Ce n’est un secret pour personne. Au Cameroun, plusieurs ménages profitent gracieusement de l’énergie électrique sans débourser le moindre radis.
Ceci, le plus souvent avec la complicité des agents de la société Eneo. Depuis plusieurs années, ces pratiques frauduleuses ont de lourdes conséquences sur le réseau électrique: délestage et autres souvent imputés à tort au distributeur de l’énergie électrique. Nombre de ménages payent le prix fort des connexions illégales au réseau électrique. Il s’agit de 70% de clients honnêtes qui subissent 30% des dégâts causés par les consommateurs indélicats.
Cout
La facture de tous ces forfaits est bien lourde pour la société et même le pays. Dans une note d’information publiée sur le site internet d’Eneo, il est clairement indiqué que “les pertes de trésorerie sur l’ensemble du système électrique représentent plus de 60 milliards de francs CFA par an”. Une somme largement supérieure au budget d’investissement de la société, estimé à 45,7 milliards FCFA en 2020.
Mesure
Contre cette fraude, les acteurs du secteur se sont mobilisés. Au premier rang de ceux-ci, l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel). Le 20 juillet 2020, sur les antennes de la Cameroon Radio Television (Crtv), le directeur général de cette institution a soulevé l’urgence de réguler les installations de distribution de cette denrée. Pour Jean Pascal Nkou, “lutter contre la fraude est un enjeu de survie pour le secteur électrique”. L’objectif est de garantir la sécurité du réseau, des installations et des hommes, des clients y compris celle des individus inconscients qui se livrent à des tripatouillages sur les réseaux électriques. Dans ce chapitre, apprend-on, il est précisément question d’“éliminer les poches de baisse de tension, améliorer la qualité de l’énergie pour permettre aux clients de profiter de leurs équipements électroménagers ou industriels”, lit-on sur la note de la société Eneo.
Consulté à ce sujet, Georges Ngono Edzoa se montre ferme. Pour lui, la fraude est une gangrène qu’il faut “combattre”, “mais dans les règles de l’art”. Le leadeur du mouvement consumériste du secteur de l’eau et de l’électricité appelle les consommateurs en situation d’irrégularité à cesser leurs manèges. Il les rassure d’ailleurs qu’aucune mesure de sanction ne sera prise contre eux pour le moment. “On ne va plus facturer les sanctions de fraude, on régularise les énergies qui n’ont pas été enregistrées dans le compteur. On laisse la présomption d’innocence aux consommateurs, puisqu’on peut imaginer que le compteur puisse avoir des irrégularités…”, explique-t-il.
Joseph Julien Ondoua Owona, stagiaire