Pour quelques jeunes compatriotes de Paul Biya, ces dispositifs jouent le rôle de la pierre à aiguiser, capable de rendre la lame coupante sans être elle-même apte à couper.
Jeudi 10 février 2022, Paul Biya a encore parlé à ses jeunes compatriotes. À la recherche du mot juste et de la phrase percutante, le chef de l’État s’est servi de la pente de la CAN 2021. Mû par un souci pédagogique et une modestie proclamée, il a distillé une atmosphère positive. «Vous savez aussi que le sport a ses réalités qu’il faut accepter avec dignité et fair-play. Qui plus est, les amoureux du football savent mieux que quiconque, que l’on peut bien jouer et gagner un match, tout comme on peut bien jouer et le perdre», a déclaré le président. On croyait que cette fois, Paul Biya ne chercherait pas à faire la preuve de l’étendue de son intelligence. Que non! Son discours a plus d’une fois tourné à l’autosatisfaction.
Félicités
Parmi les vastes questions soulevées, il y a celle de la «bonne maîtrise de notre économie». Grâce à elle, «nous avons continué la mise en place du Plan triennal spécial-jeunes, qui a permis le financement de 8430 projets, 119 clusters économiques, 132 villages pionniers de seconde génération ainsi que la création de près de 22 000 emplois directs. À cela, il convient d’ajouter, la construction d’une quarantaine de Centres multifonctionnels de promotion des jeunes et la mise en place effective de l’Observatoire national de la Jeunesse. Les premières actions de cette instance sur le terrain, ont permis la production de 50 000 cartes biométriques pour les jeunes, destinées à faciliter leur accès à plusieurs produits et services sociaux de base à des coûts réduits», a dit le président de la République.
S’il s’agit ensuite d’aller plus avant pour tenter d’en cerner et d’en définir le sens, on bute alors sur la question de savoir si ce qui a été mis en œuvre dans le passé répond aux aspirations d’une jeunesse luttant quotidiennement contre l’étranglement économique et le déclassement en général. Là encore, Paul Biya est venu simplement rappeler qu’«en matière d’emplois, d’énormes efforts sont consentis chaque année pour en créer et permettre ainsi aux jeunes d’intégrer le monde du travail». «C’est ainsi que, grâce à la politique de promotion de l’emploi des jeunes, inscrite dans le Plan d’Action Prioritaire à l’horizon 2030, il est prévu la création de 600 000 emplois par an, avec l’implication des Collectivités territoriales décentralisées», a-t-il poursuivi.
Flèches
«À l’entendre, non seulement le gouvernement a mené à terme toutes ses réformes, mais encore celles-ci ont amélioré immédiatement le sort des jeunes», observe Jacquinot Fendoung. Pour le jeune sans emploi, «rien ne peut ternir les promesses dont personne ne vérifie jamais la faisabilité». Le tableau ne serait pas complet si d’autres jeunes ne faisaient pas valoir leurs points de vue sur la création annoncée d’autres gadgets: le Conseil national de l’Emploi, le Fonds de garantie en faveur des jeunes entrepreneurs. «Le bilan des anciens instruments n’a pas été salué par de nombreux jeunes; ça c’est pour le passé.
Maintenant pour le présent, myriade de nouveaux dispositifs, obéit-elle à une volonté de simplicité ou de lisibilité?», s’interroge Pierre Ngouna, tenancier d’un call-box à Tsinga (Yaoundé II). À côté, il y a des énoncés qui en disent long sur l’échec des anciens instruments. À ce sujet, François-Stéphane Ewodo, jeune entrepreneur, pense que «le volontarisme affiché comme une ligne directrice intangible des Plans jeunes s’est transformé en un processus de la lenteur. Ils ont fini par perdre de leur pertinence».
Jean-René Meva’a Amougou