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Côte d’Ivoire 2023 : Les stades se délocalisent dans les fanzones

Ces lieux aménagés s’imposent au fil des années comme des cadres incontournables de partage d’une passion commune autour du football.

 

Les expériences divergent à bien des degrés mais chacune vaut son pesant d’or. Une constance reste pour les férus de football. Il s’agit de ce besoin de fusionner les énergies en soutient aux équipes qu’on tient en estime dans cette Coupe d’Afrique des nations de football (Can 2023). C’est à cette nécessité que répond les fanzones à travers le Cameroun. Entre bonne ambiance, restauration, football et animation culturelle, chaque supporter trouve son compte. «J’ai regardé les premiers matchs dans un bar au stade Omnisports mais depuis qu’un ami m’a fait goûter aux fanzones, je paye volontiers mon transport pour y voir les matchs qui m’intéressent. Ce qui me plaît est que tu vis le match comme si tu étais au stade», raconte Roland Effa, quarantenaire.

L’on a pu s’en rendre compte mardi, 23 janvier 2024, à l’occasion du match Cameroun-Gambie. Près de deux-milles personnes ont rejoint la «Tanière des Lions» au Palais polyvalent des sports pour y communier. L’ambiance est surchauffée. Chacun forme le vœu d’une victoire des Lions. Et la tournure du match après un but de Karl Toko-Ekambi (56e minute) à tout pour plaire. Et sur place, un tonnerre de cris gronde. Des chaises s’envolent. De la bière est versée par-dessus les têtes. L’excitation est à son comble et tous les supporters sont debout. Depuis les consoles, un homme encourage la foule à redoubler d’ardeur dans son élan de joie. Le calme peine à reprendre même si le match lui, a repris son cours depuis plusieurs minutes. La joie est à son comble à l’issue du temps additionnel de neuf minutes. Les Lions indomptables l’ont emporté face aux Scorpions par trois buts contre deux. Même si au détour de deux buts, les adversaires du jour ont su faire peur.

L’émotion est à son comble et les supporters ont tôt fait de rendre la politesse à l’hospitalité de Boissons du Cameroun, leur hôte. Bouteilles cassées, chaises en plastiques cassées, tables renversées, individus qui dansent sur les baffles géants, en disent long sur l’étendue de leur gratitude. D’autant plus que le football a cédé sans transition la place à de l’animation musicale. Blancs et noirs se livrent alors à cœur joie à toutes sortes de danses. Plus d’une heure après, personne ne semble pressé de rentrer. Seuls quelques adeptes des paris sportifs se retirent dans le stand de l’un des sponsors pour se livrer à cette autre passion.

Les fanzones proposent une solution aux supporters qui ne peuvent se rendre au stade. Une option qui a toutes les faveurs du gouvernement. Des facilités sont de ce fait accordées par les municipalités pour l’aménagement de ces espaces. Comme cela fut le cas en 2022, pour la tenue de la CAN au Cameroun. Le concept gagne de l’ampleur et nécessite désormais une plus grande logistique. 40 personnes s’activent chaque soir à l’esplanade du Palais des sports de Yaoundé pour assurer le service. Ce sont des hôtesses, des serveuses et des distributeurs. À côté d’eux, un contingent de policiers est aux avant-postes de la sécurité. La place Charles Atangana à la poste centrale de Yaoundé ne nécessite pas moins de personnels. La fanzone de la Fédération camerounaise des supporters des Lions indomptables (Fecasul) est aménagée pour accueillir au quotidien 4000 spectateurs environs. Ce qui nécessite un investissement en temps des plus importants. «Il y a tout un comité d’organisation porté par Jules Denis Onana, il y a des partenaires et des institutions qui nous soutiennent. Il y a la Communauté urbaine qui nous a accordé le site et nous aide sur certains aspects techniques. Mais c’est vraiment une grosse organisation qui nécessite d’importantes réflexions. Cela parce qu’entre ce qu’on imaginait et ce qui ce fait, il y a toujours des imprévus donc on est constamment en train de travailler pour corriger des détails», explique Ernest Pekam, troisième administrateur de ladite fanzone.

Une économie en construction

La ville de Yaoundé dénombre six fans zones environ. Ce détail met en exergue la nécessité d’innover pour captiver un public plus important au fur et à mesure de la compétition. Car rien n’est gagné d’avance en la matière. «Tous les matchs ne se ressemblent pas. Les matchs des Lions attirent beaucoup de monde mais les autres jours, l’affluence n’est pas la même», révèle un administrateur de la Tanière des Lions. Ce défi est d’autant plus important qu’il permet de faire tourner une économie en construction. Ernest Pekam en sait long là-dessus. «Nous employons des gens. Cela veut dire qu’il faut les payer. Il y a aussi des charges financières dont il faut s’acquitter auprès des divers prestataires», souligne-t-il. Et d’ajouter: «Notre rentabilité est de susciter l’engouement derrière les Lions. Nous sommes une association de personnes qui ne pensons pas d’abord à nous-mêmes. Nous ne pouvons pas dire qu’on a véritablement de la rentabilité, mais on est content de voir les Camerounais vivre leur passion». La machine est toutefois huilée grâce aux sponsoring des entreprises, et des apports personnels. À ces deux mécanismes, s’ajoutent la location des stands commerciaux aménagés. Dans la Tanière des Lions, les montants y relatifs sont de 250 000 FCFA environs, a-t-on appris.

Louise Nsana

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