COVID-19 en Afrique : L’OMS veut guérir ses contradictions

L’Organisation mondiale de la santé vient de lancer une étude pour comprendre pourquoi elle s’est plantée sur l’Afrique étant donné que le virus sur le continent est le même qu’en Europe.

 

 

Jeudi 24 septembre 2020 était journée du mea culpa de la science selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Au cours d’une conférence de presse, l’institution mondiale livrait « les premières pistes de recherche pour tenter d’expliquer pourquoi l’Afrique n’a pas connu l’hécatombe » qu’elle avait décelée dans ses algorithmes et projections, a indiqué la directrice Afrique de l’institution Dr Matshidiso Moeti.

Méconnaissance

La première explication qui revient est la méconnaissance du virus des caractéristiques qui faisaient sa virulence en Europe. À l’époque de la réalisation de ses prévisions, plusieurs données n’ont pas été prises en compte par les experts et analystes de l’OMS. On peut évoquer les facteurs d’accélération de la maladie ou comorbidités: l’âge, l’obésité et des maladies pivots telles que le diabète… Bien plus l’OMS n’a pas intégré des facteurs sociaux tels que le flux (intensité et régularité) des mouvements de personnes. Contrairement en Europe, dans les Amériques et en Asie, l’Afrique a une densité de population faible et elle ne connait pas le niveau de libre circulation qu’ont ces pays. Bien plus, on peut évoquer la connectivité avec la Chine, épicentre de la maladie. L’Afrique a très peu de vols directs vers ou venant de la Chine contrairement aux régions du monde les plus touchées par le coronavirus.

Immunité croisée

Les scientifiques de l’OMS ont invalidé la thèse d’un virus moins agressif en Afrique. Ils ont comparé le code génétique de plusieurs échantillons de SARS-CoV-2 en Afrique. Il est identique à celui qui est en circulation en Europe.

Parmi les explications plausibles et déjà connues, il y a l’âge de la population. Contrairement à la population vieillissante de l’Europe et des Amériques, l’Afrique a une population jeune à plus de 75 %. Selon Dr Matshidiso Moeti «dans la plupart des pays d’Afrique, environ 3 % de la population a plus de 65 ans. Il y a des pays qui ont un taux de mortalité plus élevé en Afrique. L’Algérie, par exemple, où l’on voit que près de 10 % de la population a plus de 65 ans. Donc, on pense que l’âge fait une différence. Et il y a d’autres facteurs: la mobilité internationale, la capacité à se déplacer à l’intérieur des pays, les réseaux routiers, le nombre de voitures par habitant. Tout cela joue sur la capacité de diffusion du virus dans les pays».

Africanisation

Alors que l’OMS vient seulement d’encourager le travail sur la pharmacopée africaine, elle affirme désormais que « l’Afrique a sa propre épidémie. J’ai beaucoup travaillé sur l’épidémie au Royaume-Uni et en Europe. Ces épidémies sont différentes. Elles n’ont pas les mêmes caractéristiques. Donc, je pense qu’on va apprendre beaucoup de choses de ces données africaines destinées à l’Afrique ».

 Bobo Ousmanou

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