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Les déterminants d’une région crisogène

Les facteurs de tension et d’insécurité dans la région sont pluriels mais bien connus. Ils se rapportent essentiellement à des insuffisances managériales des ordres gouvernants.

 

L’actualité de la sécurité de la sous-région est accaparée par les trois pôles géographiques sensibles et fragiles d’Afrique centrale. D’abord la région des Grands Lacs avec pour épicentre la République Démocratique du Congo (RDC) et dans une moindre mesure le Burundi, son voisin ; ensuite le fragile bassin du Lac Tchad impliquant la partie septentrionale du Cameroun, le Tchad et la République Centre Africaine (RCA), et enfin le golfe de Guinée où la piraterie, les trafics maritimes illicites et les attaques en mer touchent le Cameroun, le Gabon, la Guinée Équatoriale, Sao Tomé et Principe. Les diagnostics établis sur les facteurs de l’insécurité en Afrique centrale mettent en lumière les éléments suivants : la situation de crise économique chronique depuis plusieurs décennies, la longue série de turbulences politiques et militaires, les carences en matière de pratique de la gouvernance, la détérioration de la sécurité dans un contexte de conflit régional, la mobilisation des groupes de jeunes sans emploi dans diverses forces paramilitaires ou informelles (rebelles, coupeurs de route, bandits), la centralisation du pouvoir, l’exclusion politique dans le processus de prise de décision et les dérives autoritaires. Plus précis encore, le Comité Consultatif Permanent des Nations Unies chargé des Questions de Sécurité en Afrique Centrale (CCPNUQSAC) permet à la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) de présenter le panorama géopolitique et sécuritaire de la sous-région. Il s’articule autour de quatre enjeux majeurs, à savoir :

  • les dysfonctionnements politiques et institutionnels d’un côté, la fragilité des processus démocratiques avec des conflits électoraux de l’autre ;
  • la sécurité intérieure et transfrontalière menacée à la fois par des trafics illicites, par des groupes armés ou des groupuscules terroristes marqués par leur propension à multiplier des ramifications transfrontalières ;
  • les enjeux liés à la gouvernance, à la situation humanitaire et aux droits de l’homme ;
  • la situation interne dans plusieurs États minés soit par l’instabilité politique quasi chronique soit par l’insécurité causée par des groupes armés.

L’Afrique centrale est l’une des sous-régions d’Afrique qui subit le plus de violence. Si certains Etats connaissent une violence politique quasi cyclique, d’autres semblent être à l’abri de ces violences à répétition, les dégâts collatéraux de l’insécurité de leurs voisins entretiennent chez eux le redoutable phénomène de coupeurs de routes, de criminalité transfrontalière et banditisme de grand chemin. L’insécurité dans cette partie du continent demeure une préoccupation majeure, car elle y hypothèque tous les efforts de développement. La dynamique conflictuelle de ces dernières années a permis la redéfinition de nouvelles frontières, la délimitation de nouveaux espaces politiques et la régionalisation sécuritaire comme enjeu de la souveraineté des Etats.Depuis la fin de la période d’« hibernation » de la CEEAC et son recentrage sur les questions de paix et de sécurité, la prévention des conflits est devenue une des priorités de la coopération sous-régionale. En témoigne l’article 4 du Protocole du COPAX, qui indique que le Conseil a pour objectifs de prévenir, gérer et régler les conflits, d’entreprendre des actions de promotion, de maintien et de consolidation de la paix, de promouvoir les politiques de règlement pacifique des différends, de coordonner l’action des pays membres contre le phénomène de l’immigration clandestine ou encore d’assurer une gestion concertée du problème des personnes déplacées, des ex-combattants et des réfugiés.

 

Prévention des conflits

Priorité aux actions de terrain

Elle est validée le 20 février 2018 au cours d’un séminaire organisé par le Centre africain des études internationales, diplomatiques, économiques et stratégiques (CEIDES) à Yaoundé.

 

Depuis leur accession à l’indépendance, les États de l’Afrique centrale basculent, chaque jour, dans l’enfer des guerres civiles ou interétatiques avec un lourd tribut: pertes massives en vies humaines, vagues de réfugiés, populations déplacées, criminalité urbaine, etc. Les analyses consacrées à la recherche des causes de ces conflits divergent : déclassement de l’Afrique comme enjeu politique et idéologique suite à la fin de la guerre froide, découpage artificiel des frontières par les colonisateurs, désagrégation des États, émergence d’un nouveau bloc offensif ou encore illustration de la théorie des dominos, exacerbée par la répartition transfrontalière des ethnies. Difficile en tout cas de cerner sur le plan théorique la nature de ces conflits.

Dans ce sens, la tenue à Yaoundé le 20 février 2018 d’un séminaire sur le thème «Anticiper les crises multiformes en Afrique centrale» a suscité des interrogations diverses sur le sujet. Pour le Dr Christian Pout, la question majeure est celle de savoir si les différents instruments mis sur pied dans l’espace CEEAC disposent des moyens de leur politique. Cette situation oblige à passer de la traditionnelle diplomatie préventive utilisée à l’action sur les situations préconflictuelles. «Il s’agit d’une autre conception de la prévention qui consiste à essayer d’agir non sur des acteurs mais sur des situations diagnostiquées comme préconflictuelles, autant que possible en temps utile, c’est-à-dire avant qu’un conflit soit considéré comme probable», avance le directeur du think tank Ceides.  Pour cela, des consultations, des prises d’initiatives, telles que l’envoi de missions d’envoyés spéciaux pour approfondir sa connaissance de la situation et l’aider à décider utilement de la réaction appropriée.

 

Jean-René Meva’a Amougou

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