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Coronavirus : Dion Ngute «confine» la com’»

En posant un nouveau paradigme, le chef du gouvernement espère avoir, autour de la pandémie, un rendu arraisonné par les process administratifs.

Le PM mise sur un «renouveau communicationnel»

Désormais, en matière de communication sur la pandémie du coronavirus au Cameroun, tout est resserré autour de Chief Joseph Dion Ngute. Il faut avoir une validation du Premier ministre (PM) lui-même pour prendre publiquement la parole sur le sujet. Après plusieurs semaines de flottement dans la communication de l’exécutif sur la crise du coronavirus, Chief Joseph Dion Ngute a trouvé le ton pour changer la donne.

C’est un PM, conscient sans doute des défaillances de la com’ gouvernementale, qui a rédigé une note de service le 10 avril dernier. «En ce qui concerne spécifiquement la mise en œuvre de la stratégie gouvernementale de riposte contre la propagation de la pandémie du Coronavirus au Cameroun, les administrations sectorielles doivent préalablement solliciter et obtenir formellement du chef du gouvernement les autorisations nécessaires avant de prendre des mesures à la portée générale, de manière à éviter la cacophonie observée dans la communication sur cette crise sanitaire qui préoccupe la communauté nationale et internationale», écrit le locataire de l’immeuble étoile.

Voilà pour la partie visible. Mais, en coulisses aussi, l’exécutif cherche à repartir d’un meilleur pied en matière de communication. Sur le fond, Chief Joseph Dion Ngute s’est voulu sermonneur. S’efforçant d’être didactique et exhaustif, il espère réordonner, ramasser une com’ gouvernementale dont l’éparpillement a donné lieu ces derniers jours à un halo de flottements et de maladresses susceptibles de susciter dans l’opinion le sentiment d’une perte de contrôle. Le problème: «Il y avait des rivalités entre le ministère de la Communication et nous», reconnaît-on au ministère de la Santé publique (Minsanté).

Pour tout comprendre, la pandémie, dans ce qu’elle a d’inédit et d’extraordinaire, a décloisonné, hors de la seule enceinte de l’Immeuble Étoile, la controverse pour en faire un objet de polémiques au sein même du gouvernement. En s’affichant comme un général au milieu de ses troupes, le PM assure symboliquement l’effacement de Manouada Malachie qui se faisait le mandataire du gouvernement en matière de communication autour du covid-19 au Cameroun. En édictant, face caméra, 7 autres nouvelles mesures, Chief Joseph Dion Ngute a prouvé qu’il penche pour «les voies complémentaires de communication à définir par le ministre de la Communication».

 

Traitement à la chloroquine

Le casse-tête des intrants

Pour les connaisseurs des méandres d’approvisionnement, le Cameroun court le risque géopolitique qu’entraîne le fait de dépendre de la Chine pour des produits aussi cruciaux dans la prise en charge du coronavirus.

Madeleine Tchuente (au centre) dans les installations de l’IMPM à Yaoundé

«Le Cameroun va fabriquer la chloroquine, l’hydrochloroquine et l’azitromycine 500mg», a annoncé Madeleine Tchuenté, lors d’un point de presse le 2 avril à Yaoundé. «C’est le président de la République, Paul Biya, qui a ordonné la production à plein régime de 6 000 comprimés par jour», a précisé la ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation (Minresi).

Seulement, il se pose un problème d’intrants; «c’est-à-dire des substances actives à l’origine des effets thérapeutiques du médicament ingéré par le patient», précise Dr Carole Ngongang, pharmacienne d’officine à Yaoundé. Pour les obtenir, il va falloir se tourner vers la Chine et l’Inde, selon les explications Pr Jean-Louis Essame Oyono, directeur de l’IMPM (Institut de recherches médicales et d’études des plantes médicinales), repris par le quotidien Cameroon Tribune.

«Jeu»
De fait, dans le cadre de la production de la chloroquine, les deux pays se sont -en quelque sorte- spécialisés chacun dans un domaine: l’Inde pour les médicaments finis et la Chine pour les substances actives, le cœur du médicament. «C’est d’ailleurs ce qui pose problème lors des pénuries: il suffit qu’un site chinois ralentisse ou n’assure pas sa production pour un laps de temps indéterminé, et c’est toute la chaîne de production qui en pâtit, jusqu’au patient final», détaille Bruno Etoa, délégué médical à Yaoundé.

Mais il y a plus. Pour notre source, lorsqu’on remonte la chaîne de fabrication encore plus en amont, on découvre que c’est encore la Chine qui contrôle l’industrie. Selon elle, les ingrédients actifs fabriqués en Inde, par exemple, sont majoritairement assemblés avec des produits bruts provenant d’usines chinoises. «Sans les matériaux bruts chinois, l’industrie pharmaceutique indienne ferme ses portes demain matin». «Si la Chine ferme le robinet, les tablettes de nos pharmacies seront vides en l’espace de trois mois et nos hôpitaux ne pourront plus fonctionner comme ils le font maintenant; l’histoire n’est pas compliquée: les Chinois contrôlent les chaînes d’approvisionnement», ajoute-t-il.

De son point de vue, le Cameroun va devoir compter sur «quelques joueurs qui sont en train de devenir assez gros et qui ont les reins assez solides pour soutenir la demande en ce qui concerne des produits à grand volume; avec en coulisses la nature des relations diplomatiques entre ces pays-là et le Cameroun. Tout en espérant que les autres ne seront pas irrités».

Ongoung Zong Bella

 

Samuel Dieudonné Ivaha Diboua

Plus de pleurs que de mal

Testé positif au coronavirus depuis le 1er avril 2020, le gouverneur de la région du Littoral assure être passé par tous les traitements physiques et spirituels pour recouvrer sa santé.

 

La maladie et les médicaments, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, 58 ans, n’a connu que cela ces 9 derniers jours. Testé positif au coronavirus depuis le 1er avril 2020, le gouverneur de la région du Littoral est passé par tous les traitements. De son propre aveu, l’administrateur civil principal confie avoir échappé à un destin inéluctable grâce à Dieu. Dans une sortie abondamment relayée sur les réseaux sociaux, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua exalte la toute-puissance divine. «Au nom de Jésus, je parle à tous ceux qui ont donné leurs vies au seigneur, et à personne d’autre que je suis vivant. J’étais à l’hôpital, le seigneur m’a tenu par la main de bout en bout (…)», confesse le «chef de terre».

Au sujet de sa maladie, le patron de la région du Littoral dit n’avoir de vérité que celle qu’il reconnaît. «Samuel Dieudonné Ivaha est vivant, gouverneur de la région du littoral, au nom de Jésus! Je parle à tous ceux qui ont donné leur vie au Seigneur et à personne d’autre que je suis vivant. J’étais à l’hôpital, le Seigneur m’a tenu par la main de bout en bout avec une charmante épouse, Rosette. Le malin a tout fait, le malin a voulu qu’elle se décourage, qu’elle soit abattue. J’ai dit à ma femme et mon épouse que c’est le Seigneur qui nous a créés; ce n’est pas le diable. Nous sommes là, nous vivons», mentionne-t-il.

Pour le désormais «ancien malade», son état actuel s’accompagne de la création de dangereux fake-news qui résistent à toute contre-argumentation basée sur la logique et les faits. «Les réseaux sociaux m’ont annoncé mort, mes compatriotes qui vivent à l’étranger, qui ne me connaissent même pas. Je prie le Seigneur pour qu’il n’ait pas à regarder les cœurs des uns et des autres.

Si on est tous des créatures de Dieu, vraiment, qu’on sache demander pardon, parce que devant la mort, Dieu seul est Roi. Tous ceux qui croient être forts parce qu’ils sont forts par leur force, je prie l’Éternel de leur pardonner. Ils ont tout raconté, ils ont tout dit, j’ai été déclaré mort. C’est leur problème, mais je crois, je dois beaucoup prier pour eux parce que chacun de nous passera par la mort. Devant l’Éternel, on a des comptes à rendre», conclut-il.

JRMA

Covid-19 en Afrique centrale

L’écart majeur du Cameroun

Dans la sous-région, c’est le pays le plus fortement touché par la pandémie. Explications.

Séance de dépistage à Yaoundé.

Le coronavirus ne cesse de gagner du terrain en Afrique centrale. Dans l’espace Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), la vague déferle sur tous les pays, mais semble submerger le Cameroun. Selon des données compilées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le pays est classé deuxième parmi les plus touchés d’Afrique subsaharienne, derrière l’Afrique du Sud. Au 10 avril 2020, les statistiques officielles pointaient 803 cas, dont 12 décès et 61 rémissions.

À la même date, les autorités de Brazzaville (Congo) dénombraient une soixantaine de cas, dont 5 morts et autant de cas de rémission. Au Gabon, toujours à la même date, le Comité de pilotage du plan de veille et de riposte contre l’épidémie à Coronavirus au Gabon (COPIL coronavirus) avait annoncé 44 personnes ayant été infectées par le virus, dont un décès survenu à Libreville le 21 mars, et une guérison au bout de 21 jours de traitement.

Du côté de la Guinée Équatoriale, 18 cas ont été déclarés au 10 avril, dont trois en rémission. Avec 8 cas ce 10 avril et aucun décès à ce jour, la République centrafricaine s’emploie activement à imposer une quarantaine aux voyageurs provenant des pays infectés par le coronavirus, et interdit tous les voyages vers les pays touchés par le Covid-19. Onze cas sont déclarés ce vendredi 10 avril, dont deux rémissions. Les autorités tchadiennes ont décidé de fermer les marchés, après avoir ordonné la fermeture des établissements d’enseignement, des bars, des alimentations et des lieux de culte.

Pistes
Pourquoi 6 pays si proches accusent-ils une différence si marquée dans la gravité d’une même maladie infectieuse? À ce questionnement des experts trouvent plusieurs réponses. «Grouillant d’activités, nos ports, aéroports et routes s’avèrent de parfaites portes d’entrée du virus. Au coude-à-coude avec six pays, le Cameroun paye clairement son retard à prendre conscience, et donc à répondre à la pandémie», répond Clarence Dogmo, épidémiologiste exerçant à Yaoundé.

Pour sa part, Ghislain Ahibena place la démographie camerounaise au centre de son analyse. «Il est fort probable qu’en elle, l’on trouve une explication au fait que ce soit le pays le plus touché en Afrique centrale», croit savoir l’actuel consultant dans une ONG internationale.

De l’avis de cet ancien enseignant-vacataire à l’Institut de formation et de recherche démographique (Iford) de Yaoundé, le Cameroun comporte l’une des populations les plus âgées de la zone Cemac (âge médian situé à 55 ans en 2016). «Cela est donc à mettre en relation avec la démographie spécifique des pays, c’est-à-dire avec le profil des personnes atteintes par la maladie. La démographie camerounaise étant bien différente de la démographie des autres pays de la Cemac, les conséquences de l’épidémie ne peuvent pas être comparables», diagnostique-t-il.

Sous son scalpel professionnel, un médecin en service au ministère de la Santé publique (Minsanté) estime que «le pays a été touché très tôt dans la crise, laissant peu de temps à la préparation. Or, les autres pays ont lancé relativement tôt leurs plans de prévention et de lutte contre les pandémies grippales».

Bobo Ousmanou

Docteur Charles Hopson

«J’ai pris contact avec le gouvernement et j’attends la suite»

Médecin orthomoléculaire, diplômé de Georgia Tech aux Usa, de Institut for Alternative Medecine and Cancer Research en Californie et la National College of Natural Medicine dans l’Etat d’Ohio parle du produit qu’il propose aux autorités camerounaises.

Vous avez récemment présenté un produit médical comme solution au Coronavirus qu’en est-t-il exactement ?
Le produit auquel vous faites allusion s’appelle le Stopcoronavirus. Il s’agit d’une combinaison d’une thérapie immunologique et d’un traitement symptomatique qui vise à neutraliser le Covid-19 pendant la durée de l’incubation et même au-delà. Mon produit Stopcoronavirus est composé de plantes naturelles et algues immunogènes et antivirales qui empêche la flambée épidermique de cette maladie aigüe, virulente, hautement contagieuse et mortelle pendant le temps écoulé entre l’infection par le virus et l’apparition des symptômes en inhibant le COVID-19. La formulation de Stoporonavirus découle des recherches par mon laboratoire Doctor HOPSON Pharmaceuticals Labs au Cameroun en partenariat avec Longevita Pharmaceuticals Laboratries aux USA basées sur les traitements récemment administrés à plusieurs malades en Chine et aux USA qui ont survécu à la maladie COVID-19.

Ce médicament est-il homologué par l’OMS?
Stopcoronavirus rentre dans la catégorie des traitements en phase de test autorisés par l’organisation Mondiale de la Santé (O.M.S) qui peuvent être immédiatement administrés aux malades une fois qu’on détermine qu’ils sont efficaces et ne représentent pas de risque de toxicité…

Quelle relation entretenez-vous avec le ministère de la Santé du Cameroun à ce sujet?
Nous nous sommes approchés du Ministère de la Santé et n’avons pas encore pu avoir accès au ministre… Néanmoins le produit a été présenté aux autorités du ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation et espérant qu’ils pourraient effectuer des tests de toxicité et d’efficacité dans les brefs délais. C’est moi qui ai pris contact avec le gouvernement et j’attends la suite

Est-ce que votre entreprise peut ravitailler le marché africain si jamais elle est sollicitée?
Nous avons la capacité de passer à l’échelle très rapidement en cas de besoin pour assurer le ravitaillement de l’Afrique toute entière.

Depuis la survenance du Coronavirus au Cameroun, les statistiques sont de plus en plus inquiétantes. Pensez-vous qu’il faille poursuivre le confinement?
Le confinement est une solution mais ce n’est pas la seule solution. Tout le monde sait que la très grande majorité des victimes qui succombent au Covid-19 sont des malades et des personnes dont le système immunitaire est fragilisé. Donc logiquement au lieu de se limiter seulement à la distanciation sociale, il aurait pu être utile de donner les astuces aux populations afin de leur permettre de renforcer leur système immunitaire. Or il n’en est rien. On annonce le nombre de personnes infectées et / ou décédées ce qui contribue à amplifier la psychose collective dans le but inavoué de servir les industries de la peur qui viendront plus tard nous vendre les tests et les vaccins.

Propos rassemblés par Alain Biyong

Coronavirus

Désormais, l’histoire se raconte avec le masque
Au Cameroun, dès ce 13 avril 2020, le port de ce gadget de protection est obligatoire.

 

C’est peut-être un tournant auquel on assiste dans la gestion de la crise sanitaire. Dès ce 13 avril 2020, le port du masque devient obligatoire sur toute l’étendue du territoire camerounais. C’est le Premier ministre Chief Joseph Dion Ngute qui l’a annoncé le 9 avril dernier à Yaoundé. Appelée à être scrupuleusement respectée, la mesure, a dit le PM, bâti sur les directives de l’OMS. Selon le ministère de la Santé publique (Minsanté), le nombre important de personnes sans symptômes et leur pouvoir de contagiosité ainsi que la possible transmission aéroportée du virus sont autant de données qui renforcent les arguments en faveur du port du masque pour tous. «Outre la présence d’une charge virale chez des personnes ne présentant aucun symptôme, ces dernières peuvent être aussi contagieuses que les malades», explique (au téléphone) Dr Georges Alain Etoundi Mballa, directeur de la lutte contre la maladie, les épidémies et les pandémies au Minsanté.

Transformation de paradigme
Il y a peu de temps encore, le port du masque n’était préconisé qu’aux personnes infectées et à celles qui auraient des contacts étroits avec des individus contaminés. A ce jour, le gouvernement et les autorités médicales s’accordent sans trop de nuance sur l’importance des équipements bouche-nez en plus des gestes indispensables comme la distanciation sociale ou le lavage de mains.

D’ores et déjà, pour faire face à la demande, le gouvernement a mis en place des mesures de soutien à la production. «Le ministre de l’Industrie a été instruit de publier les normes et spécifications techniques en vue d’une production massive et locale desdits masques ; la production locale des médicaments, des tests de dépistage, des masques de protection et des gels hydroalcooliques par les institutions nationales compétentes, sous la responsabilité du ministre de la Recherche scientifique en relation avec le ministre de la Santé publique», a énoncé Chief Joseph Dion Ngute.

Depuis l’annonce du chef du gouvernement, l’alignement du public commence est perceptible. Aleyna, 29 ans, vit à Yaoundé. «Nous portons déjà des masques depuis début avril», explique la jeune femme, qui travaille dans le secteur du luxe. «Les gens qui ne portent pas de masque dans le métro ou dans la rue sont très mal vus. Il faut porter un masque pour ne pas contaminer les autres», poursuit-elle-même si, au passage, elle s’alarme sur les prix élevés des spécimens jugés efficaces par certains spécialistes de la santé publique.

Jean-René Meva’a Amougou

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