Selon l’auteur, l’ouvrage «Commentaires. Diagnostics d’une société camerounaise en panne» est une invite à la discussion républicaine où s’affrontent les idées et où la force de l’argument prime sur l’argument de la force.
Georges Alain Boyomo, directeur de publication du quotidien «Mutations», est entré dans l’histoire du journalisme au Cameroun. Au même titre que son idole Henri Bandolo, journaliste émérite. À travers sa plume considérée comme une «une épée», il s’est engagé à panser les maux et travers qui minent le pays. Il a ainsi rassemblé ses commentaires aux allures caustiques et sarcastiques publié dans le tabloïd pour publier l’ouvrage qui fait l’objet de la dédicace de ce 24 novembre 2023. Il est publié aux éditions Eclosions dont Christelle Noah est l’éditrice. Le sous-thème est à ce titre édifiant. son libellé énonce: «Ce qu’écrire veut dire. De l’article au livre, enjeux et logiques». Une approche à laquelle Valentin Siméon Zinga, analyste des discours politiques donne quintessence et sens. Après analyse du sous-thème, il fait savoir qu’il s’agit de « la signification de la direction. Le sens de l’écrit ne se laisse pas embrigader de prime abord ou de manière univoque. Il ajoute que s’intéresser à l’écriture c’est en quelque sorte s’essayer à déterminer ce à quoi renvoient un tel acte, une telle activité de l’esprit. C’est aussi essayer de tenter de comprendre une série d’opérations à travers lesquelles l’on s’efforce de laisser les marques, pour autant que l’on convienne avec Alain Duhamel, que «la trace est orale et la marque est écrite», souligne-t-il. «C’est enfin rechercher les motivations de l’aventure scripturale, sonder en un mot la sélection, la hiérarchisation, la combinaison des mots qui sont des étranges machines à éclairer le réel et à fabriquer du sens», renchérit-il.
Le livre
À l’issue de la conférence, l’on retient que l’auteur souhaite par ses mots éclairer le réel et fabriquer du sens. L’ouvrage repose sur 300 pages. Il aborde les thèmes tels que les droits de l’homme, la mal gouvernance, le tribalisme, la corruption, la démocratie, la politique, l’éducation, la gabegie et autres. Selon Alain Cyrile Abena, universitaire qui a livré la note de lecture, l’ouvrage est un «nectar» au regard de l’écriture savamment faite. Quatre principales plumes émergent après lecture: la plume historique qui émerge de l’écriture de l’auteur est fécondée par la faculté que les commentaires ont de conquérir l’histoire au sens classique du terme. C’est cette plume qui fait passer l’auteur de l’historien du présent à l’historien tout court. Dans la première partie, il traite des failles de la gouvernance au Cameroun, dans la deuxième partie, il évoque ce que l’écrivain camerounais Engelberg Mveng rappelait autrefois à ses contemporains. Dans la troisième partie, il consacre ses chroniques au sport. Elles s’inspirent du passé, pour mieux saisir l’avenir. «Il s’agit ici d’une intuition basilectale de l’histoire», a-t-on entendu dire.
La deuxième plume est celle de la pertinence. L’auteur reste pertinent dans ses analyses. Les analyses et commentaires sont pertinents. Les chroniques de l’auteur s’inscrivent dans l’atemporalité. Exemple en 2016, l’auteur fait une mise en garde au gouvernement camerounais. Il écrit: «Plutôt que de faire la politique de l’autruche, le pouvoir actuel doit regarder la question anglophone de front pour que le Cameroun ne traîne pas ce boulet advitam aeternam». Deuxième morceau choisi à la (page 108), il écrit: «Quatre ans après avoir sauté le verrou de la limitation des mandats, monsieur Biya qui a réussi une entrée euphorisante en 1982 doit se garder de manquer sa sortie».
La troisième plume est celle de la franchise. Il aborde des sujets très délicats avec une passion éteinte, l’éthos est mesuré, mais surtout avec le logos lumineux. À la (page 208), le journaliste-écrivain insiste: «Mais il est encore temps pour Paul Biya, de redevenir un président normal, sa bunkérisation morbide est plus susceptible de le perdre que de l’inscrire dans le marbre de l’Histoire du Cameroun».
Au final, on la plume du style. Il dit: «Les chefs d’État africains doivent songer à partir en beauté et non botté par la rue». Pour conclure, Alain Cyril Abena, pense qu’il n’est pas interdit de lire l’ouvrage de Georges Alain Boyomo. Les maux soulevés par l’auteur ne concernent pas que l’auteur, cela nous concerne tous. Victor Hugo, auteur français de renom, disait dans «Les Contemplations», «quand je parle de moi, je parle de vous». «Commentaires. Diagnostics d’une société camerounaise en panne» est donc une invite à une lutte pour une justice dans la logique Sartrienne.
Olivier Mbessité