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Commission de la Cemac : Retour à la case départ

Le gouvernement communautaire entend déposer ses valises à Bangui dans les prochains jours.

La vice-président de la Commission de la Cemac, sur le chantier

Du peu qui est annoncé, toutes les rustines sont mises au bon endroit pour un retour de la Commission de la Cemac à Bangui dans les brefs délais. En interne, l’on précise que le calendrier envisagé par le Pr Daniel Ona On-do situe ce retour dès la fin du mois prochain. Dans l’entourage du président de la Commission de la Cemac, la relocalisation sera progressive, conformément au plan élaboré par le collège des commissaires.

Sous réserve des conditions sanitaires et de la levée des restrictions imposées dans le cadre de la lutte contre la propagation de la Covid-19, ledit plan prévoit le retour des premiers fonctionnaires de la Commission à Bangui à partir du 30 août 2020. Il s’agit notamment d’une vingtaine de responsables parmi lesquels ceux de la direction du protocole, de la direction des affaires administratives et financières (DAF) ainsi que ceux du département des politiques économiques, monétaires et financières.

Des sources crédibles indiquent d’ailleurs qu’à l’avenue des Martyrs, au cœur de la capitale centrafricaine, l’on progresse à grandes enjambées vers la fin de « l’errance » de l’institution communautaire. Entre réfection d’appoint et réfection totale, des moyens efficaces ont été mis en place. Une enveloppe de 2 milliards FCFA, a été mobilisée à cet effet, précisent des médias centrafricains. À pied d’œuvre pour la rénovation de 8 villas de la cité CEMAC, la rénovation de la résidence officielle du président de la Commission et celle de Ngarakba, un conglomérat d’entreprises de la sous-région.

D’après les informations recueillies auprès du consortium adjudicataire du marché, les activités de génie civil sont écrites en réponse à un « sentiment d’urgence ». À ce jour, apprend-on, les travaux de réhabilitation du patrimoine immobilier sont exécutés à plus de 65 % dans l’ensemble. Cette exécution comprend notamment le gros œuvre qui est réalisé à 100 %, c’est-à-dire les tra-vaux des fondations, le montage des murs, les charpentes, les plafonds et les toitures. À l’heure actuelle, ne reste que le revêtement des sols et des murs pour la livraison des logements.

Relocalisation
Dans cette urgence, l’on voit bien sûr le tournant dessiné lors de la 14e Conférence des chefs d’État du 28 mars 2019 à N’Djamena (Tchad) et lors de la 14ème session du collège des Commissaires du 6 juillet 2020 à Malabo. S’étant penchées sur le dossier relatif à la relocalisation de la Commission de la Cemac en République Centrafri-caine (RCA), ces prestigieuses instances avaient instruit l’accélération du processus.

Les ministres de l’Union économique de l’Afrique centrale avaient fixé quatre critères. Ceux-ci allaient du choix du lieu de délocalisation provisoire à la mise à disposition immédiate des bâti-ments devant abriter les bureaux, les logements des membres du gouvernement de la Commission et des fonctionnaires du personnel de statut international.

Les autres critères se résument par la facilité d’accès aux autres pays de la Communauté, la libre circulation des ressortissants de la Communauté, l’accessibilité aux structures sanitaires et scolaires dans le pays d’accueil. Le tout suivi par les autorités centrafricaines. Celles-ci ont, le 3 janvier 2020 à Bangui, procédé à la remise des clés des 4 villas de haut standing à la commission de la CEMAC. La réception de ces villas rénovées sur financement du gouvernement centrafricain a été faite par le commissaire centrafricain au sein de cette institution sous-régionale, Clément Belibanga. Dans une interview diffusée en début janvier 2020 sur les ondes de la radio nationale centrafricaine, ce dernier a déclaré que « les conditions sont remplies pour permettre le retour de l’administration de la commission de la CEMAC ».

En effet, selon l’ONU, depuis le début de la période de transi-tion de 2014, l’État, soutenu par la communauté internationale, a repris une partie du contrôle de son territoire. Et, en parallèle, les négociations entre le gouvernement et quatorze groupes armés ont abouti à la signature d’un accord de paix à Bangui le 6 février 2019, qui a d’ores et déjà eu des répercussions positives sur le terrain.

L’organisation planétaire note que l’«accord a permis de réels progrès comme la réduction de la violence, le dé-but du processus de démobilisation, désarmement et ré-intégration, le redéploiement des forces de défense et de sécurité ainsi que de l’administration et l’adoption en cours des projets de loi prévus par le document paraphé à Khartoum, au Soudan, et signé à Bangui le 6 février 2019». Avec ces échos rassurants, le contenu, la perspective et la tonalité du discours du Pr Daniel Ona Ondo ne peuvent que dégager une aspiration à une reprise en main du destin de la Commission de la CEMAC… Dans son pays de siège statutaire.

Jean-René Meva’a Amougou

Les gâteaux du cerisier

Statutairement, le siège de la Cemac est implanté à Bangui. Mais l’insécurité avait occasionné sa délocalisation à Malabo en Guinée Équatoriale depuis 2013. En fin 2017, l’institution était revenue dans la capitale centrafricaine avant de retourner une nouvelle fois à Malabo.

À Yaoundé le 27 mars 2018, entre Henri-Marie Dondra (ministre centrafricain des Finances et du Budget) et le Pr Daniel Ona Ondo (président de la commission de la CEMAC), le ton monte. En pleine réunion de l’Union monétaire de l’Afrique centrale, le premier accuse ouvertement le second d’avoir trompé le Président tchadien Idriss Deby Itno sur le dossier de la délocalisation du siège de la CEMAC sur Malabo en Guinée Équatoriale. Sur la foi des critères d’évaluation propres à lui, Henri-Marie Dondra reproche au Gabonais de ne pas respecter les procédures en saisissant directement le président de la conférence des chefs d’État notamment le président tchadien sans recueillir l’avis des comités ministériels et des techniciens. Pour le Centrafricain, le président Deby aurait signé malgré lui la délocalisation momentanée du siège de la CEMAC. « Le président de la commission n’a qu’à démissionner s’il ne veut pas venir travailler à Bangui un autre gabonais peut occuper le poste », aurait ajouté le ministre centrafricain.

Piqué au vif le Pr Daniel Ona Ondo accuserait les autori-tés centrafricaines d’instrumentaliser l’opinion centrafricaine, via les médias, contre lui et qu’il se sentirait en danger à cause de ce problème de siège. « Depuis la tenue du dernier sommet extraordinaire des Chefs d’État de la CEMAC, le 22 novembre 2019 à Yaoundé, une ca-bale médiatique est savamment orchestrée et entretenue par des personnes malintentionnées à travers la presse. Le but inavoué de cette manœuvre est de ternir l’image du premier responsable de la Commission et visiblement de bloquer les actions entreprises au rang desquelles le processus de retour à Bangui », renseigne une source à la Commission.

En tout cas, le 9 mai 2018 à Douala, le feu vert a été unanimement donné pour la délocalisation du siège de l’institution à Malabo. « Au sujet du fonctionnement interne de la Commission, le Collège des commissaires s’est penché sur la situation des services à Bangui. Dans le contexte de crise qui sévit actuellement en RCA, la restauration des conditions stables pour le fonctionnement optimal des services devient urgente et indispensable pour assurer également la sécurité des personnels. À cet effet, le Collège a décidé d’accélérer le redéploiement des services de la Commission à Malabo», peut-on lire sur le communiqué final de cette rencontre. D’où la note de service signée (juste après) par le président de la Commission. Il avait d’ailleurs sommé tout le personnel du siège de Bangui à regagner le nouveau siège à Malabo en Guinée Équatoriale au plus tard le 1er juin 2018.

Jean-René Meva’a Amougou

 

Up-to-date

Fixé à un coût global de 2 034 872 049 FCFA, le marché s’exécute avec quelques difficultés de financement, imputables à des tensions de trésorerie rencontrées au ni-veau de la Commission de la CEMAC. Pour le finance-ment de l’avance de démarrage correspondant à 6 mois d’exécution des travaux, le paiement y relatif a finale-ment eu lieu de façon morcelée. Ce qui n’a pas empêché le consortium de travailler en préfinançant sur fonds propres, une partie des travaux à hauteur de 766 915 530 FCFA. À ce jour, le consortium a réalisé des travaux pour un montant global de 1 424 410 434 FCFA, représentant 70% du coût total du marché et non entiè-rement payés.

En plus des barrières structurelles qui ont pesé sur l’enveloppe de ce chantier, il est à noter que plusieurs PME adjudicataires de certaines prestations n’ont pas respecté le cahier des charges. Situation qui a conduit à recourir à des PME locales sur la place de Bangui, afin de maintenir le rythme soutenu d’exécution des travaux.

Afin de s’assurer de l’exécution des travaux comme pré-vus dans la convention liant la Commission de la CEMAC au consortium, une mission d’inspection conduite par la vice-présidente Mme Fatima Haram Acyl, s’était rendue in situ le 13 janvier 2020. Personnellement chargée du dossier du retour de la Commission de la CEMAC à Ban-gui, lors de cette visite d’inspection, elle avait pu se rendre compte de l’effectivité et de la bonne exécution des travaux. Compte tenu de la crise sanitaire du Covid-19 en zone CEMAC, nous avons déploré le ralentisse-ment des travaux de finition, dont l’ensemble du maté-riel nécessaire est déjà disponible.

Il s’agit notamment d’un ensemble de containers comportant des milliers de tonnes de carrelage, de peinture et autres accessoires. De même, du matériel avait été stocké à Bangui, sous la supervision du représentant résidant de la commission de la CEMAC. Ce qui laisse penser qu’en l’absence des restrictions imposées par les mesures de confinement et de fermeture de frontières par les États, la livraison du chantier aurait déjà été effective selon les propres termes du consortium.

Source : Commission
de la Cemac

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