Selon l’institution, ses œuvres au pays avancent à pas de tortue en raison de la faiblesse dans la maturation des projets, les lenteurs dans la passation des marchés, dans le déblocage des fonds de contrepartie et quelque fois la faible qualité des demandes de paiement.
Le Cameroun a du mal à relancer son économie. Et pourtant, le pays reçoit des financements de nombreux partenaires étrangers. La Banque mondiale (BM) en fait partie. Ses projets financés au pays ne sont pas exécutés dans les délais. Des états effectués par Abdoulaye Seck, le Directeur des opérations de la Banque mondiale au Cameroun lors des travaux de la revue annuelle conjointe du portefeuille de coopération Cameroun – Banque mondiale. D’un montant d’environ 1 686 millions de dollars américains soit sensiblement 927 milliards de francs CFA pour 14 projets actifs, le Cameroun n’a décaissé que 271 milliards de FCFA au cours des deux ans qu’ont déjà fait ce partenariat. Un montant en deçà des prévisions du groupe bancaire qui envisage une performance d’au moins 20% avant la moitié de cette année.
A l’origine de ces chiffres quelque peu décevants révèle le patron de la Banque mondiale en poste à Yaoundé, des contre-performances de divers ordres : « Institutionnel, administratif, opérationnel et j’en passe. Pour n’en citer que quelques-unes, je mentionnerais le délai écoulé entre l’approbation des financements et leur signature, multiplié par 4 depuis 2016 de 4,25 à plus de 18 mois en 2019. Nous soutenons l’entrée en vigueur en 2018 du décret sur la maturation des projets, mais nous constatons que son application devrait s’améliorer. » Par ailleurs le Sénégalais ajoute « les délais de passation de marchés sont inexplicablement longs en dépit des dispositions favorables dont bénéficient les unités de gestion de projet, à savoir des commissions spéciales et dédiées de passation de marché. Pour certains projets d’infrastructures, le délai de contractualisation est en moyenne de 18 mois pour un consultant et de 24 mois pour les marchés de travaux. »
Des manquements relevés lors de la précédente séance annuelle d’évaluation de ce partenariat, tenu en 2020 mais qui n’ont pas fait l’objet d’une prise en compte réelle de la part des autorités de Yaoundé. Des tares énumérées par Alamine Ousmane Mey, ministre camerounais de l’Economie de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, en guise de rappel afin de réduire au néant : Les retards dans l’élaboration et l’adoption des Plans de travail et de budget annuel avec pour corollaire les retards dans la validation des Plans de passation de marché ; Les retards dans l’obtention des décrets d’expropriation et d’indemnisation des populations impactés par les travaux des projets ; La faible mobilisation des fonds de contrepartie ; La faible appropriation par les Unités de Gestion de Projet de la Loi de finances notamment de ses dispositions relatives à la prise en charge des taxes et droits de douane dans le cadre de projets à financement extérieur ; La méconnaissance par ces unités des critères d’évaluation de la performance d’un projet. Des goulots d’étranglement au centre de l’ensemble des maux qui minent la réalisation et partant la matérialisation des nombreux projets de développement du Cameroun.
Landry Kamdem