Face aux Comores : Victoire au goût amer pour le Cameroun

Loin d’être saluée comme l’aboutissement d’une démonstration de force de la sélection camerounaise, l’issue victorieuse de la rencontre, 2 buts contre 1, est moquée et critiquée par certains commentaires présentant les Cœlacanthes comme les véritables héros du jour. La bousculade survenue avant le match, avec pour bilan une dizaine de morts et 50 blessés graves, donne un zeste d’horreur à ce match à oublier au plus vite.

Forcing et bousculade meurtrière à l’entrée Sud du stade d’Olembé hier soir

La victoire du Cameroun face aux Comores était très attendue ce 24 janvier 2022 au Stade d’Olembé. Cette attente n’a pas été déçue, si l’on s’en tient au score final de la rencontre. Il affiche à l’issue des 90 minutes de jeu, deux buts contre un en faveur des Lions indomptables. Des réalisations portant la griffe de Karl Toko-Ekambi à la 29ème minute de jeu et du capitaine Vincent Aboubakar à la 70ème minute du match, côté Cameroun. Chez les Comoriens, c’est par l’entremise de Youssouf M’Changama, à la 81ème minute de la rencontre, que les Cœlacanthes vont faire parler la poudre. D’un missile tiré sur coup de pied arrêté, le joueur comorien prend le meilleur sur André Onana et relance le suspense. Sans grande conséquence cependant sur l’issue du match, puisque finalement le score ne change pas.

Les Lions vainqueurs, les Cœlacanthes héros

Déboires et malheurs
Les huitièmes de finale s’annonçaient pourtant plus compliqués pour la sélection comorienne. En effet, deux jours avant la rencontre, la fédération de football de ce pays annonçait à la presse nationale et internationale que «les Cœlacanthes sont touchés par le Covid-19 avec 12 cas positifs». Comble de malheur pour les adversaires des Lions indomptables, on retrouve parmi les joueurs concernés «nos deux seuls gardiens: Moyadh Ousseini et Ali Ahamada», renseigne un tweet de l’instance faîtière du football comorien en date de ce 22 janvier 2022.

À cette situation déjà dramatique, pour une équipe décidée à ne pas faire office de figurant pour sa première participation à une phase finale de Coupe d’Afrique des nations, il faut aussi ajouter une autre complication. Elle se rapporte à l’indisponibilité pour les mêmes raisons sanitaires «de cinq joueurs de champ: les milieux Nakibou Aboubakari et Yacine Bourhane, l’attaquant Mohamed M’Changama et les défenseurs Kassim Abdallah et Alexis Souahy», déplore dans une vidéo abondamment partagée, le manager général des Cœlacanthes, El-Hadad Hamidi.

Toutefois, l’équipe pourtant déjà très diminuée avec un sélectionneur, Amir Abdou, également parmi les grands absents, ne sera pas ridicule face aux Lions indomptables. Seulement, les Cœlacanthes sont de nouveau frappés par un coup du sort. À la 7ème minute de jeu, Nadjim Abdou écope d’un carton rouge, et les Comoriens sont en infériorité numérique face aux Camerounais.

Critiques
La somme des malheurs et le courage affiché par les Cœlacanthes ont réussi, à l’issue de la rencontre, à leur arracher la sympathie et le respect de certains experts et de l’opinion publique. De nombreux messages à leur gloire sont postés. Ils relèguent même au second plan la victoire des Lions indomptables. On peut lire dans l’une des publications: «Bravo, bravo aux Comoriens qui ont démontré un jeu impeccable malgré qu’ils jouent en infériorité numérique».

Les Lions indomptables sont hués et vilipendés. Certaines déclarations vont jusqu’à insinuer et dénoncer un favoritisme ourdi par la CAF et l’arbitre du match. Patrick Juillard est de ceux qui défendent cette thèse. Dans un de ses tweets, il entonne cet hymne et va jusqu’à critiquer vertement le président de la Fédération camerounaise de football. «Dommage que Samuel Éto’o, président de la Fédération camerounaise élu pour remettre le football au centre des préoccupations, n’ait pas appelé la CAF à laisser les Comores défendre leurs chances avec un gardien de but de métier. Il en serait sorti grandi», signe ce dernier. Il rejoint en cela James Ngumbu, également sur la même ligne d’attaque. Le journaliste congolais (RDC) écrit sans ménagement en effet: «grosse honte. À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire».

Héros
Son compatriote, Youssouf M’Changama a certes été désigné homme du match par les experts de la Confédération africaine de football (Caf). Mais c’est bien Chaker Alhadhur qui a le plus fait sensation au cours de la rencontre ayant opposé les Comores au pays organisateur. Le latéral gauche des Cœlacanthes a été titularisé dans les cages. Et il s’est illustré par de belles et nombreuses interventions. Au point de susciter l’admiration de Joseph Antoine Bell. «Sur une longue durée, il n’aurait pas tenu. Mais, au vu de ses performances, c’est un exemple. Il aurait dû être désigné homme du match. Nos amis du Comité technique de la CAF ont manqué de tact et de fair-play», a déclaré l’ancien gardien vedette des Lions indomptables sur les antennes de la CRTV radio.

Théodore Ayissi Ayissi

La chronique de la CAN

Monstrueuse indécence contre le Cameroun

«L’environnement n’est pas clément pour les joueurs: la chaleur assomme, la nourriture n’est pas terrible, les moustiques nous attaquent». Bruno Da Cruz, médecin de la Guinée l’a dit sur TV5 Monde dimanche dernier. Le même jour, le Belge Tom Saintfiet (sélectionneur de l’équipe gambienne) prononce des phrases portant en elles le lourd poids de la mauvaise foi: «mes joueurs ne sont pas respectés par l’organisation de la CAN; six joueurs dorment dans la même chambre, avec le même sanitaire, la même douche, et seuls deux, trois membres du staff ont une chambre individuelle. L’hôtel et les infrastructures où nous sommes, j’ai travaillé 14 ans en Afrique, je n’ai jamais vu ça !»

C’est à croire qu’à la faveur de la 33e CAN, certains ont fait le voyage du Cameroun pour instrumentaliser les propriétés constitutives d’un système médiatique où tout défile au rythme de l’immédiateté, afin de mettre à mal le Cameroun et son peuple. Sans emprunter quelque détour sémantique, d’autres réinventent leurs propres illusions sur la trame d’un réel qu’ils entendent dompter en peignant le pays de Roger Milla en noir. Oui, lors de cette CAN, on a vu des gens monter en première ligne pour montrer combien le Cameroun est plus qu’un enfer et qu’ailleurs (probablement chez eux) est nettement un paradis. Pas besoin d’aller plus loin dans la démonstration: occuper le terrain par une com’ de tous les instants, du prospectif au sportif, n’a dès lors d’autre objectif que de peindre le Cameroun en noir devant la communauté internationale. Une mauvaise foi sans nom, noyée dans des illusions de paroles vraies. Une monstrueuse indécence vis-à-vis d’un pays au sein duquel la protection des étrangers et le devoir de l’accueil correspondent à des valeurs religieuses.

Jean-René Meva’a Amougou

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