Selon des analyses, le chef de l’Etat s’en est servi pour répondre à la colère médiatisée électroniquement par une jeune suite à la hausse des prix du carburant à la pompe.
«Je sais que, comme vos parents, vous êtes préoccupés par la récente augmentation des prix des carburants à la pompe. Vous êtes également, sans doute inquiets, des répercussions qu’elle pourrait avoir sur vos conditions de vie. Je tiens à vous assurer que les efforts nécessaires ont été faits, pour maintenir dans des proportions raisonnables ce réajustement. Afin de préserver le pouvoir d’achat des ménages, j’ai également donné des instructions pour geler les prix du gaz domestique et du pétrole lampant. Vous devez savoir que cette opération s’est avérée inévitable, en raison des contraintes budgétaires actuelles et de notre souci d’éviter les pénuries. En dehors des différentes mesures d’accompagnement que j’ai décidées, des discussions constructives se poursuivent entre le Gouvernement et ses partenaires sociaux. Elles visent à préserver la viabilité des activités des secteurs concernés et les intérêts des usagers et des consommateurs». Prenons les mots.
Prenons les phrases. Jouons à les mixer et à les triturer sous l’aiguillon de Paul Biya. Dans son discours à la jeunesse le 10 février 2024, le chef de l’Etat sait que ceux à qui il s’adresse agissent souvent sous couvert de figures paternelles plus cyniques et moins visibles. «C’est du fait des actualités plus récentes faisant état de jeunes qui manifestent leur mécontentement sur les réseaux sociaux que le président de la République a pensé à apporter une réponse», analyse Fabiana Essama. «Autrement dit, enchaine la jeune sémioticienne, la colère générée par la hausse des prix du carburant qui a été médiatisée électroniquement par un jeune, pourrait être le précurseur de mouvements sociaux. C’est à cela que le président a voulu répondre».
«En procédant de la sorte, Paul Biya a voulu apaiser les «jeunes subversifs potentiels et tous ceux qui aspirent à se servir de la nouvelle tarification du carburant à la pompe comme tremplin. Car, en fin politique, il sait que les jeunes sont des carrefours, des points de connexion entre l’ici et l’ailleurs, entre le même et l’autre, entre les identités propres et un imaginaire national», explique Jean-Marc Bikoko.
Ongoung Zong Bella