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Fonds de soutien contre le Covid-19 : Vigilance accrue sur les flux financiers illicites

Le Centre régional africain pour le développement endogène et communautaire (Cradec) craint que la pandémie offre de nouvelles possibilités aux criminels à col blanc de générer et de blanchir des fonds illégaux.

Et voilà, nous y sommes: depuis l’annonce d’un plan de riposte contre le Covid-19, grandes et petites bourses s’invitent au renflouement du Fonds de solidarité. À côté de ce dispositif créé par décret présidentiel du 31 mars 2020, d’autres initiatives portées par des citoyens ou des associations émergent. À l’échelle du pays et même de la diaspora, chacun dit participer à l’effort collectif de lutte contre le coronavirus. Philanthropie, mécénat, bénévolat, etc. Malgré leurs spécificités, toutes ces notions n’en finissent pas de se rejoindre autour d’un point: volonté des acteurs de s’engager, d’agir pour l’intérêt général.

En portant un regard aiguisé sur le contexte, le Cradec ex-prime une crainte: «le risque accru de développement de cir-cuits financiers clandestins». L’inquiétude repose sur l’idée que le financement des «caisses de solidarité» pourrait faire appel à des procédés identiques ou très proches de ceux utili-sés pour le recyclage des capitaux d’origine criminelle. «En effet, en croisant plusieurs enjeux notamment les interactions multiples et les différentes échelles d’actions des uns et des autres dans les opérations de solidarité, il est à craindre que le Covid-19 n’ouvre des espaces permissifs pour des richesses obtenues de manière peu avouable», alerte Me Eteme Eteme. Selon l’avocat au barreau du Cameroun, «la déréglementation plus ou moins accentuée des affaires économiques et financières et la banalisation des paiements électroniques à cause du coronavirus seraient alors des fertilisants à la situation».

Recherche de «respectabilité»

Quand il recherche des fonds en urgence, l’État du Cameroun pèche parfois à dessiner une tendance marquée à la vigilance opérationnelle. Dès lors, il est clair, par conséquent, que la capacité de certains «réseaux» à attirer des ressources financières de provenance diverses se déploie à tout va. «Dans un contexte comme celui que nous vivons actuellement, des acteurs évoluant à la lisière de la légalité et de l’illégalité sont aussi demandeurs d’une légitimation de leurs patrimoines financiers, parfois acquis en dehors des modèles standards de la rationalité économique», souffle Jean-Marc Bikoko.

Et le point focal de l’ONG internationale Dynamique citoyenne de citer des cas d’école: «lors de la catastrophe du Lac Nyos en août 1986, le coup de cœur de la coupe du monde 1994 ou encore l’effort de guerre contre Boko Haram, les dynamiques d’acteurs et d’arguments ont montré que les flux financiers illicites induisent un chevauchement et des relations empreintes de complicité et d’intérêts réciproques entre, d’une part, les agents de l’État, dépositaires de la norme et de la loi, et d’autre part, des acteurs engagés dans des trafics illicites, informels ou illégaux».

Alors que la pandémie continue d’affecter les sociétés et les économies du monde entier, une autre crainte se profile. «Les entreprises qui connaissent des difficultés financières pour-raient devenir vulnérables aux blanchisseurs d’argent qui cherchent des moyens pour injecter de l’argent sale dans le circuit normal», entrevoit Francis Sikmeu. S’inspirant des données fournies par l’Agence nationale d’investigation financière (Anif) en février 2019 (1050 milliards de francs, le total des sommes blanchies au Cameroun, au cours de la période de 11 ans, allant de 2006 à 2017), l’expert en gouvernance à Transparency International n’exclut pas qu’à cause du Covid-19, la tendance explose. «La pandémie met les chefs d’entreprises vulnérables sur la banquette arrière et le volant est dans les mains des argentiers de tous bords, y compris ceux opérant dans les affaires illicites».

Jean-René Meva’a Amougou

 

Séparément et ensemble

Selon le Cradec, cette crise agit comme un miroir grossissant des inégalités. Alors, il faut anticiper sur les effets néfastes de celles-ci.

Occuper le terrain, partout et à temps. Tel est le leitmotiv de l’exécutif depuis le début de la crise du coronavirus. Conformément à l’engagement du président Paul Biya, Chief Dion Ngute, le Premier ministre, a confirmé qu’il faudra «tirer les leçons» de la séquence actuelle. En clair, prendre en compte les manquements du passé, mais aussi préparer l’avenir. Cet exercice-là, le Cradec l’a entamé depuis le 28 mars 2020 à Douala.

Sans jouer les prophètes de malheur, une note conjointe élaborée à cette occasion par ces structures de la société civile avertit: «Les réponses politiques de l’heure à la pandémie, bien que saluées, sont jugées déséquilibrées, parce qu’elles laissent entrevoir des résultats socialement injustes, notamment une augmentation de la pauvreté, l’effritement du pouvoir d’achat déjà très faible des ménages, la perte d’emplois et la stagnation ou la baisse des revenus des travailleurs».

Si le document surfe sur la vague négative déclenchée par le coronavirus (perte de plus de 25 millions d’emplois dans le monde, selon l’Organisation internationale du travail), il montre aussi que la pandémie est l’occasion pour l’exécutif de trouver de nouvelles approches pour le bien-être social, en s’intéressant en priorité aux plus défavorisés.

L’accent est mis sur les mécanismes de protection sociale et sur certains dispositifs de stabilisation des revenus. Par ailleurs, les réformes proposées devraient garantir, entre autres, que les actions du gouvernement visent à lutter contre le virus et ne soient pas détournées par des acteurs corrompus au pays ou à l’étranger. «Avec des ressources supplémentaires allouées pour lutter contre la pandémie, nous devons nous assurer que les fonds qui devraient atténuer la crise et soutenir les communautés ne finissent pas par être volés et cachés au large. C’est précisément la raison pour laquelle nous avons également demandé cette semaine que la surveillance anti-blanchiment des banques soit plus solide, effectivement appliquée et cohérente», mentionne Dupleix Kuenzop, secrétaire exécutif de l’ONG Dynamique mondiale des jeunes.

 

JRMA

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