L’Afrique et la communauté des pays en développement ont demandé davantage de «financements adéquats et prévisibles» lors de la Cop28, le 7 décembre 2023 à Dubaï. Selon le président du Groupe africain des négociateurs sur le changement climatique (AGN), Ephraim Mwepya Shitima, le continent et l’Afrique centrale en particulier ont formulé six principales priorités lors des négociations. Elles s’articulent autour d’un financement climatique; d’un bilan mondial; du renforcement des actions d’adaptation; d’une opérationnalisation du fonds des pertes et dommages; d’une transition énergétique juste; et de l’ambition de l’Afrique d’obtenir le statut des besoins dans les circonstances particulières.
Ces priorités sont cristallisées dans la Position commune africaine sur le changement climatique pour la Cop28. Elles ont été affinées et approuvées après une série de réunions consultatives à l’échelle du continent au cours des 10 derniers mois, notamment la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement (CMAE); la conférence sur le changement climatique et le développement en Afrique; et le Sommet africain sur le climat.
Des études menées par le Centre africain pour la politique en matière de climat (ACPC), basé à Addis-Abeba, indiquent que «la fréquence et la gravité croissantes des conséquences du changement climatique entraînent des effets disproportionnés sur les économies et les sociétés africaines; les pays perdent en moyenne 2 à 5% de leur PIB et de nombreux pays consacrent jusqu’à 9% de leur budget à des dépenses imprévues en réponse aux évènements météorologiques extrêmes», explique James Murombedzi , coordonnateur de l’ACPC .
Les conclusions de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) indiquent que pour stimuler la croissance verte sur le continent, des besoins d’investissement d’au moins 2000 milliards de dollars d’ici 2050 seront nécessaires dans le seul secteur de l’électricité.
Pour l’économiste en chef à la CEA, Hanan Morsy, le continent dispose d’abondantes ressources en énergies renouvelables et représente 40% de l’irradiation solaire mondiale. La région est ainsi dotée d’un potentiel de 20 000 MW d’énergie géothermique, de 30 000 MW d’énergie hydroélectrique et de 110 000 MW d’énergie éolienne. «La transition énergétique juste du continent ne peut pas être identique à celle du reste du monde et nécessite des solutions pragmatiques. La transition doit être juste, inclusive et équitable», a déclaré Hanan Morsy.
James Murombedzi affirme que même si l’Afrique exige un financement climatique amélioré et prévisible lors de la Cop28, elle devra explorer d’autres mécanismes de financement innovants, y compris les investissements du secteur privé, tels que la dette pour la nature et la dette pour les échanges climatiques pour combler le déficit financier et accélérer la mise en œuvre d’initiatives. À l’instar des grandes murailles verte et bleue et en promouvant l’action climatique, la durabilité et la création d’emplois.
Diane Kenfack