Festivals au Cameroun : Le public pas trop présent

La participation populaire à ces rendez-vous culturels reste encore dérisoire. Juste des professionnels du cinéma et des jeunes cinéphiles qui s’imprègnent des bonnes pratiques de l’art cinématographique.

 

 

Le secteur de l’industrie culturelle est en ébullition au Cameroun. Ceci est visible à travers l’organisation des festivals qui visent non seulement à initier les jeunes aux bonnes pratiques de l’art cinématographique, mais aussi de leur permettre de s’approprier leur savoir culturel. Dans la fourchette, on peut citer le Festival des Écrans noirs, le Festival Yarha, le Festival international des arts et de la culture de Yaoundé (Festiya) et plus loin le Grand prix Francophilie des médias. En revanche, la culture camerounaise reste marginalisée, malgré cette foultitude d’évènements culturels.

Coup de gueule
Pourquoi ce désenchantement? «Parce que le public camerounais n’est pas préparé à la culture. Il se laisse plutôt aller à la facilité. Ceci se vérifie par la qualité de la musique chantée et danses pratiquées par la jeunesse. Elles ne sont pas ancrées dans notre culture. Et aussi, la qualité des œuvres produites dans le cinéma», assène Gérard Essomba Many, acteur, comédien et réalisateur du cinéma. Et de poursuivre: «en 1973, j’ai animé le Festival des Caraïbes et tous les soirs, j’avais plus de 2500 personnes qui manifestaient leur enthousiasme d’être là. Bien sûr qu’il y avait la musique qui venait de Porto Rico, de Trinidad, de la Guadeloupe et de la Martinique, mais le public participait. Au Cameroun quand on annonce un spectacle de muscicole au palais des Congrès de Yaoundé, on a plutôt l’impression d’assister à un enterrement».
Et pour cause, «le public à l’air triste, il n’a jamais été préparé à s’exprimer en dehors des activités sportives comme le football. Dans les villages, les festivals ne sont pas connus. La raison étant l’absence de médiatisation. Les médias s’intéressent plus au football. Le métier que nous faisons aujourd’hui reste encore dans l’ingratitude de nos populations, parce que les chaines de télévisions et stations de radios sont aux mains des religieux et de quelques voyous».

Cible
Contrairement à son devancier, G-Laurentine Assiga, présidente du Réseau des journalistes culturels du Cameroun, (RJ2C) nuance ses propos. Elle pense que les festivals attirent le public selon la cible. «Chaque évènement a sa cible et donc un public précis. Il y a des évènements ouverts à tous les publics et des évènements qui sont réservés à une cible précise de qualité», déclare-t-elle. «Lorsqu’on observe le Festival Yarha, il y a un public qui est composé de professionnels, un public composé de jeunes et un public composé de cinéphiles. Il y a des écoles qui envoient leurs élèves pour s’imprégner du cinéma, et on les initie à l’art cinématographique, à la lecture, à la critique. Il en est de même pour le Festival Écrans noirs. Il y a un volet consacré à la jeunesse. Et tous ces évènements et modules sont courus par rapport à la cible. Je ne voudrais qu’on se retrouve dans une confusion de public», fait savoir Laurentine Assiga.

Chaque évènement suit une démarche marketing qui est celle de sa cible. Le Grand prix de la francophilie des médias s’inscrit également dans cette mouvance. C’est un évènement select réservé aux journalistes culturels. «Vous voyez que là aussi, on a resserré l’angle comme en journalisme et pour cette cérémonie, on table pour 1000 personnes maximum au final. Pareil pour les Écrans noirs. Le palais des Congrès n’a pas 50000 places, c’est en fonction de notre public cible qu’on choisit la salle», conclut la présidente du Réseau des journalistes culturels du Cameroun.

Olivier Mbessité

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