Un colloque sous-régional de haut niveau s’est ouvert le 17 novembre dernier à Libreville à l’initiative de la Commission de la Cemac. Objectif: fournir aux chefs d’État les clés d’une évolution de la monnaie commune.
«Monnaie et développement en Afrique centrale». C’est l’énoncé du thème ayant servi de chant de ralliement au président de la Commission de la Cemac. À l’occasion de la tenue à Libreville du 17 au 18 novembre dernier d’un colloque sous-régional de haut niveau. Un événement constitué par le Pr Daniel Ona Ondo en «creuset d’échanges entre universitaires (enseignants et chercheurs), praticiens du monde économique et financier, et de la société civile. Sur la manière de faire évoluer le contexte monétaire en vue de garantir aux pays de la Cemac des meilleures conditions de développement». Et dans la volonté manifeste de se conformer au «mandat donné par les chefs d’État à la Commission de la Cemac et à la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), d’engager une réflexion approfondie sur les conditions et le cadre d’une nouvelle coopération monétaire avec la France». L’objectif fixé par la Conférence des chefs d’État et rappelé par le dirigeant sous-régional est au final de «disposer d’une monnaie commune, stable et forte».
Habits neufs
Il s’est dans un premier temps posé la question, à la Commission de la Cemac, du périmètre des réflexions à engager. Dans l’optique «de proposer aux chefs d’État un schéma approprié conduisant à l’évolution de la monnaie commune». Ainsi que l’a rappelé le Premier ministre, chef du gouvernement de la République du Gabon, Rose Christiane Ossouka Raponba, venue présider la cérémonie d’ouverture des travaux. Et dans l’entendement du Pr Daniel Ona Ondo, «les chefs d’État indiquaient implicitement que le mandat donné n’implique pas la modification des dispositions de la convention du 22 novembre 1972, sur la création d’un institut d’émission commun et la création d’une monnaie commune aux États membres de la Cemac».
Bien au contraire, le dirigeant communautaire a acquis la conviction que les réflexions à mener devraient porter «exclusivement sur les dispositions de la Convention du 23 novembre 1972 qui régissent la coopération monétaire avec la France». D’où le colloque sous-régional de haut niveau.
Les experts réunis à Libreville avaient donc la lourde tâche et «le devoir» de faire des propositions devant «conduire à l’évolution des principaux mécanismes actuels de la coopération monétaire avec l’Hexagone». Le président de la Commission de la Cemac a notamment fait mention de «la garantie de convertibilité illimitée par la France de la monnaie émise par la Beac, le franc CFA; la fixité du taux de change; la liberté de transfert entre les pays membres de la Beac et la France; et la centralisation des réserves auprès d’un Compte d’opérations ouvert au Trésor français».
Déclic
Le Premier ministre du Gabon s’est fait fort de rappeler que c’est «à la suite de l’examen de la situation économique, financière et monétaire de la zone Cemac et de l’analyse des perspectives des économies de la sous-région, effectués en novembre 2019, que la Conférence des chefs d’État de la Cemac a chargé la Commission et la Beac de ce travail». C’était au cours d’une session extraordinaire tenue à Yaoundé. «Cette instruction a été renouvelée lors de leur rencontre extraordinaire du 21 août 2021», précise le président de la Commission de la Cemac. La sous-région subissait alors de plein fouet les affres de la pandémie de Covid-19.
Un autre élément est également à prendre en compte d’après la lecture du Pr Daniel Ona Ondo. Il s’agit d’une analyse publiée dans les années 1990 et qui se rapporte aux caractéristiques d’un échantillon de cent pays. Il y est indiqué que «selon leur politique de change (Voir Frédéric Atlan et ali, 1998), presque tous les pays dont l’économie ne comportait aucune restriction de mouvement de capitaux et aux flux de balances courantes, et qui possédaient un taux de change flexible, ont accédé rapidement au statut de pays émergents; contrairement aux économies qui disposaient de taux de change fixes». Une considération de taille au moment où la Beac célèbre son cinquantenaire jusqu’au 22 novembre prochain à Ndjamena. Et qu’elle s’apprête à mettre en circulation le 15 décembre de cette année, une nouvelle gamme de billets de Francs CFA.
Théodore Ayissi Ayissi