivent les trafics. Ils ont plus que doublé sur la période sans que la longueur des quais et la surface du terminal mis à la disposition du concessionnaire aient évoluées (378.758 TEUS en 2018 contre 131.994 TEUS en 2005). Soit plus de 187 % de croissance de volume en 14 ans.

En termes d’investissements réalisés, le chiffre régulièrement avancé se situe à près de 50 milliards de FCFA, largement supérieurs aux engagements initiaux fixés dans la Convention de concession (33 milliards de FCFA). Concrètement, l’équipement du terminal a été considérablement renforcé avec la mise en service d’un portique de quai, 4 portiques de parc et 2 grues qui sont venues renforcer les deux portiques de quai d’origine ; les investissements dans les RTG ont permis de gagner +20% de capacité de stockage. Tout pour expliquer la hausse vertigineuse du chiffre d’affaires. Celui-ci est passé du simple au double en une quinzaine d’années, selon une analyse faite en 2018 par le cabinet Ernst & Young.

Politique de ressources humaines
Durant son bail au terminal à conteneurs du Port autonome de Douala, DIT n’a négligé aucun sujet RH (processus de recrutement, gestion des talents, formation, gestion de la diversité…) exigeant une action urgente. Entre 2005 et 2019, les effectifs sur le terminal sont passés de 210 à 440 emplois directs, 1360 indirects et 1 542 induits. À ce jour, tous témoignent d’une politique sociale exemplaire. Ils retiennent notamment divers avantages acquis (primes de panier, primes de logement, prime de transport, couverture maladie pour les emplois directs et leurs ayant-droits et la mise à disposition via un centre médical qui assure les visites systématiques du personnel et les campagnes de santé).

Au-delà, sur fonds propres, DIT a assuré le paiement d’une retraite complémentaire à chacun de ses collaborateurs ; le paiement annuel d’une prime d’intéressement de 2% du résultat net au personnel de DIT ; un programme de formation continue du personnel à l’étranger avec une moyenne de 5000 heures de formation par an pour une cinquantaine de millions de FCFA ; la mise en place d’une cantine sur le terminal et la fourniture des repas gratuits pour tout le personnel et les paquets minimums pour les événements spéciaux (rentrée scolaire, fêtes de fin d’année….)

En 2017, et pendant six mois le Pad et DIT ont négocié et ont trouvé un accord en cinq points, dont l’investissement de 20 milliards ; le paiement d’une somme de 24 milliards ; le relèvement des actions des privés camerounais a 30 % ; la prorogation de la concession de 04 ans.

 

Alain Biyong

Contrôle nucléonique

Le Port autonome de Douala s’ajuste

 

Le séminaire sous-régional tenu à Douala vient accroitre les capacités du personnel dans la maitrise de la technologie de dynamique sédimentaire indispensable à l’optimisation des travaux de dragage. Toutes choses qui confortent le PAD dans sa quête permanente de réduction des couts de dragage.

Le séminaire régional de cinq jours s’est tenu au Port autonome de Douala. Il portait sur l’évaluation et la gestion des sédiments dans les chenaux, bassins portuaires et infrastructures maritimes. Ce séminaire s’inscrit dans l’option de renouvellement, de rénovation et de développement engagé depuis quelque temps par Cyrus Ngo’o, directeur du PAD, dans le souci de se maintenir comme la principale plateforme d’accueil, et de facilitation du commerce extérieur du Cameroun et de certains pays d’Afrique centrale.

Le projet RAF 7018, dans lequel s’inscrit ce séminaire, a pour objectif de développer les capacités et l’expertise régionale. Le but est de résoudre les problèmes de transport des sédiments dans les bassins portuaires, les chenaux de navigation ainsi que les barrages par l’utilisation des systèmes de contrôles nucléoniques et les radios-traceurs. Le directeur du PAD a marqué son accord sur la tenue de ce séminaire sur l’utilisation de cette technologie.

Le port de Douala a été choisi comme lieu d’expérimentation et de démonstration de la technologie de radio traceur et du système du contrôle nucléonique. C’est le premier résultat positif de la coopération naissante entre le PAD et l’Agence internationale de l’énergie atomique. Pour le directeur général d’Hydra, qui assure la coordination technique du projet, il s’agit de «renforcer l’impact de la coopération technique avec l’AIEA et l’exécution d’un projet majeur». Cyrus Ngo‘o précise avec emphase que «la disposition des plages, le dragage des ports est incontournable en utilisant le système de contrôle nucléonique».

Au sortir de ces assises, les séminaristes seront capables, grâce à l’utilisation des radios-traceurs et de systèmes de contrôle nucléonique, d’évaluer les mécanismes sédimentaires responsables de l’envasement et des dépôts de sédiments dans les barrages et les infrastructures côtières. En plus, ils seront capables de mesurer la concentration des sédiments dans le calcul des volumes payables en matière de dragage, d’assurer le contrôle de la qualité des travaux de dragage et de contrôler la sédimentation dans les barrages.

Ce cours est suivi par des participants venant de quatre pays d’Afrique (Gabon, RDC, Nigéria, Ghana), du PAD, des plateformes pétrolifères, et des entreprises et organismes qui présentent des problèmes de sédimentation de leurs infrastructures, notamment les ports estuariens, et dont les couts de dragage sont élevés.

Alain Biyong

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