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Décentralisation : L’approfondissement, pas avant 2020 ?

Pour plus de cohérence, des experts estiment que le processus pourrait attendre la validation de la seconde phase de la Vision 2035.

Le ministre Georges Elanga Obam, pilote-délégué de la décentralisation

La décentralisation que porte la Constitution de janvier 1996 continue de chercher une mise en forme organisationnelle. Que l’on s’en désole ou non, le processus pourrait ne pas être approfondi avant la validation de la phase II (2020-2027) de la Vision 2035. Le gouvernement, via le ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), vient de lancer un appel à «contribution scientifique», pour la participation à l’élaboration dudit document. Sur le sujet, des conférences de consultations scientifiques sont d’ores et déjà annoncées, du 26 au 29 mars à Yaoundé.

Les travaux, apprend-on de source officielle, se déclinent en brainstorming entre universitaires, entrepreneurs privés, experts en développement local et acteurs de la société civile. Sur leur table, 10 grandes thématiques, dont la qualité des institutions et la gouvernance.

Inquiétudes
«Ce sujet, forcément, englobe toutes les questions liées à la construction d’une gouvernance locale efficace pour que le pays espère se rapprocher de son émergence en 2035», estime Bryan-Walter Tchuisseu. De l’avis de l’expert en développement local, l’agenda préoccupe. «Des discussions annoncées à la validation de la phase II de la Vision, beaucoup de choses peuvent être suspendues entre deux étages ou dans le mille-feuille administratif. A priori, il est bien difficile d’envisager la décentralisation avant 2020», craint-il.

Analysant les schèmes langagiers utilisés lors des «Assises générales de la Commune» des 6 et 7 février dernier à Yaoundé, une autre appréhension s’installe dans l’esprit de Jean-Marc Bikoko. À en croire le point focal de l’ONG internationale «Tournons la Page» au Cameroun, on pourrait aller après 2020. «Car, dit-il, rien n’indique clairement que la validation de la phase II de la Vision n’appellera pas à son tour un ou plusieurs actes suivants, sans que personne ne sache cependant, les délais de l’effectivité de la décentralisation».

Élections
L’activiste pense d’ailleurs que si l’appel à contribution publié par le Minepat prend en compte les logiques de grande mobilisation intellectuelle, il ne participe pas au cadrage d’agenda de mise en forme de la décentralisation, y compris dans sa phase opérationnelle. En se désolant de l’échec du DSCE (phase I de la Vision qui avait également impliqué la société civile, de nombreux experts et des partenaires économiques, techniques et financiers), le président de Dynamique citoyenne mentionne que rien n’augure la mise en œuvre satisfaisante du processus de décentralisation.

Sur ce chapitre, Bryan-Walter Tchuisseu soupçonne la structure du calendrier politique du pays au cours de cette année. «Elle pourrait servir d’aiguillon aux décideurs en leur ouvrant une fenêtre d’opportunités politiques le moment venu», soutient-il. De son point de vue, ce sont les élections municipales, législatives et régionales qui gouvernent toute la dynamique ajustée à la validation de la stratégie post-DSCE. On le sait, dans la feuille de route déroulée lors du Conseil ministériel du 16 janvier 2019, Paul Biya, le président de la République, mentionnait alors «la préparation» desdites élections.

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