Des voix rapportent que le projet s’est heurté à ces situations si contradictoires et si peu orthodoxes.
Le 21 octobre dernier, lorsque nous adressions un protocole d’interview à Emmanuel Nganou Djoumessi, nous espérions trouver dans les réponses du MINTP des mots qui disent tout sur la position actuelle du projet. À date, rien ne nous a été servi par le membre du gouvernement. «Peut-être, les faits divers générés par le projet depuis son annonce auraient enfermé le ministre dans un silence qu’il ne sait plus rompre», blague une source très proche du dossier.
À la cellule de communication, chacun se livre une bataille cernée de silences et de non-dits. Au milieu de tout ceci, un cadre de ce service (tout aussi frileux) nous renseigne que «le partenaire (Razel BEC-Egis Projects, NDLR) n’a pas encore pu boucler le financement qui est une condition suspensive à l’entrée en vigueur du contrat». Une plage de silence, et notre interlocuteur informe que «le partenaire annonce pouvoir boucler ledit financement en fin décembre 2021» et que «le contrat prévoit la construction de sept premiers péages en 10 mois dès l’entrée en vigueur; les travaux de terrassement ont démarré à Mbankomo et se poursuivront sur les autres sites une fois que ledit financement sera bouclé».
Manœuvres
Et le plus croustillant, débité par un autre cadre dans les couloirs du MINTP, fourmille d’anecdotes: «Le bouclage financier a rencontré un blocage au niveau du garant (PROPARCO) des prêteurs (Société Générale) qui soumettait la partie publique au risque de change, car ce dernier proposait un refinancement de la dette libellé en euro après 7 ans, la maturité du crédit étant de 14 ans. Ce garant a fait enregistrer 1 an et 6 mois de retard audit bouclage. Le nouveau garant (Guarantco) que propose le partenaire à date affranchit l’État du risque de change et des exigences de la SFI sur les expropriations. Tant que le contrat ne sera pas entré en vigueur, les travaux ne seront pas assez significatifs sur l’ensemble des sites. En plus, il y a une lettre. Venu de la présidence de la République, ce courrier demande clairement de tout faire pour retenir Razel BEC-Egis Projects pour l’exécution du projet».
«On est là au cœur du sujet», soupire Nicolas Bilogui. Pour quiconque suit de près cette affaire, de telles affirmations alertent sur les impasses qui, à un moment donné, ont donné à voir des tensions jusque-là ignorées ou occultées. «De là, l’on comprend clairement de Razel BEC-Egis Projects a été retenu au terme de l’appel d’offres lancé le 15 juin 2016 sans avoir décliné sa capacité financière à mener le projet», tranche Jean-Marc Bikoko. «Et l’on se demande pourquoi s’obstine-t-on à attendre Razel BEC-Egis Projects? Vu le temps perdu, et en application des textes sur les marchés publics, l’entreprise arrivée en seconde position lors du dépouillement des dossiers, aurait pu être appelée», suggère l’activiste de la société civile.
Jean-René Meva’a Amougou