Des hommes et des femmes de conviction

Certains comme Maurice Kamto au Cameroun, Ousmane Sonko au Sénégal ou Charles Blé Goudé en Côte d’Ivoire aspirent à accéder à la magistrature suprême.

D’autres, qui ont déjà goûté aux honneurs et délices du pouvoir, se battent pour s’y maintenir. Ils ne se sont même pas gênés pour modifier la Constitution qui interdit plus de deux mandats consécutifs. Ce sont, entre autres, Dramane Ouattara, Macky Sall, Ali Bongo, Faure Gnassingbé.

Vouloir occuper le fauteuil présidentiel n’est pas une mauvaise chose en soi car il faut bien quelqu’un à la tête de l’État dont la mission première est de garantir la sécurité et l’ordre publics et d’intervenir comme régulateur dans l’éducation, la santé, l’économie ou la culture pour le bien-être de la population. Mais chacun admettra aisément que l’ambition de tenir les rênes d’un pays n’est pas suffisante. Encore faut-il avoir un positionnement idéologique et éthique.
Par positionnement idéologique et éthique, j’entends les convictions adossées à des valeurs: comment vous vous positionnez dans la vie face à l’injustice, à la dictature, au mensonge, face aux pauvres piétinés et humiliés? Qu’est-ce qui vous motive et vous fait courir? Est-ce l’accouchement d’un monde plus juste et plus humain ou bien ce que Fabien Eboussi Boulaga appelait le “désir d’entrer dans les circuits où se stockent et se redistribuent les biens rares, les honneurs et les plaisirs” (cf Lignes de résistance, Clé, 1999)? Êtes-vous “au service de ceux qui font l’Histoire ou bien au service de ceux qui la subissent” (cf. Discours d’Albert Camus à la réception du prix Nobel de littérature, le 10 décembre 1957)? Bref, êtes-vous un homme/une femme de convictions et vos convictions sont-elles solides? Jusqu’où êtes vous prêts à aller dans l’affirmation et la défense de vos convictions? Êtes-vous capable de souffrir et de mourir pour vos convictions? Lorsque vous écrivez des livres sur Um Nyobè sauvagement assassiné parce qu’il voulait la vraie indépendance du Cameroun et que, 36 ans après, vous vous acoquinez avec les dirigeants du pays qui refuse toujours de faire son mea culpa pour ce crime odieux, vous n’êtes pas un homme/une femme de conviction mais une personne indigne et dangereuse dont on devrait se méfier. Car les convictions ne se bradent pas pour si peu; elles ne disparaissent pas devant une subvention, un poste ou une médaille. Si Thomas Sankara était un homme sans convictions, il n’appellerait pas, le 29 juillet 1987, à la 25e conférence de l’OUA, les assistants techniques des “assassins techniques” et ne s’opposerait pas au remboursement de la dette “parce que nous n’en sommes pas responsables, parce qu’au contraire les autres nous doivent ce que les plus grandes richesses ne pourront jamais payer, c’est-à-dire la dette de sang”.

Jean-Claude DJEREKE

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