Pour quelques citoyens, le calendrier inconnu jusqu’ici peine à s’arrimer aux annonces.
À celles et ceux qui ne savent plus comment cerner les délais de délivrance de la CNI au Cameroun, le Délégué Général à la Sûreté Nationale (DGSN) fait le point de la situation à grands traits: «le chef de l’État vient d’autoriser la mise en place d’un nouveau système de délivrance de la CNI avec le même modèle de partenariat que celui de la délivrance des passeports biométriques. La CNI sera délivrée en moins de 48 heures à partir du jour et de l’heure d’enrôlement». En déplacement à Douala où il a présidé la cérémonie d’inauguration du centre d’enrôlement des passeports du Littoral le 29 septembre dernier, Martin Mbarga Nguélé a, dans le cadre de cette nouvelle donne, indiqué les moyens qui iront avec. «Dans les tout prochains mois, un partenaire va construire trois centres autonomes de production de la CNI à Yaoundé, Douala et Garoua. Des centres modernes d’enrôlement seront également construits avec un minimum de 15 postes d’enrôlement dans chaque chef-lieu de région. Le nombre de postes d’identification va passer de 280 à 543. Plus de 700 kits fixes et 300 kits mobiles seront installés dans les postes d’identification. Un Comité interministériel est à pied d’œuvre pour trouver une solution définitive aux problèmes de double et de fausse identité avant le lancement du nouveau système de délivrance des CNI», a déclaré le patron de la police.
Bis repetita
Les mêmes annonces, Martin Mbarga Nguélé les avait déjà faites à l’esplanade de l’École nationale supérieure de police de Yaoundé, au cours de la double cérémonie de présentation de vœux de nouvel an et de remise des nouvelles épaulettes, le 27 janvier 2023. Ce jour-là, le DGSN donnait le sentiment que le gouvernement n’avait d’yeux et d’oreilles que pour les millions de citoyens se baladant avec des titres d’identification provisoires (récépissés). Le même sentiment, le Premier ministre (PM), Joseph Dion Ngute, l’avait étalé à l’Assemblée nationale le 30 juin 2023. Face aux parlementaires, le chef du gouvernement avait annoncé la contractualisation en mode Build operate and transfer (Bot) du système de production des cartes nationales d’identité, à l’instar du mécanisme de production des passeports. À en croire le PM, cette nouvelle approche devrait intégrer une plateforme de pré-enrôlement en ligne, la multiplication du simple au triple des postes d’identification et d’équipe mobile d’enrôlement, la dématérialisation des frais et la notification systématique des retards de traitement des demandes.
Sur le terrain
À ce jour, quel que soit le bord à partir duquel les citoyens décrivent la situation, le sentiment d’avoir été trompé est général. Depuis ces annonces en effet, les constats désabusés des citoyens font part des queues en escargot qui se forment toujours devant les postes d’identification. «Et il y a aussi d’interminables délais de remise des CNI», déplore Jean-Marc Bikoko, activiste de la société civile. «L’époque est paradoxale: Je marche depuis 3 ans avec ce machin et je ne sais quand est-ce que je rentrerai en possession de ma CNI», peste Landry N, candidat au recrutement dans les forces armées.»Depuis que nous attendons un nouveau système aussi diligent que celui en cours d’application pour la délivrance des passeports, on a l’impression que c’est un énième artifice marketing pour proroger les délais», émet Augustin Bournebe, citoyen basé à Yagoua (Mayo-Danay).
Jean-René Meva’a Amougou