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Frontière Cameroun-Gabon-Guinée Équatoriale : La prison des hommes libres

Covid-19 oblige, partir d’un pays à l’autre est devenu l’expression d’une défiance à l’égard d’un environnement proche de la réclusion.

Une vue de la frontière Cameroun-Guinée Équatoriale

Ces derniers jours, circuler dans la zone dite des trois frontières ne se limite plus à emprunter un taxi-brousse ou une mototaxi, en plus de remplir d’autres conditions administratives. «Depuis que la pandémie du coronavirus fait des ravages au Gabon, en Guinée Équatoriale et au Cameroun, les voyages mettent en évidence les contradictions et les ambigüités de la libre-circulation en zone Cemac», avise un homme d’affaires camerounais.

D’ordinaire basé à Libreville, notre interlocuteur est «bloqué» sur sa terre natale depuis un bon bout. L’album oral qu’il propose ce 16 juillet 2020 renvoie à ce qu’est devenu le trajet Cameroun-Gabon par voie terrestre. Il parle d’un long parcours jonché d’imprévus, de haltes forcées et autres parenthèses vexatoires. Globalement, les récits de personnes, pour qui le but vaut mieux que le chemin, offrent un éclairage sur les incongruités que la Covid-19 a fini par imposer entre les deux pays. «Finalement, cette pandémie est venue détruire la joyeuse tendance amorcée entre le Gabon et le Cameroun.

Le Camerounais qui veut entrer ou sortir du Gabon est bloqué. Le Gabonais qui veut sortir ou rentrer dans son pays est bloqué. Ce qui se passe à la frontière, on dirait une prison pour des hommes libres», confie-t-il. En clair, il parle de ce qui est à découvrir entre Abang-Minko’o (Cameroun) et Oyem (Gabon): 28 postes de contrôle, des barbelés en pagaille, des miradors en nombre, des gardiens armes au poing, des bénévoles et surtout de nombreux cadres des appareils du renseignement gabonais. À chaque étape, il faut «coronapayer». À en croire notre source, depuis peu, ce verbe s’est faufilé dans le lexique local en tant que synonyme de s’acquitter de «la taxe du coronavirus». Son montant élevé (30 000 à 30 000FCFA) confine les commerçants camerounais et clients équato-guinéens dans leur pays.

«Dangerosité»
À elle seule, cette anecdote révèle combien les responsables gabonais chargés de la surveillance et de la détection des cas suspects de Covid-19 en provenance du Cameroun sont aux avant-scènes des drames de corruption. Il se raconte que, entre deux postes de contrôle sanitaire, «la dangerosité» des usagers (toutes nationalités confondues) est désormais graduée et ne nécessite pas les mêmes dispositifs de contrôle et les mêmes contraintes. En tout cas, signale-t-on, les mailles du filet ne s’élargissent pas pour tout le monde. «Vous pouvez avoir tous vos papiers et votre bulletin de test de coronavirus négatif et à jour, personne ne vous écoute tant que vous ne saignez pas financièrement.

Vous payez des montants forfaitaires et sans quittance. Vous êtes testé corona-positif séance tenante si vous n’avez pas d’argent. Vous êtes plus ou moins corona-positif ou négatif si vous n’en avez pas assez. Et là, c’est une affaire d’humeur. Ils ciblent systématiquement les commerçants et les touristes blancs», témoigne un habitué du trajet. Ce dernier signale qu’«une fois arrêté, il vous est strictement interdit d’avancer ou de reculer. Et là, vous finirez par coronapayer».

L’enfer, c’est l’autre
À Kyé-Ossi, au poste frontalier séparant le Cameroun de la Guinée Équatoriale, les officiels des deux pays s’emploient à rassurer les usagers sur la possibilité de passer librement les barrières administratives. «À une condition: présenter un certificat PCR négatif délivré dans les 48 heures précédentes. Les passagers qui ne l’ont pas feront faire ce test en Guinée Équatoriale, en assumant les couts de ce test et de l’hébergement à l’hôtel en attendant les résultats du test fourni par des personnels de l’Oceac» renseigne le commissaire Mballa. Pour le patron de la sécurité publique de Kyé-Ossi, «on est intransigeant là-dessus». «On filtre minutieusement les entrées et sorties.

Les gens pensent que leur liberté est écornée, mais c’est le contexte de crise sanitaire qui nous l’impose. Ce d’autant plus que nous sommes dans une zone où le flux de personnes et de biens est quotidiennement très élevé». Dans la foulée, le fonctionnaire de police camerounais évoque le travail en commun avec les garde-frontières équato-guinéens et même gabonais. Ce travail, dit-il, se décline en rencontres, conférences et instructions collégiales, ainsi que l’implication citoyenne de la population locale par l’organisation de brigades auxiliaires anti contrebande.

Toutefois, selon des témoignages, l’ambiance se conjugue avec la sinistre réputation en matière d’accueil des étrangers côté équato-guinéen. Au gré de leurs humeurs, des agents prennent des décisions impitoyables, avec des fermetures et réouvertures inopinées de leur zone de contrôle. «S’ils vous regardent et disent que vous ne passez pas, inutile d’insister», affirme un opérateur économique camerounais. La tendance est prégnante avec la pandémie du coronavirus. «On dit que c’est notre pays qui distribue la maladie en Afrique centrale. Cela vaut parfois des intimidations, des excès de rigueur et de longs moments d’attente avant la réception d’un laissez-passer; Mais, dans l’ensemble, tout va bien surtout que récemment à Yaoundé, nos deux pays ont défini les modalités de collaboration et d’actions sécuritaires à la frontière commune», nuance Jean Marie Zue Zue, maire de Kye-Ossi.

Ongoung Zong Bella

 

BDEAC: deux nouveaux actionnaires approuvés !

C’est fait! La Banque arabe pour le développement économique de l’Afrique (Badea) et le Fonds de solidarité africain (FSA) sont dans le capital de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC). L’assemblée générale de l’institution financière sous régionale, tenue par visioconférence, en a donné l’approbation. Le processus aura patiemment suivi son cours. Car c’est depuis décembre 2019 qu’on en parle.

Source: BDEAC, rapport annuel exercice social 2019, juillet 2020

Ce dénouement important pour la banque vient ainsi diminuer une partie du capital non souscrit de la BDEAC (voir tableau). À ce jour, la banque compte 13 actionnaires, dont 6 membres régionaux (pays de la Cemac) et 7 non régionaux (voir tableau sur la répartition du capital). Or, juste 86,38% des parts du capital ont été prises par les actionnaires. 13,62% cherchent preneurs. Même si les prises de participation des deux nouveaux actionnaires n’ont pas été précisées, il n’en demeure pas moins qu’elles viennent consolider la banque.

Pour le président de la BDEAC, Fortunato-Efa Mbo Nchama, cette entrée en capital peut être appréciée à double titre. D’abord, la confiance. «Il y a quelques années personne ne voulait faire partie de la BDEAC. Le fait qu’aujourd’hui des institutions prestigieuses demandent à rejoindre le capital signifie que l’institution de financement du développement est en train de se réaffirmer dans l’échiquier financier international comme une banque de développement digne de ce nom». Aussi, il était question de boucler le paramétrage de la dernière augmentation de capital. «Avec l’augmentation de capital survenue en 2014, 13% des parts des actionnaires de la catégorie B n’étaient pas souscrites jusqu’ici. Notre mission était de trouver des partenaires à même de combler ces parts». Le communiqué de presse rendu public au terme de l’assemblée générale révèle que l’arrivée des deux actionnaires «constitue une pierre imposante dans l’opération d’augmentation de capital de la banque».

Structuration
L’incidence de cette évolution est de bon augure pour les capacités d’intervention de la BDEAC sur le développement des économies de la Cemac. Le président Mbo Nchama l’a précisé: «le choix des partenaires n’est pas anodin. La Badea est une institution avec laquelle nous entretenons des relations très importantes. Elle apporte des ressources à notre institution depuis plusieurs années. On va déjà vers le 4e prêt. Lorsque cette institution analyse l’évolution de la BDEAC, son entrée en capital signifie qu’elle se rapproche pour suivre l’évolution, car il y a désormais plus intéressant. C’est une marque de confiance, mais surtout une prémonition que les volumes de financements que nous pourrons tirer de cette institution seront beaucoup plus grands. Pour le FSA, il vient pour offrir plus de facilité aux opérateurs économiques. En Afrique, les opérateurs économiques ont du mal à produire les garanties. Pour les structures qui avaient des difficultés à boucler leur financement auprès de la BDEAC faute de garanties, le FSA va lever cette contrainte. Ainsi, notre volume de financement à accorder aux économies de la Cemac va croitre».

Bobo Ousmanou

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