Digital, agroalimentaire et énergies renouvelables : piliers d’un renouveau économique

Ils constituent le point de départ et d’ancrage de la nouvelle dynamique impulsée par le Forum économique Afrique centrale.

Le panel principal du Feac

«Nous avons jeté notre dévolu pour cette première édition sur trois secteurs. Il s’agit du digital, de l’agroalimentaire et des énergies renouvelables». Le choix de ces branches semble couler de source pour le promoteur du Feac. «Ce sont des secteurs porteurs et capables d’attirer et d’intéresser les investisseurs internationaux et même locaux», explique Jean Baptiste Fouda.

Digital
«Tout aujourd’hui passe par le digital. Même au niveau de l’agriculture. Nous sommes aujourd’hui capables d’arroser nos champs grâce à des applications». Bien mieux pour le directeur général de A & B Business consulting Sarl, «en automatisant tous ces secteurs, on crée des emplois et des facilités de travail à l’être humain».
L’atelier thématique organisé à l’occasion du Feac est parvenu aux mêmes conclusions. Les applications sont en effet en la matière multiples. Exemple avec «‘‘Tabsanté’’ pour permettre une meilleure prise en soin au niveau des dispensaires et des centres de santé. Nous sommes présents au Cameroun et nous sommes en pourparlers avec le gouvernement gabonais pour pouvoir y appliquer la même formule», se félicite Harris Tagne, président du Progamme africain de développement participatif (PADP).

L’expérience du ministère camerounais des Postes et Télécommunications (Minpostel) est également enrichissante. «La touche du ministère était de présenter les opportunités qu’il y a dans ce secteur et ce que le ministère fait en faveur de la jeunesse et des startuppeurs». Jores Ntsama évoque entre autres, «la mise sur pied du CDIC (Cameroon digital innovation Center), pour apporter aux startuppeurs un environnement favorable à leur éclosion». Le Cadre du Minspostel se réjouit par ailleurs de la mise sur pied de la National payment switching Interface (NPSI). En ce qu’elle permet «au start-ups d’avoir accès directement aux millions d’abonnés des opérateurs de téléphonie mobile». Une solution qui peut inspirer d’autres gouvernements de la sous-région.

Agroalimentaire et énergies renouvelables
Les deux secteurs figurent aussi parmi les priorités à apprivoiser par les PME de la Cemac. Compte tenu pour le premier de la trop grande importance des importations en Afrique centrale et de la vulnérabilité de la sous-région par rapport aux chocs exogènes. Un défi essentiel est la qualité des produits. L’Organisation africaine de la Propriété intellectuelle (OAPI) a également mis un accent dessus. En incitant les chefs d’entreprise et autres porteurs de projets à protéger lesdits produits et les marques qui peuvent en découler. Car de toutes ces précautions, dépend aussi la rentabilité de la production.

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Quant aux énergies renouvelables, «nous avons au Cameroun, compte tenu de notre potentiel, deux principales solutions pour les ménages, les entreprises et les industries. En l’occurrence l’énergie solaire photovoltaïque et la petite hydroélectricité», explique Joseph Nguemo. L’expert du ministère camerounais de la Jeunesse et de l’Éducation civique (Minjec) prévient toutefois que «pour les industries, le solaire n’est rentable par rapport au réseau qu’après cinq à sept années. Et dans tous les cas, cette solution n’est compétitive qu’en cas de mix énergétique avec un groupe électrogène».

Industrialisation
«Industrialisation en zone Cemac: pour quel modèle économique»? C’est la principale question à laquelle répond ce 24 mai 2023 à Yaoundé, le représentant du Minepat. «Le modèle économique du Cameroun est décliné dans le cadre de la SND30. Et il est important aujourd’hui de structurer la politique de développement sur trois piliers». Le coordonnateur national du Centre des réseaux des filières de croissance au Minepat mentionne précisément «la création et la maîtrise des marchés qui passent par la réduction des quotas d’importations, afin de permettre aux producteurs locaux d’avoir des marchés. Ce qui se décline dans la politique de l’import-substitution». «Pour l’année 2021-2022, les chiffres au Minepat annoncent par exemple près de 480 milliards d’importation d’amidon», précise le responsable. Avant de poursuivre: «le deuxième pilier est la valorisation des matières premières qui va nécessairement passer par l’augmentation des prix hors-champs. Le dernière pilier étant celui de l’énergie».

Api, Autriche et autres investisseurs
Plusieurs investisseurs et partenaires au développement se trouvent dans la salle au moment où est présenté le potentiel de Kribi, du Cameroun et partant, de toute la zone Cemac. Des entreprises tunisiennes et allemandes manifestent d’ailleurs leur intérêt d’établir des partenariats dans notre pays et dans la sous-région. Le rôle de l’Agence de promotion des investissements (API) s’avère en cela décisif. Au regard des performances du Cameroun depuis l’adoption de loi de 2013 fixant incitations à l’investissement en République du Cameroun. «Cette loi a le mérite de regrouper 17 secteurs de codes sectoriels et ne fait aucune discrimination entre Étrangers et Nationaux. Lesquels bénéficient tous des mêmes avantages fiscaux, administratifs, financiers et douaniers».
À en croire le représentant l’API, «il y a dès lors lieu, lorsqu’on a un projet, de se rapprocher de son institution. Elle vous accompagne et vous avez la possibilité de bénéficier de toutes ces incitations qui vont vous permettre d’alléger les charges de production de votre entreprise à hauteur de 20 à 30%». Ces paroles ne sont pas tombées dans des oreilles de sourds. Surtout pour l’Autriche en pleine campagne de séduction dans la sous-région.

BDEAC
Dieudonné Evou Mekou est l’invité surprise du Forum. Le président de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale de passage dans la ville de Yaoundé n’a pas résisté à la tentation de venir faire connaître son institution. «La Bdeac est une banque de développement, un peu comme une filiale de la Banque centrale, qui est là pour financer les investissements dans tous les domaines de l’économie en Afrique centrale, y compris les études avant investissement». Seulement, précise le responsable sous- régional, «c’est des investissements à compter de 500 millions FCFA et on vient en cofinancement avec d’autres banques commerciales».

Théodore Ayissi Ayissi

Ils ont dit

Achille Bassilekin III, Minpmeesa, parrain du Feac

«Adaptation des offres de financement des PME»

Il s’agit avec les partenaires au développement d’amorcer une réflexion pour notamment voir comment accompagner les besoins de modernisation de nos PME. Aujourd’hui, une chose est de produire, mais une autre est de bien produire et de présenter des biens et services compétitifs. Ceci va évidemment avec une adaptation constante aux évolutions techniques et technologiques. Nous avons déjà exploré avec les PTF comment développer des synergies efficaces pour faciliter l’insertion des PME dans les secteurs de niches: les TIC, les énergies… des secteurs pour lesquels nous devons mieux adresser la politique d’accès aux financements. Cela passe par l’amélioration de la qualité des projets, l’assouplissement des conditions et modalités de mise à disposition des ressources et surtout, une meilleure adaptation des offres de financement.

Jean Baptiste Fouda, promoteur du Feac

«Notre plateforme accompagne les PME»

Le Forum a pour ambition de trouver au niveau de la sous-région, des financements pour les PME. C’est cette idée qui nous a galvanisés. C’était cela notre motivation. Nous n’inventons pas la roue, mais il fallait trouver des solutions pour accompagner les PME. Ce n’est pas le Feac qui investit. Nous sommes juste une plateforme d’échanges et nous les accompagnons.

Dieudonné Evou Mekou, président de la Bdeac

«Accéder à des marchés plus importants pour lever des fonds»

Depuis que nous œuvrons, nous avons mis en place un Plan stratégique de cinq ans. Il en reste désormais un peu plus de quatre pendant lesquels nous entendons nous appuyer sur trois piliers. Avec un socle commun qui est celui du développement des économies de l’Afrique centrale, mais aussi d’atteindre une notation au niveau de la catégorie investment grade. Ce qui permettrait d’accéder à des marchés plus importants pour lever des fonds. Parce que pour l’instant, nous levons uniquement les fonds dans la sous-région.

Guy Emmanuel Sabikanda, Maire de la ville de Kribi

«Le chef de l’État est clairvoyant»

La vision du chef de l’État au sujet de Kribi et de son port en eau profonde était clairvoyante. Nous faisons des efforts pour y rendre la vie facile. Nous avons vu le délégué général à la Sûreté nationale qui nous a donné l’Esir à côté d’autres corps pour assurer la sécurité.

Propos recueillis par TAA

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