Les ressortissants tchadiens installés à Yaoundé ont une oreille attentive sur la grande palabre qui se tient dans leur pays depuis le 24 août dernier. Ils sont écartelés entre optimisme et pessimisme pour une sortie définitive de la crise.
Pour certains en effet, les pourparlers engagés par les autorités en place augurent des lendemains enchanteurs. Surtout qu’il y a urgence pour un retour à la paix. «Nous ne voulons rien que la paix dans notre pays. S’il y a la paix, cela va nous motiver à rentrer au pays. Depuis quelques années le Tchad connaît des guéguerres fratricides et interreligieuses, les musulmans tuent les chrétiens et arrachent les terrains», regrette Moise Ndikli Mbaye.
Selon le vigile, il faut aussi penser à l’alternance au sommet de l’Etat. Après le décès d’Idriss Deby en avril 2021, c’est le fils qui a pris le pouvoir pour une période de transition de 18 mois censée se terminer en octobre. «Mais le chef de la junte a porté en juin un premier coup de canif à ses promesses en envisageant une prolongation de 18 mois de la transition et en remettant son destin à Dieu sur une éventuelle candidature à la présidentielle. Preuve qu’il s’accroche au pouvoir», pense-t-il savoir. «Nous voulons l’alternance au sommet de l’Etat. C’est cette boulimie des dirigeants désireux de rester aux affaires qui plombent toute tentative de réconciliation entre les différents protagonistes», ajoute ce dernier.
Le dialogue national inclusif débuté Doha au Qatar va permettre une certaine «décrispation entre les différents acteurs et nous sommes certains qu’à l’issue de ce dialogue que les différentes parties trouveront un terrain d’entente pour asseoir la paix et la stabilité au Tchad», explique Nazer Ndjarembet. Pour certains observateurs avertis, le dialogue national inclusif rencontre de nombreuses dissonances. Et il est loin d’être la panacée pour une paix durable et le développement du pays. «D’abord l’on note un problème organisationnel. Et lorsqu’on observe les parties prenantes, la majorité est issue du gouvernement. À l’exception de quelques chefs rebelles comme Mahamat Nouri et Tom Erdimi. La plateforme de la société civile comme Wakit Tama, la Fact, une branche sérieuse politico-militaire ont refusé de prendre part à ce dialogue national», regrette Mahamat Khidir.
Olivier Mbessité