Drame d’Olembe : Discrimination à ciel ouvert des personnes handicapées

Alors que le Cocan annonce des nouvelles mesures afin que la sécurité des spectateurs soit garantie lors des prochains matchs au stade, l’on constate que le manque d’aménagements particuliers pour les personnes handicapées ayant entraîné la mort de Véronique Dorothée Djilo, lors de la bousculade du 24 janvier dernier, demeure d’actualité.

Véronique Dorothée Djilo, handicapée moteur et une des victimes
du drame d’Olembé

L’incident mortel survenu au Stade d’Olembe ne cesse de dévoiler les manquements du Cocan. La dernière, en date, a été révélée par la Plateforme nationale des organisations de promotion de l’inclusion des personnes handicapées. Au moyen d’un communiqué publié le 31 janvier dernier, cette organisation dénonce le manquement à la loi qui a conduit à la mort d’une personne handicapée lors de ce drame. «Au cours de la bousculade au stade d’Olembe le lundi 24 janvier 2022, la nommée Véronique Dorothée Djilo, handicapée moteur, professeur des Lettres classiques au Lycée d’Essazock, a trouvé la mort alors qu’elle manifestait comme tous les autres citoyens son patriotisme en allant supporter les Lions indomptables», indique la Plateforme. Et, celle-ci n’est pas allée de mains mortes pour dénoncer l’écart constatée, laquelle a été fatale à l’enseignante.

Omission
En effet, la Plateforme épingle l’absence des mesures particulières devant faciliter l’accès au stade aux personnes à mobilité réduite. Un état de fait qui tranche avec les dispositions du décret N°2018/6233/PM du 26 juillet 2018 relative à l’application de la loi N°2010/002 portant protection et promotion des personnes handicapées au Cameroun. Ce décret, en son article 24 stipule que: «l’Etat veille à l’aménagement des complexes culturels ou sportifs, les sites touristiques, les centres artistiques, ainsi que les stades, espaces et aires de jeux publics, par des équipements spécifiques, des passages appropriés et des places réservées permettant aux personnes handicapées d’y accéder aisément et de bénéficier des activités et services desdites institutions», rappelle Emmanuelle Tchotchom, directeur exécutif de la Plateforme, dans ce communiqué.

Il faut rappeler qu’au lendemain de ce drame, la Confédération africaine de football (Caf) avait suspendu le Stade d’Olembé des rencontres de football organisées par cette institution, dans le cadre de la CAN 2021. «Le stade ne sera plus utilisé tant qu’une enquête complète n’aura pas eu lieu sur les circonstances du drame», avait déclaré Patrice Motsepe, président de la Caf. À la suite de Motsepe, le président Paul Biya prescrit une enquête pour élucider les circonstances de ce malheureux incident. Ainsi, le 28 janvier 2022, le président du Comité local d’organisation de la CAN, le ministre des Sports et de l’Éducation physique, Narcisse Mouelle Kombi, rend public un rapport sur le malheureux incident.

Discrimination
Au-delà de revenir sur les circonstances ayant entraîné la survenue de ce drame, le Minsep met en exergue les mesures prises par le gouvernement afin d’éviter que l’histoire ne bégaie. Au nombre de celles-ci, nous pouvons citer: la mise en place, à bonne distance, sur les voies d’accès au stade, des postes de filtrage (check-point); la présence effective des hauts gradés des forces de défense et de sécurité à tous les postes de contrôle et points d’accès; l’ouverture de plusieurs portails supplémentaires d’accès au stade; la sécurisation de tous les couloirs d’accès au stade; etc.

Des mesures qui ne font pas cas de la prise en compte des personnes handicapées, pour ce qui est de leur accès au stade. «Les personnes handicapées ont le regret de constater que le rapport d’incident produit par le Cocan en date du 28 janvier 2022, dans les mesures correctives prises par le gouvernement ne fait aucunement mention des aménagements relatifs à l’accessibilité et la sécurité des personnes handicapées dans les infrastructures sportives pour la suite du processus», dénonce la Plateforme. À la suite de ce communiqué, Emmanuelle Tchotchom a saisi le président du Cocan et celui de la Caf, sous le couvert de la Fecafoot, afin que des mesures urgentes soient prises afin que l’inclusion des stades et notamment de celui d’Olembe soit une évidence.

Bobo Ousmanou

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *