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G7: le barnum de l’imposture

Les lampions de la 45e édition du sommet des chefs d’État et de gouvernement du G7 se sont éteints le 26 août 2019 à Biarritz (France).

Cette année, ce cénacle, qui concentre 62 % de l’économie mondiale, était placé sous le signe de «la lutte contre les inégalités». Il fallait au moins cela pour répondre à l’objectif grandiloquent fixé par ce G7: «rendre le capitalisme plus juste». On est prié de ne pas rire; ce d’autant plus que huit pays non-membres, dont cinq africains (Afrique du Nord, Burkina Faso, Sénégal, Rwanda et Égypte), y avaient officiellement été conviés. Bienheureuse cette fois, l’Afrique a au moins eu le mérite de la représentativité, avec des profils idoines. Tenez: en tant qu’ancien président de l’Union africaine, Paul Kagamé du Rwanda était à Biarritz.

Au titre de président actuel de l’Union africaine, Al-Sissi d’Égypte figurait aussi parmi les présidents africains invités, aux côtés de Cyril Ramaphosa, président fraîchement élu de la deuxième puissance économique du continent, l’Afrique du Sud. Le Sénégalais Macky Sall y était comme président du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique), et Roch-Marc Christian Kaboré comme président du G5 Sahel et chef d’État d’un pays en première ligne quant à la question sécuritaire et terroriste au cœur du continent. Également présents, Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement (BAD), et Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine.

Donc, du beau monde africain à Biarritz. Dans une allocution télévisée sur les enjeux de ce G7, Emmanuel Macron expliquait cette forte présence: «J’ai décidé (…) de mettre le sommet au cœur de l’Afrique. C’est notre voisin le plus proche. C’est notre quotidien d’aujourd’hui et de demain». Au-delà de cette saynète menée par le président français, «tout le barnum du G7 relevait à l’évidence de l’imposture». Contenue dans un billet publié dans le journal français Marianne, Benjamin Masse-Stamberger a inspiré plus d’un. «Des personnalités officieusement tenues de ne pas danser plus que les maîtres de céans», lit-on dans un éditorial de «le Pays». De l’avis du quotidien burkinabé, «l’Afrique était juste là pour écouter le G7, lequel ne parle que son langage affectionné, celui du comment dicter son agenda au monde entier». Certains supports voient en cela une «Afrique grande perdante de Biarritz».

Pourquoi?
Le Pays pointe le déséquilibre inhérent à ce genre de sommet. Pour le journal, les pays membres du G7 «tirent une partie de leur opulence de l’ordre économique et politique mondial qu’ils ont mis en place depuis toujours. Et l’on n’a pas besoin d’être spécialiste en sciences politiques, encore moins en sciences économiques, pour savoir que tout a été ficelé pour que l’Afrique soit réduite à tirer le diable par la queue. Pour s’en convaincre, l’on peut invoquer l’inégalité des termes de l’échange et le fait que les matières premières africaines ne sont pas achetées à leur juste prix pour combattre efficacement les inégalités. Il faut donc agir impérativement sur ces deux leviers pour permettre à l’Afrique de sortir la tête de l’eau». Autrement dit: le G7 se caricature en petit club autocentré, qui continue à débattre des affaires du monde comme le faisaient Paris et Londres au bon vieux temps des colonies. Normal qu’à la veille de la fin du sommet, Emmanuel Macron a dit qu’il ne fallait pas perdre son temps à rédiger un communiqué final, «que personne ne lit».

Jean-René Meva’a Amougou

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