Porteur d’un message du président Teodoro Obiang Nguema à son homologue Paul Biya le 16 août dernier, le ministre équato-guinéen des Relations extérieures et de la Coopération nie la construction d’une muraille pour séparer les deux pays. Non sans accuser les réseaux sociaux de manipuler l’opinion communautaire.
Depuis quelques semaines, votre journal dévoile l’existence d’un chantier de construction d’un mur à la frontière Cameroun-Guinée Équatoriale. Sur le terrain, les derniers développements en date font état d’une descente du général de corps d’armée René-Claude Meka dans la zone. En mission de contrôle opérationnel le 6 août 2019, le chef d’état-major des armées camerounaises s’est bel et bien rendu compte de la matérialité du chantier de la forteresse. Après les alertes lancées par la presse au sujet de l’empiètement du territoire camerounais (à la lisière de la localité de Kyé Ossi, dans le Sud-Cameroun), le rapport de mission adressé par René-Claude Meka à sa hiérarchie a davantage ému Yaoundé. D’après nos sources, les autorités locales ont décidé de formaliser leur mécontentement à travers une «consultation» de l’ambassadeur de Guinée Équatoriale au Cameroun.
C’est dans ce contexte que Siméon Oyono Esono, ministre équato-guinéen des Relations extérieures et de la Coopération, a été aperçu, le 16 août dernier, à Yaoundé, au premier ministère. En posture d’envoyé spécial du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, l’hôte de Joseph Dion Ngute s’est contenté du minimum face à la presse. Il a réitéré les propos de Anastsio Asuma-Mum Munos (l’ambassadeur de Guinée Équatoriale au Cameroun) rapportés par le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune (CT) du 9 août 2019.
«L’information qui circule sur les réseaux sociaux et fait état de ce que les soldats équato-guinéens ont traversé la frontière pour aller mettre la borne, je vous assure que ce n’est pas vrai. Nos soldats ne peuvent pas traverser la frontière à deux kilomètres pour aller mettre des bornes», a-t-il déclaré chez CT. Et sans se priver d’une pointe d’acidité envers une opinion de plus en plus répandue, Anastsio Asuma-Mum Munos a tapé un coup sur la table. Pour l’ambassadeur de Guinée Équatoriale au Cameroun, son pays construit effectivement un mur. Mais, indique-t-il dans CT du 9 août : «Ce n’est pas sur la frontière. C’est dans le territoire équato-guinéens».
Le 10 juin 2019 à Yaoundé, au sortir d’un entretien avec Paul Biya sur la construction de ce mur frontalier, Baltasar Engonga Edjo’o, le ministre d’État équato-guinéen chargé de l’Intégration régionale, avait usé de la langue de bois diplomatique pour éviter le sujet devant la presse accréditée au palais de l’Unité. Il s’était lancé dans une présentation ambiguë des politiques mises en place par son pays en matière de libre circulation des biens et des personnes. Comme obstiné à polariser sa déclaration sur l’esthétique (réjouissante) des relations entre la Guinée Équatoriale et ses voisins, l’hôte du chef de l’État camerounais était resté aphone sur le chantier évoqué.
Ongoung Zong Bella