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Faustin-Archange Touadera, président de la République Centrafricaine (RCA) : ce que je ferai de mon mandat à la tête de la Cémac

Le frais émoulu Président en exercice de la Conférence des chefs d’Etat de la Cemac est ouvert à la presse le 18 mars à Yaoundé, au lendemain de son élection pendant le sommet des chefs d’Etat de la sous-région.

 

Vous venez d’être élu par vos pairs Président en exercice de la Cémac, comment c’est arrivé? Quelles sont vos priorités ?
J’ai participé aux travaux de la quinzième conférence des chefs d’Etat de la Cémac. J’ai participé aux débats, et c’est de manière consensuelle que ses recommandations ou résolutions ont été prises. Je remercie le président Paul Biya d’avoir eu l’initiative de la convocation de cette conférence en ce moment. C’est une conférence qui a été très bien organisée, avec des thématiques et une bonne préparation. Je remercie aussi le peuple camerounais pour l’accueil vraiment chaleureux. Je suis arrivé très tard la nuit, mais j’ai vu que les gens étaient là pour nous accueillir. Cet accueil fraternel m’a beaucoup séduit. Quand on arrive ici, on est toujours bien accueilli. On a beaucoup travaillé, et je crois que notre communauté progresse aujourd’hui. Pendant le mandat du Président Paul Biya, il y a beaucoup d’actions qui ont été accordées, beaucoup de résultats ont été obtenus. On n’en fait pas grand bruit, mais on sent que notre communauté progresse. Nous avons traversé une période très difficile avec la guerre en Ukraine, mais on voit bien que notre communauté est stable.
Les priorités sont définies ensemble au niveau de la conférence des chefs d’État. Et je suis chargé de les mettre en œuvre avec la Commission de la Cémac. A signaler que la concertation permanente avec mes pairs se poursuit. Même si on n’est pas en présentiel, on s’appelle, on se visite, pour échanger des points de vue sur des problématiques. Il y a beaucoup de réformes qui sont en cours et dont je suis obligé, dans mon rôle de Président de notre Communauté, de suivre de près leur exécution avec la Commission de la Cemac ;

Depuis quelque temps, on note quelques problèmes d’insécurité et de tracasseries diverses dans le corridor routier Douala-Bangui. Est-ce qu’on peut espérer très rapidement une commission mixte entre Bangui et Yaoundé pour régler ce problème ?
C’est très important. Il entre justement dans le cadre de la coopération bilatérale, et nous remercions les autorités camerounaises pour sa diligence à régler des problèmes sur ce corridor. Jusqu’à ce jour, le corridor Douala-Bangui est la seule voie d’approvisionnement de Bangui, outre la voie aérienne. C’est la seule voie sur laquelle les marchandises passent ou les biens, en direction de la RCA ou qui sortent de la RCA. C’est une voix très importante pour l’économie et d’ailleurs pour la RCA. Les autorités camerounaises l’ont compris, puisque nous avons de bonnes relations fraternelles. Elles nous aident efficacement. Je dois vous assurer que nous travaillons en bonne intelligence avec les autorités camerounaises. Évidemment, on ne peut pas prévoir les difficultés sur les voies, mais à chaque fois, sur des solutions très rapides. Nous demandons aux usagers de cette voie beaucoup de compréhension. Nous avons, dans la résolution de la crise en RCA, privilégié pour tous les pays voisins de la RCA des commissions mixtes. Dans l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en Centrafrique (APPR), tous nos voisins sont facilitateurs. Et pour régler ça, on a besoin d’échanger avec eux constamment. Et l’un des points importants, c’est la tenue régulière des commissions mixtes. Pendant cette période de crise, ces pays voisins, ces pays frères ont accueilli des centrafricains qui recherchent la paix. tous nos voisins sont facilitateurs. Et pour régler ça, on a besoin d’échanger avec eux constamment. Et l’un des points importants, c’est la tenue régulière des commissions mixtes. Pendant cette période de crise, ces pays voisins, ces pays frères ont accueilli des centrafricains qui recherchent la paix. tous nos voisins sont facilitateurs. Et pour régler ça, on a besoin d’échanger avec eux constamment. Et l’un des points importants, c’est la tenue régulière des commissions mixtes. Pendant cette période de crise, ces pays voisins, ces pays frères ont accueilli des centrafricains qui recherchent la paix.

L’un des défis de l’heure, c’est la réforme du Franc CFA, et vous avez pris le risque d’opter pour la crypto monnaie, le bitcoin, le Sango coin pour financer votre économie. Quelles sont les perspectives de financement alternatif de nos économies dans la sous-région ?
Vous avez suivi les résolutions de la conférence des chefs d’État. Il y a eu un compte rendu sur la crypto monnaie. Aujourd’hui, c’est un sujet qu’on ne peut pas élaguer. Dans tous nos pays, les crypto monnaies circulent. Ce sont de nouvelles réalités qui n’étaient pas prises en compte. Par conséquent, il est tout à fait normal que notre Communauté puisse réfléchir à trouver des voies pour encadrer ce dispositif. Et quant à la RCA, nous avons pensé que c’est une opportunité. C’est vrai, on parle de récupérer des monnaies, etc. Il faut donc trouver des mécanismes permettant, dans le cadre des crypto monnaies, de préciser des possibilités d’opportunités. Ce sont ces opportunités que la RCA veut saisir, mais nous n’avons aucune intention de sortir de la communauté. Nous allons continuer à respecter les règles de la Communauté en la matière.

Au moment où vous prenez la présidence à la conférence des chefs d’État, il y a un débat continental sur l’avenir sur les francs CFA. Quel ax vous allez travailler essentiellement ?
Bien que président en exercice de la Cemac, ce n’est pas seulement mon point de vue. Il s’agit du point de vue de notre Communauté. Évidemment ma position s’intègre dans les autres. Nous avons évoqué la question au cours de ce sommet. Des résolutions ont été prises. Nous avons demandé à nos institutions spécialisées, aux niveaux de la Commission de la Cemac et de la Beac de poursuivre les réflexions. Et dans un délai très court, nous reviendrons sur cette question. Je ne peux pas vous dire d’emblée. Il y a déjà eu une première réflexion sur nous avons travaillé, mais des orientations ont été données de manière très claire avec mes paires et en direction des institutions.

Dans votre stratégie pour mettre la RCA sur les rails, vous avez besoin, au plan sécuritaire, de votre armée ; vous avez besoin de ces énormes richesses dont regorge la Centrafrique pour relancer le développement.
Vous faites référence à ma déclaration, ou tout au moins à la thématique de mon discours lors du sommet des Pays les moins avancés (PMA) sous l’égide des Nations unies à Doha le 5 mars dernier. C’est vrai qu’un pays comme la RCA a beaucoup de potentialités, et c’est ce que j’ai rappelé en disant que nous avons une grande superficie de terre arable qui une de nos potentialités. Nous avons un pays qui est bien irrigué, un sous-sol aussi riche avec 470 indices miniers reconnus. Notre jeunesse est tout à fait dynamique. Parce que, c’est un pays à 70 % de jeune. Nous avons notre forêt, nous faisons partie du bassin du Congo qui est le deuxième poumon économique de la planète. Nous avons autant de potentialités qui devraient nous permettre de développer le pays. Malheureusement, nous n’y arrivons pas. Il y a des freins. Et parfois des freins qui viennent de l’extérieur. Aujourd’hui, la désinformation vient que ces freins viennent de l’intérieur. C’est vrai, il y a aussi des freins qui viennent des autres défis qui s’imposent à nous et qui nous empêchent de pouvoir progresser. Vous avez mentionné les embargos sur les armes. Un pays a besoin de se défendre. C’est vrai que nous avons connu en 2013 des moments difficiles, mais la RCA s’est montrée très résiliente. Et il nous faut notre outil de défense pour protéger nos populations contre les bandits et les prédateurs. Aujourd’hui en Centrafrique, nous avons engagé des débats politiques avec les groupes armés ; sur un trouvé des accords ; malheureusement, il y a certains leadeurs qui continuent de faire autre chose. Comment imaginez-vous qu’on continue toujours de mettre ce pays sous embargo, pour empêcher son armée d’avoir les moyens de protéger sa population ? Vous trouvez ça juste ? Nous pensons que c’est un défi qu’il faut relever. Et ça, c’est la communauté internationale qui nous impose cet embargo sur les armes et nous disons que c’est injustifié, ce n’est pas normal, ce n’est pas logique, il faut qu’on lève cet embargo.

Il y a aussi les embargos sur le diamant. Aujourd’hui, il y a la sécurité dans certaines zones et nous pensons qu’il est tout à fait normal que cet embargo n’a plus sa place. On privilégie actuellement l’exploitation artisanale des mines ou des diamants. Hors des voies légales, ces diamants profitent à qui ? Aux prédateurs et aux bandits. Nous sollicitons la levée de cet embargo. Car, nous avons développé une stratégie, avec à la clé un nouveau code minier qui est en préparation.

Proposés sélectionnés par Thierry Ndong Owona et Olivier Mbessite

 

Faustin-Archange Touadéra, un «révolutionnaire» aux commandes de la Cemac

Tout ce qu’il faut savoir du nouveau président en exercice de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).

 

« Faustin-Archange Touadéra est président de la République centrafricaine (RCA) depuis février 2016. Né à Bangui en 1957, il devient enseignant en France et au Cameroun, puis devient enseignant. Il connaît une longue carrière académique et finit recteur de l’Université de Bangui, avant d’entrer en politique comme Premier ministre de François Bozizé de 2008 à 2013», peut-on lire dans Jeune Afrique (février 2016). Mais il y a plus. Du fait de l’instabilité politique dans son pays et de l’insécurité grandissante, l’universitaire et homme politique va s’exiler en 2014 en France avec son épouse et ses trois enfants. Après avoir passé 6 mois sur la base de l’Organisation des Nations unies (Onu) à Bangui. Il est membre du parti politique KNK jusqu’en 2015.

Homme d’action et de décision
Le président en exercice de la Cemac passe pour être un homme d’action autant qu’un homme de principes. Le Pr Faustin-Archange Touadéra a en effet pris plusieurs décisions courageuses pour ramener la paix et la stabilité en Centrafrique. L’une d’elles est la signature le 6 février 2019 à Bangui par son gouvernement, de l’Accord politique pour la Paix et la Réconciliation (APPR). Une autre plus controversée porte sur le rapprochement avec la Russie et sur la sollicitation des services du groupe paramilitaire russe Wagner. Cette décision est prise comme un affront en Hexagone. Le président français, Emmanuel Macron, gèlera dans un premier temps l’aide de son pays à la RCA, décidera ensuite du retrait des coopérants français, fera enfin pression pour obtenir au Conseil de sécurité de l’Onu un embargo sur les armes.

Cryptomonnaie
Le magistère du président centrafricain est également marqué par une décision iconoclaste portant sur la création d’une cryptomonnaie en RCA : le Sango. Elle est considérée par la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) comme quelque peu en rupture avec le traité instituant l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac) et le franc CFA comme seule monnaie ayant cours légal et pouvoir libératoire dans l’espace communautaire. Le Pr Faustin-Archange Touadéra s’en défend et indique à ce propos « que l’on ne peut pas fermer les yeux et faire comme si les crypto-actifs n’existent pas, alors que c’est une réalité et qu’ils circulent déjà dans nos pays ». Le nouveau président en exercice de la Cemac insiste cependant au cours de son point de presse ce 18 mars 2023 à Yaoundé, « sur la décision prise par la Conférence des chefs d’État demandant d’encadrer les cryptomonnaies ». Une évolution actée par ses paires jugée encouragée. Au nom notamment de la solidarité qu’il entend placer au cœur de ses actions et de son mandat. De façon à pouvoir relever les défis financés par la Cemac fait encore face. Qu’il s’agisse de la libre circulation des personnes et des biens, de la réforme du franc CFA, de la poursuite de la mise en œuvre des projets intégrateurs, de l’import-substitution ou de la consolidation de la résilience des économies de la sous-région face aux chocs extérieurs…

Théodore Ayissi Ayissi

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