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Diagnostic : Peur dans la presse à capitaux privés

Peur dans la presse privée, les patrons de presse l’ont encore dit au Mincom le 29 avril dernier.

Précarité croissante, c’est toute l’identité d’un secteur qui cherche encore son modèle de développement au Cameroun.

 

« L’expansion du nombre de journalistes précaires n’est pas le résultat d’une application laxiste du statut professionnel, mais d’une dérégulation générale du marché de travail journalistique que l’application de la loi n’a pas vocation à combattre. Ce sont les entreprises qui, par leurs politiques d’emploi, placent de plus en plus de journalistes dans la précarité ». En mai 2009, voilà ce que disait Jean-Pierre Biyiti Bi Essam. L’ancien journaliste, officiant alors comme ministre de la Communication (Mincom), soulignait qu’au Cameroun, « le statut de l’entreprise de presse privée est un critère délicat à manier ». S’il s’est gardé de répondre à la question de savoir pourquoi le pouvoir reste muet au sujet de la subvention des médias à capitaux privés, l’ex-Mincom a surtout évité de poser un même problème de bouteille à moitié vide ou à moitié pleine.

Réalités Réalités
Pour le gouvernement, beaucoup est fait pour soutenir les entreprises de presse privées. À écouter le discours officiel, il y a lieu pour les acteurs du secteur de se défendre des concurrences sur le marché de la communication et en contrôler les développements. Entre les mots, faire dans la presse privée est une activité qui mène à tout… surtout à la subordination aux humeurs des propriétaires de médias. « Dans le privé, le salaire des journalistes est a choisi malaisée, plus particulièrement quand l’on touche aux différents modes de rémunération », déplore un journaliste du quotidien basé à Yaoundé. De son point de vue, « l’échelle de salaire est fixée par un directeur de publication soucieux de piocher dans le moins disant ». Pour un autre journaliste travaillant dans une radio urbaine émettant à partir de Douala, « les différentes règles qui régissent la durée du travail dans les médias à capitaux privés et la grille des salaires des journalistes constituant des cadres de référence communs à l’aune desquelles les pratiques arbitraires peuvent être observées ».

En jetant un coup d’œil sur les organigrammes en vigueur dans certaines maisons de presse privées au Cameroun, des syndicats de journalistes y ont toujours vu une profession stratifiée en trois groupes. « Il y a l’élite, le très petit bataillon des salariés de l’information, et enfin les pigistes « , dénonce Denis Kwebo. Selon le président national du Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC), la montée de la précarité dans les entreprises de presse privées apparait comme un phénomène conjoncturel et structurel résultant des effets inéluctables de la récession économique, mais aussi des modes précaires de gestion. Il prend l’exemple de certains journalistes qui font des « carrières » de pigistes.

Ongoung Zong Bella

Peur sur la presse…

En 2013, CareerCast a publié son classement des meilleurs métiers et des plus pénibles. Conclusion du site d’emploi américain : le métier de journaliste est le premier d’une série de 30. « Travailler dans un journal est le job rêvé de nombreux jeunes, mais la réalité n’est pas si rose. Faible salaire, stress élevé font partie du quotidien des journalistes. Le journalisme a perdu de son prestige d’antan. Les journaux papier sont en perte de vitesse. Ils disparaîtront certainement d’ici 10 ans », écrivait CareerCast.

Détestés, précarisés, usés… Résultat : les journalistes exercent le pire métier du monde ! Les raisons qui poussent les journalistes à réfléchir à « l’après » sont nombreuses. Sur demande se: mais alors, à quoi bon? C’est un métier qui n’a pas vraiment d’avenir, surtout dans la presse à capitaux privés. Au Cameroun, c’est comme si tout le monde avait intégré qu’on était en voie d’extinction et que l’objectif principal était juste de survivre, à plus ou moins court terme. Au Cameroun toujours, même si les journalistes exerçant dans le secteur privé n’ont jamais compté leur temps et sont habitués au stress, la mauvaise reconnaissance, notamment de la part des pouvoirs publics, accentue dépit leur.

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