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Diplomatie économique : Jeu d’égos maghrébins au Cameroun

Le Maroc, la Tunisie et l’Algérie sont, depuis plus d’une dizaine d’années, épris d’un élan d’investissements sur fond de rivalité.

Le minitère des Relations extérieures au Cameroun, au coeur des enjeux de séduction

L’on devra, d’ici peu, s’accommoder du nouveau format des relations commerciales entre l’Algérie et le Cameroun. Dans une interview parue dans le quotidien Cameroon Tribune du 6 février 2019, Merzak Bedjaoui, l’ambassadeur d’Algérie au Cameroun, annonce la signature d’un ensemble d’accords entre les deux pays. Avec bonheur, le diplomate rassure : la grande Commission mixte algéro-camerounaise, mise en hibernation depuis 1986, est sur le chemin de la relance. Si les délais de celle-ci ne s’affichent pas en grosses lettres, cette actualité met en relief la dynamique implémentée par Alger afin de renforcer ses relations avec Yaoundé.

Pour d’autres pays du Maghreb, les percées au cœur du Cameroun ont fini de se chercher une traduction exclusivement diplomatique. Sur l’axe Rabat-Yaoundé, depuis 2012, le cadre juridique de la coopération est étoffé par des accords. Signés au terme des travaux de la 2e session de la grande Commission mixte de coopération entre les deux pays, ils sont relatifs à la protection des investissements, à la fiscalité, à l’urbanisme et à l’habitat. Il en découle un accroissement des investissements marocains au Cameroun, notamment dans le secteur bancaire.

En 2008 à Tunis, au crépuscule de la 8e session de leur commission mixte, le Cameroun et la Tunisie ont paraphé des documents. Il s’agit notamment des accords (énergétique, géologique et minier) ; un programme exécutif de l’accord-cadre de coopération économique, scientifique, culturelle et technique pour la période 2009-2011 ; un mémorandum d’entente pour les consultations diplomatiques régulières entre Tunis et Yaoundé ; et d’un accord préférentiel de coopération technique.

Raison
«Eu égard à ce qui se développe sous nos yeux, l’impression d’un déploiement du Maghreb central au Cameroun se confirme depuis au moins une décennie», évalue Louis Moutassi. Dans le fond, indique le spécialiste camerounais du Maghreb à l’Institut d’études de sécurité (ISS) de Dakar au Sénégal, «ce déploiement reprend le jeu des égos nationaux». En effet, dans leur élan d’activités au Cameroun, chacun, parmi le Maroc, la Tunisie et l’Algérie, dit être le meilleur remède contre la dépendance et le sous-développement. «C’est la raison pour laquelle les investissements directs de chacun se multiplient.

Ces actifs sont parfois portés par l’encouragement diplomatique et financier que leur accorde leur gouvernement camerounais», situe Jean-Baptiste Bissemou de la Fondation Paul Ango Ela de Yaoundé. «Dans l’actuelle frénésie d’investissements, ajoute le consultant en intelligence économique, ces trois puissances maghrébines, économiquement interdépendantes, sont donc aussi des rivaux stratégiques dans d’autres pays à fort potentiel commercial comme le Cameroun».

Celui qui décline la motivation maghrébine est, sans parler au nom des autres, l’Algérien Hocine Boubtina. Approché par le magazine Investir au Cameroun en décembre dernier, le secrétaire général de l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex) est formel: «Le Cameroun est une porte ouverte vers la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), qui est un groupement économique très important, avec 120 millions de consommateurs, ce qui représente un énorme potentiel pour nous».

 

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