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Le franc CFA et nous, que faire?

«Tout le monde s’accorde dorénavant que le franc CFA est une monnaie du passé, un instrument d’exploitation et de perpétuation de la domination coloniale, un vestige d’une époque que l’on voudrait voir se terminer au plus vite. Vu d’Afrique comme de la France, de l’Europe et au sein des instances internationales les plus représentatives, le débat sur le statut de cette devise, cette sous-devise en fait, ne concerne plus sa continuité ou sa mort. C’est fini.

Si les générations des indépendances s’en étaient accommodées du fait d’un rapport de force très défavorable résultant de la colonisation, les nouvelles générations d’Africains ne sont plus disposées à faire des concessions. De même, nos autres partenaires n’acceptent plus ce qui apparaît comme un jeu de dupes, les contraintes à supporter des déficits des changes occasionnés par le trésor français, où sont détenues nos réserves en devises.

Le contexte international a donc changé, et les paramètres humains, matériels, économiques, financiers et psychologiques ne sont plus les mêmes non plus. Pourtant, force est de reconnaître que nos traditions de gouvernance ainsi que le niveau de consécration effective de nos sentiments patriotiques ont reculé. Ces derniers sont restés au niveau du discours creux, voire des ostentations verbales portées par des élites qui s’affirment panafricanistes, mais démontrent au quotidien des attitudes loin d’une défense réelle de nos justes et légitimes intérêts.

Alors que faire concrètement?
Notre positon a été maintes fois exprimée, affirmée et réaffirmée. Ici comme ailleurs, sur cette question comme sur bien d’autres impliquant les mutations politiques et sociales, les revendications démocratiques et l’amélioration de la gouvernance, nous sommes fermes et n’avons jamais varié. La précipitation et la surenchère verbale ne payeront pas. Il s’agit d’un problème crucial, profond et déterminant pour le destin de certaines nations, qui demeurent enfermées dans une coopération lourdement inégalitaire avec l’ancienne puissance coloniale.

Nous sommes en effet, face à une problématique d’ensemble de la remise en cause des rapports de domination issus des arrangements sectaires et injustes de 1945. L’urgence est de préparer des élites réellement engagées, patriotes, nationalistes, bien renseignées et instruites aux enjeux. Les discours et les excitations opportunistes seront contre productifs et retarderont les échéances d’indépendance et de dignité. Qui est leader et d’où vient-il? Quel est son passé? 

Il nous faudra du génie, du temps et de la patience. Il nous faudra négocier franchement et intelligemment. C’est un processus qui peut être aussi brutal que long, et chargé de drames. Mais c’est un processus qui, porté par des citoyens avisés, sages, outillés et préparés, avancera méthodiquement jusqu’à un aboutissement heureux. Nous parlons d’intérêts, d’intérêts sur lesquels sont accrochés, se nourrissent et prospèrent des réseaux dangereux et criminels.

Le franc CFA est voué à disparaitre et il disparaitra. Cette mort, annoncée et non encore correctement programmée, s’inscrit dans la réforme globale des rapports mondiaux. La critique systématique et stérile n’y changera rien, mais des actions efficaces, intègres et soutenues appuyées sur des acteurs, des penseurs et des leaders de tous statuts intelligents, et capables de transformer les pouvoirs en Afrique avec l’assentiment des peuples, nous permettront de triompher de tous les blocages. Dans cette stratégie, les pays d’Afrique de l’Ouest ont franchi une étape importante. Il faut savoir et pouvoir évaluer et reconnaitre les avancées, et non les critiquer pour un applaudimètre inconséquent et inconsistant».

Je vous conseille un livre à ce propos.

«RÉFORMER LA GOUVERNANCE MONDIALE»
L’Harmattan, 2017, 350 pages, Paris
SHANDA TONME

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