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Dr. Richard ZOGO EKASSI : Exorciser la Zone des trois frontières des démons de la péninsule de Bakassi ou de Boko Haram

Le conseiller technique auprès de la Commission de la Cemac présente les enjeux liés au développement de la bande frontalière entre le Cameroun, le Gabon et la Guinée Équatoriale.

Dr. Richard ZOGO EKASSI

La deuxième rencontre sur la zone des trois frontières se tient à Oyem (Gabon) en début de semaine prochaine. Quels sont les enjeux de ce rendez-vous?
Comme vous le savez déjà, la Commission de la Cemac encadrera du 14 au 16 octobre prochain à Oyem (Gabon) les travaux de finalisation et d’adoption du document des termes de référence pour la formulation du programme de développement de la zone des trois frontières Cameroun – Gabon – Guinée Équatoriale.

Il s’agit globalement de traduire dans les actes, la volonté politique de nos chefs d’État du Cameroun, du Gabon et de la Guinée-Équatoriale, à faire de la Zone de leurs trois frontières, un pôle sécurisé de développement économique et de croissance, doté d’infrastructures et d’équipements permettant d’assurer un développement harmonieux de la sous-région. Cette ambition avait clairement été exprimée à l’occasion de la 8ème session de la Grande commission mixte Cameroun/Guinée Équatoriale tenue en aout 2012 à Yaoundé, et reprise dans une Déclaration de S.E. M. Ali Bongo Ondimba, président de la République gabonaise, lors d’un colloque à Libreville en novembre 2012.

À ce jour, les trois pays concernés ont déjà créé un cadre de discussion visant la mise en place effective d’un Programme de développement intégré de la zone des trois frontières (Cameroun-Guinée Équatoriale-Gabon) en abrégé «PDIZTF».
C’est donc pour accompagner l’implémentation de cet ambitieux programme que la Commission de la Cemac s’est engagée à encadrer les actions des trois États concernés, aussi bien dans l’exécution que dans le séquençage des activités.

Pourquoi avoir choisi la capitale du Woleu – Ntem pour tenir cette rencontre? Quel est la feuille de route du groupe de travail mis en place dans la zone des trois frontières?

Du mercredi 28 février au samedi 3 mars 2018 s’était tenue à Ambam au Cameroun, la première concertation tripartite sur la mise en place effective du Programme de développement intégré de la zone des trois frontières -Cameroun-Gabon- Guinée Équatoriale et la Commission de la Cemac y avait pris part.

Le choix de la ville d’Oyem au Gabon, pour abriter les travaux de la seconde concertation du genre, répond simplement à un souci de rotation des sites de rencontre pour les travaux des délégations des trois pays. Il va sans dire que la troisième réunion tripartite de ce programme se tiendra dans une des villes frontalières de la Guinée Équatoriale.

L’agenda ou la feuille de route du groupe de travail constitué des délégations des trois pays, sous l’encadrement technique et financier de la Commission de la Cemac, se confond avec le cycle classique d’un programme de développement à savoir: l’identification, la formulation – recherche des financements et la mise en œuvre du programme à travers l’exécution effective des actions planifiées. Pour l’heure, l’on en est à la phase de finalisation et adoption des termes de référence pour l’identification et la formulation de cet important programme. C’est bien l’objet des deux jours des travaux qui auront lieu ces 15 et 16 avril 2019 à Oyem au Gabon.

À quoi faut-il s’attendre après ce rendez-vous?
Le résultat attendu du rendez-vous d’Oyem est un document finalisé des termes de référence sur une base consensuelle, pour la formulation du programme qui sera mis en place.

En d’autres termes, il s’agira de définir et d’adopter la feuille de route de l’équipe d’assistance technique qui sera mobilisée pour la formulation du programme de développement Intégré de la zone des trois frontières (Cameroun-Guinée Équatoriale-Gabon) en abrégé «PDIZTF».

Le document issu des travaux d’Oyem servira ainsi d’instrument de plaidoyer à la Commission de la Cemac, pour la mobilisation des ressources, partenariats techniques et financiers nécessaires à la formulation du programme PDIZTF.

Quels sont les enjeux géostratégiques sur la zone des trois frontières? Concrètement, que pèse cette zone au sein de la Cemac?
Tirant les leçons l’histoire, notamment des récents évènements sur la Péninsule de Bakassi dans la Région du Sud-Ouest, et des flasques de Boko-Haram dans la partie septentrionale du pays, la nécessité de promouvoir les activités de développement intégré au niveau de nos frontières, en bonne synergie avec les pays voisins, apparait comme une urgence.

Les localités frontalières du Sud Cameroun qui partagent une longue frontière de plus de 200 km avec la Gabon et la Guinée Équatoriale, n’échappent pas à cette réalité. L’insuffisance critique en infrastructures socioéconomiques de base qui les caractérise, justifie à tout le moins leur porosité, ainsi que l’insécurité à laquelle elles restent exposées en permanence.
Le Programme de Développement Intégré de la Zone des Trois Frontières (Cameroun-Guinée Équatoriale-Gabon) en abrégé «PDIZTF» pourrait ainsi apporter quelques éléments essentiels de réponse à la problématique décrite plus haut.

Outre la gestion plus contrôlée de la sécurité et l’amélioration de la qualité de la vie des populations riveraines avec la mise en place des infrastructures socioéconomiques de base qui induiraient une réduction substantielle du chômage des jeunes, le programme permettrait à chaque État parmi les trois, de tirer meilleur profit de la proximité de ses voisins. Il pourrait également contribuer à améliorer la compétitivité des économies respectives des trois pays sur les marchés internationaux, tout en valorisant le marché des produits locaux, et attirant des investissements directs étrangers dans la zone.

Vu sous ce prisme, le PDIZTF pourrait transformer la zone frontalière en véritable pôle de développement pour la sous- région Afrique Centrale, servant ainsi de levier pour la diversification des économies et d’accélérateur de croissance, en liaison étroite avec les axes stratégiques du Programme Économique Régional de la Cemac.

Quel avenir pour la zone des trois frontières?
Posant l’hypothèse que la dynamique en cours ne fera pas l’effet d’enthousiasme ad-hoc, il y a lieu d’espérer à moyen terme, un avenir meilleur pour les économies de la sous-région Afrique centrale en général, et pour l’amélioration de la qualité de la vie des populations riveraines de la zone des trois frontières (Cameroun – Gabon – Guinée Équatoriale) en particulier.

 

FEUILLE DE ROUTE

 

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