En route pour la Fédération

Le Burkina, le Mali et la Guinée doivent mutualiser leurs expériences. Telle est la teneur du discours prononcé le 9 février 2023 par le Premier ministre burkinabè qui recevait les ministres malien et guinéen des Affaires étrangères.

Apollinaire Kyelem pense que la fédération est le rêve de nos peuples qui ne demandent qu’à vivre en paix et en sécurité, à vivre dans une vraie démocratie et non dans une démocratie tronquée». Pour lui, «il faut qu’il y ait des précurseurs qui indiquent le chemin et les trois pays sont prêts à être ces précurseurs-là». Il admet que «le chemin ne sera pas facile, mais nous sommes engagés pour la victoire ou la mort. Si nous chutons, nous laisserons nos populations désemparées. Nous ne pouvons pas prétendre les diriger sans connaître leurs aspirations et sans prendre le risque pour les réaliser.» Si Kyelem affirme ne pas être contre la Cédéao, il estime toutefois que cette dernière «devrait apprendre à respecter les autres». Il rappelle au passage que, «chaque jour, des Burkinabè tombent, des infrastructures sont dynamitées» et qu’ils n’ont reçu «aucune aide de la Cédéao». C’est pourquoi il refuse que celle-ci leur dicte leur conduite.
Pour moi, les trois pays ne devraient nullement tenir compte de l’avis de la Cédéao. Pourquoi? Primo, parce que cette organisation prit le 9 janvier 2022 à Accra des sanctions économiques et financières «inhumaines, illégales et illégitimes» alors qu’elle est fondée sur la solidarité et que le Mali n’avait commis aucune infraction vis-à-vis de la Bceao. La preuve en est que la Cour de justice de l’Uemoa demanda la suspension de ces sanctions quelques semaines plus tard. Secundo, parce que, hormis le président bissau-guinéen Umaro Embaló qui compara le 3e mandat à un coup d’État, la Cédéao ne condamna jamais la décision de Dramane Ouattara et d’Alpha Condé de faire plus de deux mandats. Tertio, parce que la Cédéao est instrumentalisée par la France qui apporta son soutien aux sanctions contre le Mali tout en laissant Air France continuer à desservir Bamako.
Le 7 février 2023, quand Ouattara demandait aux Burkinabè de rentrer dans les rangs, à quel rang pensait-il? À celui des marionnettes de la France et des faiseurs de putschs constitutionnels ou bien à celui des hommes libres? Le Burkina, le Mali et la Guinée semblent avoir choisi leur camp : prendre leur destin en main, aller de l’avant vers l’intégration, car ils rejettent «les dirigeants qu’on nous impose, à travers des élections truquées, à travers des coups d’État constitutionnels que les tenants de la démocratie même avalisent».

Jean-Claude DJEREKE

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