Consommation : Risque de mousse sur le prix des bières en 2021

Pour un collectif d’associations de consommateurs, le gouvernement veut «trinquer» à la santé du portefeuille des citoyens.

Habitués des terrasses de café, bars et vente à emporter, votre ardoise après consommation pourrait gonfler dès l’année prochaine. «Des informations de sources dignes de foi renseignent que l’avant-projet de loi de finances pour l’exercice 2021 envisagerait l’augmentation du taux de précompte sur achat (PSA) des bières produites localement.

Celle-ci sera appliquée par les industries brassicoles aux taux distributeurs qui, à leur tour, vont les répercuter sur les tarifs destinés au consommateur final», lit-on dans un communiqué publié le 17 octobre 2020 par le collectif d’associations de protection des droits des consommateurs. Dénommé Plateforme camerounaise du commerce équitable (P₂CE), ce collectif dit s’inspirer de l’avant-projet de loi de finances pour l’exercice 2021. Selon la P2CE, s’il est promulgué, ce texte pourrait provoquer une augmentation sur le prix de nombreux produits de référence parmi lesquels les bières.

Pour sa part, le gouvernement n’a pas encore officiellement commenté cette sortie de la P2CE. Toutefois, des indiscrétions glanées auprès de sources de première main au ministère du Commerce (Mincommerce) le 22 octobre 2020 se limitent au fait que «le ministre a pris acte». Quel que soit le bout par lequel l’on peut comprendre, cette phrase est d’autant plus martelée ici qu’elle souligne en filigrane qu’en matière de fixation des prix des produits de consommation courante sur l’étendue du pays, Luc Magloire Mbarga Atangana a le dernier mot.

Interprétations
Après les gorges chaudes suscitées par la taxe sur les téléphones, consommateurs et promoteurs de commerces de bières râlent de nouveau. «En faisant appliquer cette taxe par les industries brassicoles aux taux distributeurs qui, à leur tour, vont les répercuter sur les tarifs destinés au consommateur final, on tue dans l’œuf le développement du secteur. En effet, avec un pouvoir d’achat restreint des consommateurs, la consommation va diminuer», craint Nestor Mbeunoun.

Pour ce tenancier d’un café basé à Yaoundé, «une trop forte taxation des bières risque d’embrayer un mécanisme contreproductif dont les conséquences pourraient être néfastes à l’échelle sociale». Reprenant Mbida Ndoumbe (coordonnateur général de la P2CE), le jeune homme d’affaires estime d’ailleurs qu’il «ne pourrait supporter de hausse supplémentaire liée à une nouvelle taxation».

En attendant, d’autres s’approprient le constat du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam). «Dans un environnement économique difficile renforcé par la crise sanitaire liée au coronavirus, les investisseurs s’attendent par exemple à ce que la prochaine loi de finances donne une bouffée d’oxygène aux entreprises, dont 96,6% d’entre elles sont impactées par la Covid-19», alertait en effet le patronat camerounais. Belle brèche dont se sert Francis Mendana pour souligner un péril: «le secteur représente 3000 emplois directs, et 7000 emplois indirects, en comptant les cafés, hôtels et restaurants, dont les bières représentent plus du tiers du revenu», dit ce membre de l’association des distributeurs
des boissons (grossistes).

Pour mémoire, c’est en 2019 que le prix de la bière a coulé dans le flot inflationniste. Quelques acteurs du secteur justifiaient alors la tendance haussière par la forte taxation des productions brassicoles.

Ongoung Zong Bella

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