Palais Polyvalent des Sports de Yaoundé. C’est ici que la Fédération Africaine pour l’Amélioration de la Sécurité Sanitaire des Aliments (FAASSA) a tenu sa première édition de la Semaine des Acteurs de la Sécurité Sanitaire des Aliments (SASSA), avec pour objectif d’emmener les consommateurs camerounais à s’intéresser davantage à ce qu’ils mettent dans le ventre. Placée sous le patronage du Premier Ministre, chef du gouvernement, l’évènement a bénéficié du parrainage du ministère de la santé. Le Minsanté, la douane, Camwater, le MINDMIT, la SPC, l’université de Ngaoundéré et la SODECOTON comptent parmi les participants à cette première édition du SASSA. Dr Mamoudou Assana, Chef de Division Elevage, à la SODECOTON, nous aide à mieux cerner les contours des produits défendus le fleuron de l’agro-industrie du septentrion camerounais.
Vous avez pris part à Yaoundé, à la Semaine des Acteurs de la Sécurité Sanitaire des Aliments et on a bien vu que la SODECOTON y est venue promouvoir son savoir-faire et surtout deux de ses produits. Est-ce que vous pouvez préciser pour nos lecteurs quels sont ces produits ?
A l’occasion de cette toute première édition de la SASSA, la SODECOTON a exposé, en ce qui concerne les produits, l’huile diamaor d’abord, qui est une huile végétale, 100% issue de l’agriculture camerounaise. Elle est extraite de l’amende de la graine de coton et qui est enrichie en vitamine A et vitamine E. C’est une huile sans cholestérol, riche en acide gras polyinsaturée (oméga 3 et oméga 6). C’est la doyenne des huiles de table au Cameroun puisqu’elle est produite et consommée par des générations de nos compatriotes depuis 1957.
Nous avons également apporté avec nous le tourteau de coton destiné à l’alimentation animale. Et actuellement la SODECOTON produit deux types de tourteau (l’alibet et le nutribet). L’alibet étant un tourteau déshuilé enrichi en calcaire et en minéraux, destiné principalement aux ruminants. Le nutribet quant à lui est gras, riche en calcaire, en minéraux et en vitamines. C’est un tourteau destiné à toutes les espèces animales.
Au-delà de ces deux tourteaux, signalons qu’un troisième type de tourteau appelé farine 21 riche en protéines et faible en cellulose, vient de voir le jour. Elle est destinée à toutes les espèces animales (les monogastriques et les polygastriques).
Revenons aux tourteaux de coton, qui nous semble quelque chose de nouveau. Comment est-il produit ?
Très brièvement, disons que le coton graine qui vient des champs, est égrené par des usines d’égrenage. La SODECOTON en dispose neuf à ce jour. Egrener, pour notre gouverne, signifie séparer la fibre de coton de la graine. Tandis que la fibre de coton obtenue après égrenage est conditionnée sous forme de balle de coton et destinée essentiellement à l’exportation, la graine de coton elle, prend la direction des huileries pour y être triturée. De façon schématique, la graine de coton qui constitue la matière première de nos huileries passe dans les usines où elle est décortiquée et broyée, pour obtenir l’amande et la coque. La coque est utilisée comme combustible dans la chaudière, qui produit de l’énergie. La même coque est aussi utilisée comme aliment de lest pour nourrir le bétail.
Revenons à l’amende qui est cuite dans les cuiseurs à haute température. A la sortie des cuiseurs, elle va passer à l’extraction où l’huile est extraite à l’aide du solvant (hexane). Il en résulte la farine et l’huile brute qui va passer à la raffinerie, pour obtenir de l’huile raffinée après décoloration et désodorisation. La farine de son côté est envoyée à l’atelier de pelletisation où on lui ajoute la coque, le calcaire, le sel et le complément minéral vitaminé pour obtenir l’alibet pelletisé. Il conditionné en état que nous appelons farine, c’est-à-dire sans ajouts d’ingrédients extérieurs, et il est très riche en protéines.
Est-ce qu’on peut savoir les quantités de tourteau de coton produites par la SODECOTON au bout d’une année ?
En ce qui concerne, la quantité produite annuellement, elle se situe autour de 70 mille tonnes environ. Cela dépend en fait de la quantité de graines de coton obtenue après égrenage et après prélèvement de la semence. Et les deux dernières années la SODECOTON commercialise annuellement au moins 300 mille tonnes de coton graine. L’entreprise est engagée dans une dynamique de hausse significative de sa production. Elle ambitionne d’atteindre, d’ici 2025, 600 000 tonnes de coton graine, ce qui signifie au bout de rouleau, plus de graines. Pour être à même d’accueillir cette grosse production, des mesures sont entrain d’être prises pour la mise sur pied, des deux nouvelles usines d’égrenage et d’une nouvelle huilerie. Comme résultat de course, la SODECOTON sera dès lors à mesure de proposer aux camerounais plus d’huile de table et plus de tourteau de coton. Donc la quantité de tourteau résultant de la trituration sera de plus en plus élevée. Ceci oblige à chercher d’autres débouchés, notamment vers la partie méridionale où on sait que la filière avicole et porcine est très développée.
Et la concurrence extérieure ne vous fait -t -elle pas peur ? puisqu’on sait qu’il y’a des tourteaux qui viennent du Tchad sur le marché camerounais.
Je pense que la concurrence est là. Nous sommes dans la zone CEMAC, et nous devrions faire face à cette concurrence, en allant vers les clients, en leur expliquant les avantages de notre tourteau. Mais aussi et surtout, il faudra que les consommateurs camerounais puissent se dire qu’il y a les produits locaux, le made in Cameroon. Il faut consommer ce que nous produisons. Et cela peut développer notre agriculture et par conséquent améliorer les conditions de vie de nos producteurs. Et c’est pour ça que nous ne lésinons pas sur les moyens pour venir au niveau des foires et des fora afin de promouvoir et faire connaitre nos produits, surtout en cette période de crise sanitaire liée au Covid, où les fermes camerounaises ont du mal à importer de la provende. Des solutions locales et adaptées existent. Nous sommes aussi totalement disposés à produire à la carte. Il suffit pour cela, de tout simplement prendre langue avec nous.
Est-ce qu’on peut avoir une idée des prix et si un lecteur a besoin de tourteau pour sa ferme, comment peut-il accéder à ce tourteau de la SODECOTON ?
En ce qui concerne la commercialisation, le Directeur commercial a participé aux assises de cette première édition de la SASSA et comme vous le savez, la SODECOTON est une entreprise citoyenne qui répond aux lois et règlements du pays. Par conséquent, on vend à tout le monde : les commerçants, les groupements d’éleveurs, des coopératives, qui peuvent directement acheter auprès de la SODECOTON. Mais il faut être en règle avec le fisc et agréé auprès de l’entreprise. Nous avons des règles très simples qu’il faut respecter. Donc nous avons une diversité de clients. Pour ce qui est des prix la direction générale a fait des efforts pour le maintenir à un niveau plutôt bas. Actuellement l’alibet est vendu à 5 750 f CFA hors taxe, le Nutribet est vendu à 6 800 FCFA le sac de 60kg et la farine 21 est vendue à 10 000 FCFA hors taxe.
Hormis le septentrion, aviez-vous les points de vente dans la partie méridionale ?
La SODECOTON ne fait pas de dépôt. Mais par contre elle vend directement aux grossistes, qui les revendent en détail. Et aussi nous avons des partenaires, éleveurs et provendiers qui achètent nos tourteaux, depuis Garoua et Maroua, et les distribuent dans la partie Sud de notre pays.
Propos recueillis par Olivier Mbessité, (Stagiaire)