Gestion des fonds militaires : Le carrousel de la transparence amorcé au Mindef

Jadis réticente, la grande muette en passe de s’ouvrir aux inspecteurs d’État.

Joseph Beti Assomo, le Mindef

Formellement, l’on ne peut affirmer que l’armée camerounaise est un monde à part. Par contre, ce qui relève de la certitude c’est que, la semaine dernière, à huis clos, un atelier de «Renforcement des capacités des acteurs clé du pilotage de la performance» a été organisé dans l’enceinte du ministère de la Défense (Mindef) à Yaoundé. Selon nos informations, les travaux ont été baptisés «conseil de gestion» par Joseph Beti Assomo, le maître des lieux. Nos sources indiquent également que le recrutement des participants s’est fait parmi quelques officiers et sous-officiers ayant un vécu opérationnel. À tout ce monde, des outils pour le pilotage opérationnel de la mise en œuvre des programmes budgétaires ont été offerts. Concrètement, ils ont été éclairés sur les choix qu’il faut nécessairement faire à budget contraint. «Il était question non seulement d’accélérer notre appropriation de nouveaux textes et concepts ; mais aussi, de mettre à jour un parachèvement des dispositifs internes des outils devant accompagner le pilotage de la performance au sein du ministère de la Défense», situe Saïd Kamsouloum, le secrétaire général du Mindef.

«Changement»
Dans le fond, ce maillon hautement stratégique de l’État engage ainsi un processus de transformation de l’outil militaire afin de répondre à une exigence: contribuer à l’effort de redressement des comptes publics. «Jusqu’ici, la verticalité du commandement militaire s’appuyait principalement sur l’outil de l’inspection qui garantit la bonne application des directives du chef. Les vérificateurs étaient vus comme une entrave à l’activité opérationnelle», justifie sous anonymat un inspecteur d’État. Ce dernier poursuit: «ce ne sera plus systématiquement cela; l’audit interne va gagner en réactivité pour fournir au Contrôle supérieur de l’État comme au commandement la bonne appréciation, au bon moment». Pour tout comprendre, l’on amorce ainsi la fin des disputes interinstitutionnelles, portant sur les questions d’ordre budgétaire. Pour l’essentiel donc, le Mindef est à la recherche de la performance, en encadrant de manière formelle et efficace, le recueil des mises en œuvre des actions, activités, et leurs analyses, de manière à déterminer les écarts, avec la planification qui permet de comprendre les causes éventuelles de dysfonctionnements, afin d’apporter le cas échéant, les corrections nécessaires.

Fin des batailles
L’on se souvient qu’à un moment, au sein de la grande muette, le problème s’était déjà posé avec l’interprétation donnée aux dépenses reliées aux « opérations » qui avaient du mal à se distinguer des dépenses «administratives». «Aucune indication rigoureuse n’était donnée, tout baignait dans le flou avec des pratiques de décaissement ayant parfois accru le risque d’ambiguïté de l’ensemble du système ; c’était le cas avec les fonds dépensés quand, par exemple, l’armée avait fourni une réponse rapide aux civils affectés par des urgences de nature variée. Il était alors difficile d’évaluer si les calculs des décaissements étaient en accord avec le cycle budgétaire du Mindef», souffle un autre inspecteur d’État. Ce que celui-ci insinue c’est que les batailles de compétences interinstitutionnelles ont créé une situation dans laquelle les détails des allocations annuelles n’étaient presque pas disponibles. Incontestablement, les disputes ont été exacerbées avec la naissance de plusieurs foyers de tension à travers le pays.

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