Fourniture de denrées alimentaires à Yaoundé : L’étau se resserre davantage autour des «bayam- sellam»
Elles peinent à alimenter les villes et métropoles en vivres. La raison évoquée est la pénurie de carburant et de gasoil qui porte de sérieux coups au transport des marchandises.
Les revendeuses, communément appelées «bayam-sellam», vivent au jour le jour. Car leur activité est affectée par les pénuries de carburant et de gasoil. Ce qui a pour incidence directe l’augmentation des frais de transport pour la vendeuse et la marchandise. La situation devient de plus en plus intenable pour ces femmes dynamiques qui bravent toutes les intempéries climatiques pour alimenter la ville de Yaoundé. «Il n’est plus facile pour nous d’exercer sereinement notre activité. La vie devient très chère. Et les pénuries de carburant aggravent le problème. Moi je viens de Ngomedzap pour vendre le plantain et d’autres vivres à Yaoundé, je vous assure rencontrer tellement des difficultés», raconte Clémentine Atangana, vendeuse au marché Mvog Atangana Mballa (Yaoundé 4). «Les frais de transport ont augmenté. Jadis, je payais de Ngomedzap pour Yaoundé 1000 FCFA. À l’heure où je vous parle, avec la dernière pénurie de carburant de la semaine dernière, le transport est passé à 2500 FCFA et le régime de plantain est taxé au prix de 500 FCFA non discutable», ajoute-t-elle.
Selon la commerçante, il faut avoir assez de marchandises et d’autres denrées pour amortir le choc. Sans cette stratégie, elle dit courir à sa perte puisque son transport et celui de la marchandise sont évalués à plus de 10 000 FCFA. «Et une fois arrivée à Yaoundé, c’est un autre combat avec les clients qui s’indignent de la cherté du prix du régime de plantain ou du tas de manioc. Nous essayons de leur expliquer le problème, et ils achètent à l’issue de multiples négociations, puisqu’il faut fidéliser les clients. Il faut souligner également que les consommateurs se plaignent de la vie dure. Ils n’ont pas d’argent, les salaires sont intacts. Nous nous accrochons juste par amour à notre métier pour nourrir nos familles», se lamente Clémentine Atangana, visage vraiment triste.
Rareté des vivres
Engluées dans la vie chère, les bayam-sellam sont confrontées à la rareté des vivres. «Depuis la Coupe d’Afrique des Nations et la Coupe du monde au Qatar, le plantain, le macabo et les ignames sont rares. Il faut attendre la prochaine production dans un ou deux ans. Généralement, les vivres viennent de Boumnyebel, du Nyong-et Kelle, de la région de l’Est, du Nyong-et-Mfoumou et du Nyong-et-Soo. Or désormais, la marchandise se fait rare, et pour le peu qui est disponible, il n’y a pas d’argent. Vous pouvez faire une semaine sans vendre 5000 FCFA. La pénurie de carburant a provoqué le retard d’approvisionnement en marchandises», souligne Isabelle Koudou, cheftaine du secteur rail marché Mvog Atangana Mballa. Avant d’ajouter que «la pénurie d’essence est loin de nous sortir la tête de l’eau. Depuis un certain temps, le transport a augmenté. Les charters qu’on louait à 200 000 FCFA, 250 000 FCFA sont passés à 300 000 FCFA pour arriver à Yaoundé. Et quand il y a augmentation de transport, la vendeuse va augmenter et on ne peut ne pas parler de l’état des routes. Puisque nous sommes en saison sèche. Si rien n’est fait on va souffrir en saison pluvieuse», prédit-elle. Le regard est désormais tourné «vers l’association des «bayam sellam» du Mfoundi pour porter nos voix vers le gouvernement. En attendant, nous nous résignons à la conjoncture économique du pays», fulmine Isabelle Ekoudou.
Olivier Mbessité